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Le mood de Christopher Dessus, fondateur de

Paf atelier

Avec Paf atelier, l’architecture d’intérieur prend une toute autre dimension. Fondé à Paris en 2017 par Christopher Dessus, le studio pluridisciplinaire tire les ficelles de la scène événementielle en signant des scénographies éphémères très mémorables. Des installations non moins désirables imaginées pour des marques remarquables : Hermès, YSL, Nike, Jacquemus, Eurovision France, Première Classe, Collectible…

 

Du défilé à l’exposition en passant par le show et le flagship, de l’éclairage à la signalétique sans oublier le design de mobilier, de la conception à la construction : Paf atelier met en scène des décors entiers, toujours guidés par l’expérimentation et la durabilité. Une démarche holistique que Christopher a d’abord exploré avec sa maison d’édition Pli, créée en 2015 et en pause depuis la pandémie. En septembre, il écrira un nouveau chapitre de cette parenthèse éditoriale en lançant la revue « Jtm » sur le thème de l’émotion, à l’occasion de la Paris Design Week.

 

Entre deux projets, notamment une installation portuaire pour l’Orient Express et l’aménagement de la maison Paf, Christopher parle de son lien spécial avec l’éphémérité, lui qui a vu ses parents horticulteurs cultiver toutes sortes d’espèces. Il raconte son parcours, de l’édition à l’installation, et revient sur ses souvenirs entre le sud et le Québec, son amour pour les fleurs et le beurre de cacahuète.

Quel jour & heure est-il ? Que fais-tu habituellement à ce moment de la semaine ?

 

« Mardi, 11h. J’ai deux plages horaires dans la semaine qui sont vraiment des moments de création. J’échange avec mon équipe. On partage des esquisses de projets, des références, ou on dessine ensemble. C’est vraiment un moment participatif. »

© Paf Atelier

Ton humeur du jour en un mot ?

 

« Optimiste ! »

LGN x Jeone SS22 par Paf atelier, Palais de Tokyo, Paris © 11h45

Tes envies créatives du moment ?

 

« J’adore le paradoxe, ou en tout cas, la différence entre mon rapport à l’intellectuel et au populaire. J’aime autant feuilleter des livres pointus de design et d’architecture, que regarder des films un peu mièvres, loin de ce que je fais. J’ai envie de continuer à aller dans cette direction. Plus concrètement, j’aimerais bien dessiner la scénographie d’un concert d’une artiste pop ou pour Coachella. Tout comme j’aimerais m’amuser à imaginer une cuillère. Ça ne me dérange pas de faire ces grands écarts. »

© Paf atelier

Scénographie par Paf atelier pour Expressive Itinerance Design © Luc Bertrand

Scénographie Offrir des fleurs par Paf atelier © 11h45

Quel a été ton parcours avant Paf atelier ?

 

« Je suis issu d’un milieu plutôt modeste. Mes parents sont horticulteurs dans le sud de la France, ils cultivent des fleurs de père en fils. Je n’étais pas voué au domaine artistique, mais en travaillant beaucoup, j’ai fini par intégrer l’école d’architecture de Versailles à 18 ans. J’ai habité à Montréal pour un master, puis je suis revenu le terminer à Versailles. C’est d’ailleurs suite à mon échange d’un an et demi au Québec que je me suis autorisé à créer et composer, tellement inspiré par la liberté de pensée de ce jeune pays en construction où tout semble possible.

 

J’ai un parcours un peu atypique parce qu’après ma formation en architecture, j’ai monté ma maison d’édition en 2015, Pli. Nous avons publié une revue principale chaque année jusqu’en 2020. Puis j’ai travaillé à Villa Noailles pendant un an et demi, comme producteur d’exposition. »

« En mutualisant ces trois aspects de la création — architecture, production événementielle et muséale & approche éditoriale en tant que commissaire et curateur — j’ai pu créer un studio hybride sous le nom de Paf atelier. »

D’où est née cette envie de fonder une maison d’édition ?

 

« Pli est vraiment née d’une volonté de recherche. En sortant de l’école, on ne sait jamais vraiment où on va. Et pour moi, c’est devenu une sorte de fil rouge. Éditer, c’était, au-delà de l’acte de bâtir, une façon de donner du sens à notre métier. Et surtout, de rencontrer des gens, de croiser les regards, les domaines. D’essayer de comprendre qui j’étais au fond. Cette année, on est en train de la relancer, toujours sous le nom de Pli, avec la revue « Jtm » axée autour de l’approche émotionnelle. »

© Pli Éditions

Ta madeleine de Proust ?

