Quel jour & heure est-il ? Que faites-vous habituellement à ce moment de la semaine?
« Mercredi, 17h38. Je suis chez un client ou un fabricant. C’est toujours une journée enrichissante. »
Guillaume Delvigne est designer, c’est aussi un sculpteur de formes et un conteur d’objets. Chaque jour, il défie la page blanche pour raconter de nouvelles histoires, sur le papier puis aux ateliers. Tantôt pour de grandes maisons telles que Berluti, Hermès ou Ligne Roset, tantôt pour de jeunes éditeurs comme Maison Matisse, Pradier Jeauneau, La Chance… Son trait, toujours guidé par la rigueur, donne naissance à des objets aux contours doux et organiques en harmonie avec le geste de l’artisan.
Avant de signer des collections pour des éditeurs français renommés, Guillaume Delvigne a fait du chemin : diplômé de l’École de Design Nantes Atlantique et du Politecnico di Milano, il a fait ses débuts à Milan aux côtés du légendaire George J. Sowden avant de s’installer à Paris en 2005. C’est en 2011 qu’il est révélé par les Grand Prix de la Création de la Ville de Paris et par sa première exposition personnelle à la ToolsGalerie. Aujourd’hui, ses prix et expositions se comptent par dizaines.
Sa dernière fable design ? De nouvelles pièces de mobilier imaginées pour la maison Pierre Frey, dévoilées durant Paris Design Week. Rencontre !
Quel jour & heure est-il ? Que faites-vous habituellement à ce moment de la semaine?
« Mercredi, 17h38. Je suis chez un client ou un fabricant. C’est toujours une journée enrichissante. »
Chaise Litho par Guillaume Delvigne pour Pierre Frey © Flavien Carlod
Votre humeur du jour en un mot ?
« Enthousiaste. Parce que je reviens d’une séance de travail chez un souffleur de verre. On a travaillé sur des protos d’une future série de pièces, c’est toujours très enthousiasmant. »
Dessin de la série Refuges par Guillaume Delvigne chez Pradier Jeauneau
Des nouveautés dévoilées durant Paris Design Week 2024 ?
« Parallèlement au fauteuil de table et la chaise LITHO qui viennent enrichir et compléter la ligne bestseller de la Maison Pierre Frey, j’ai dessiné pour la rentrée avec le Studio Pierre Frey, la table basse et le guéridon MILO. Déclinés en bois naturel ou peinture laquée, les plateaux subtilement incurvés captent la lumière et semblent flotter au-dessus de leurs supports centraux, telles des sculptures sur leur piédestal. »
Gueridon Milo par Guillaume Delvigne pour Pierre Frey
Le projet qui vous occupe le plus en ce moment ?
« Une ligne de mobilier outdoor en aluminium pour une marque française dont je ne peux pas encore parler. On est au début du process et c’est le genre de projet qui peut prendre beaucoup de temps. »
Vos envies créatives du moment ?
« Je touche à beaucoup de médiums, mais les matériaux comme le bois ou le métal m’incitent souvent à faire des choses extrêmement précises. Mes récentes visites dans des ateliers de verre et de céramique me donnent envie de laisser davantage transparaitre la trace de la main qui a façonné la matière. »
Session de prototypage de verre soufflé, Arcam Glass © Guillaume Delvigne
Votre madeleine de Proust ?
« J’ai réfléchi à cette question, puis la réponse m’est venue lorsque j’écoutais la radio. C’est la note du triangle qui survient lors du jeu des 1000 euros sur France Inter. Ma grand-mère écoutait souvent cette émission, ce son est resté gravé. »
Selon vous, qu’est-ce qui a façonné votre goût ?
« Je pense que ce sont les rencontres… J’ai eu la chance de croiser la route de plusieurs grands designers et artistes au début de ma carrière comme George Sowden, Nathalie Du Pasquier, Pierre Charpin, Marc Newson ou Marc Berthier. Ce sont des gens qui avaient déjà une belle histoire derrière eux. Même si ils sont tous assez différents les uns des autres, je pense que j’ai pu m’inspirer un peu de chacun en les côtoyant. »
Forme, fonction ou fantaisie ?
« Chez moi, la forme prime. »
Fauteuil et pouf Litho par Guillaume Delvigne pour Pierre Frey © Flavien Carlod
Les couleurs qui vous suivent depuis toujours ?
« Les couleurs naturelles, notamment les ocres. »
Dessin de la série Piliers par Guillaume Delvigne édité par Paper Collective
Votre colormatch du moment ?
« Kaki, Bleu Outremer, Écru. »
Vos derniers coups de cœur artistiques ?
« La rétrospective sur Brancusi au Centre Pompidou ; La série Esterno Notte de Marco Bellocchio sur Netflix qui parle des Brigades Rouges ; le dernier film de Scorsese, Killers of the Flower Moon. »
Le dernier créateur que vous avez repéré ?
« Le designer Nicolas Verschaeve et ses expérimentations de la matière. Il a participé à l’exploration du verre pour Hermès. »
Un photographe que vous admirez ?
« Saul Leiter, son travail en couleur à New York dans les années 50. Je viens justement d’acheter son livre. »
Quels sont les artistes qui vous influencent ?
« Ce ne sont pas des contemporains, mais des anciens qui façonnent encore aujourd’hui la création d’aujourd’hui : Brancusi ; Isamu Noguchi ; Donald Judd. »
Trois comptes Instagram inspirants ?
« Le photographe Paolo Abate pour ses moments de vie italiens ; l’artiste Sabine Finkenauer pour son sens de la couleur ; et le compte instagram qui utilise l’intelligence artificielle @gaudism.ai. »
Les artistes, personnalités avec qui vous aimeriez dîner ?
« Wes Anderson, Ronan Bouroullec, Bob Dylan. »
La dernière adresse qui vous a bluffé ?
« Féau Boiseries, que j’ai eu la chance de découvrir lors d’une visite privée. C’est gigantesque, je n’ai pas pu tout visiter mais les cheminées m’ont surtout impressionné, tout comme la partie sous la verrière très lumineuse. Sans parler de leurs savoir-faire assez fous. »
Le lieu culturel où vous pourriez retourner toutes les semaines ?
« La triennale à Milan. J’y ai un peu vécu quand j’étais jeune et cet endroit m’a marqué. A chaque visite milanaise c’est une sorte de rituel. »
Une scénographie de film ou de lieu qui vous a marqué ?
« Dans L’Année du dragon, réalisé par Michael Cimino et avec Mickey Rourke. C’est un film des années 1980 qui se passe à New York. Ils ont créé un loft incroyable en haut d’un immeuble de Brooklyn. Il y a une vue imprenable sur Manhattan à travers de grandes fenêtres arquées. On trouve peu d’informations sur cet appartement mais ce serait l’agence Lembo-Bohn Design Associates qui l’a imaginé, dans ce style post-moderne, typique de l’époque. »