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Iconic
Iconic – Villa E1027 d’Eileen Gray
ICONIC • Tous les mois, Goodmoods enquête sur les œuvres d’un designer iconique, l’histoire de leur création, les dessous de leur fabrication. Des objets emblématiques à chiner sur leboncoin.
Eileen Gray avait le modernisme dans la peau. Après une brève obsession pour la laque et les Arts Déco, l’Irlandaise bascule dans la modernité lorsqu’elle imagine avec son amant Jean Badovici, une maison de vacances moderniste sur la Côte d’Azur : la villa E-1027. Renonçant ainsi à ce qu’elle qualifie de « monstruosités de l’Art déco » au profit de ce qu’elle eut considéré comme de l’ascétisme excessif.
C’est autour de cette icône architecturale que va graviter le reste de son œuvre, dessinant pour son intérieur tout un recueil de mobiliers. Longtemps ignorées, les créations d’Eileen Gray seront érigées en chef-d’œuvres à la fin de sa vie, et sa villa classée aux monuments historiques en 2000. Gray-trospective.
La villa E-1027 : joyau moderniste
Attribuée pendant longtemps à tort à Le Corbusier et Jean Badovici, la villa E-1027, construite entre 1926 et 1929 par Eileen Gray à Roquebrune-Cap-Martin est incontestablement l'œuvre de sa vie. La villa possède déjà tous les attributs des maisons modernes contemporaines : lignes minimalistes, blanc immaculé, grandes baies vitrées… Durant trois ans, elle en dessina le mobilier, et avec son compagnon Jean Badovici, les plans. Eileen Gray n’occupa plus la maison à partir de 1938 après que Le Corbusier, ami du couple, se serait autorisé à peindre des fresques sur les murs blancs de la villa en son absence, appropriation qu’elle vécut comme un viol.
Une utilisation fonctionnelle des couleurs
Eileen Gray fut l’une des seules designers (avec Charlotte Perriand) à retenir le langage fonctionnel instauré par le mouvement De Stijl. Aux quatre coins de la villa E-1027, de la cuisine aux sanitaires, du mobilier aux murs de la villa, elle utilisa la technique de compartimentation et de délimitation par la couleur. Un vocabulaire qu’elle hérita de son amitié avec les membres du groupe Sybold van Ravesteyn et J. J. P. Oud rencontrés lors d’une exposition à Amsterdam.
Une obsession pour le mobilier tubulaire
Après avoir imaginé du mobilier laqué pour des collectionneurs richissimes, Eileen Gray commença à réaliser en 1925 pour sa villa, des pièces tubulaires inspirées des récentes réalisations en tube d'acier de Marcel Breuer. Elle seront d'abord laquées, puis nickelées et enfin chromées. Elle sont aujourd'hui produites en série par l’éditeur ClassiCon.
Les assises à boudins : une ode au confort
Inspirés du bonhomme Michelin, les sièges Transat (1927) et Bibendum (1929) d’Eileen Gray sont eux aussi en avance sur leur temps. Complètement dénudés à l’exception de leurs boudins rembourrés, ils incarnent l’anti-conformisme de la designer. S’ils passent d’abord inaperçus lors de leur création, ils séduiront les masses à partir des années 1960 jusqu'à aujourd’hui, célébrés pour leur confort d'un autre genre.