 

« Je mange beaucoup de beurre de cacahuète depuis mon échange au Québec. Et évidemment, ayant grandi dans le Sud, je suis hypersensible aux odeurs de lavande, d’olivier, de figuier, ou encore des œillets que cultivait mon grand-père. »

Pourquoi « Paf atelier » ?

 

« C’est une onomatopée de l’ordre du commun qui décrit une action. Je suis assez obsessionnel dans mon travail. J’essaie toujours de trouver un lien entre les choses. Et ne pas faire les choses de manière dissociée, aléatoire. D’ailleurs, beaucoup de mes projets sont en trois lettres : « Paf », « Pli », « Jtm »… »

Qu’est-ce qui anime et relie Paf et Pli ?

 

« Paf et Pli sont animés par une volonté d’autosuffisance et d’interdisciplinarité. Ils sont très complémentaires. Il y a cette idée du passif-actif. Le premier va se soumettre aux briefs exigeants de clients très prestigieux comme Yves Saint Laurent, Gucci, Hermès, Orient Express… Et Pli va devenir beaucoup plus actif dans la production des projets. Mais avec les deux, on compose avec et pour les humains, on peut échanger, collaborer, et tout allier. »

Scénographie d’exposition, Orient Express par Paf atelier © Ligia Popławska

Le projet qui vous occupe le plus en ce moment ?

 

« En ce moment, on prolonge notre collaboration avec l’Orient Express qui dure depuis deux ans. On a été missionnés plusieurs fois de créer leur environnement scénographique, notamment un hôtel particulier pour une exposition éphémère, et là on travaille pour un projet sur le port de Barcelone. »

Scénographie d’exposition, Orient Express par Paf atelier © Ligia Popławska

« Ce qui occupe surtout notre temps c’est la Paris Design Week de septembre. On trouve qu’il y a un grand enjeu et on a envie de s’y investir. On en profite pour sortir notre revue au Pavillon de l’Arsenal le 12 septembre et pour présenter une exposition de quatre jours autour des émotions. »

Collectible Fair 2023 par Paf atelier, Vanderborght Building © Ligia Popławska

Un matériau que vous aimez utiliser ?

 

« Le gonflable fait partie des grandes recherches de l’atelier. Avec un peu d’air injecté, on peut passer de la 2D à la 3D. C’est un matériau avec de super capacités techniques. Il est à la fois super léger et transportable, donc génial en terme d’aménagement. »

Prototypes et expérimentations par Paf atelier x Zyva Studio © Charles Duc, Christopher Barraja

Pop-up Quartz par Paf atelier, 2022, Marais, Paris © Benoit Florençon

Prototypes et expérimentations par Paf atelier x Zyva Studio © Charles Duc, Christopher Barraja

Prototypes et expérimentations par Paf atelier x Zyva Studio © Charles Duc, Christopher Barraja

Prototypes et expérimentations par Paf atelier x Zyva Studio © Charles Duc, Christopher Barraja

Pop-up Quartz par Paf atelier, 2022, Marais, Paris © Benoit Florençon

« À l’occasion de la Paris Fashion Week, on a imaginé dans le Marais un pop-up pour Quartz, une marque de doudounes québécoise. La façade était recouverte de gonflable auto-ventilé qu’ils ont pu ramener dans une valise au Québec. »

« Depuis trois ans, on ne jette rien. Tout est stocké ou donné à des écoles. On travaille avec des matériaux qui sont 100 % recyclables. L’atelier a été formé en fait en interne sur le réemploi, sur le recyclage, et la réutilisation. »

Selon toi, qu’est-ce qui a influencé et façonné ton goût ?

 

« Mes parents et le Sud. Ma mère m’a fait découvrir la pop-musique. Mon père les fleurs. Et puis ma curiosité pour le design. J’ai appris le design de manière autodidacte à travers les gens, les connaissances, et aussi l’édition. Le fait de venir de la terre m’a forcé à m’émanciper sans demi-mesure. Quand je me suis mis à être curieux du design, de l’architecture, des arts, etc, j’ai été pris d’une énergie folle, j’ai suivi mon intuition pour créer des choses nouvelles, qui m’animent profondément. »

« Les fleures », Jacquemus par Paf atelier © Luc Bertrand

Forme, fonction ou fantaisie ?

 

« Pour moi, c’est les trois en même temps. Tout est lié dans l’expression d’un projet. À la fois, la forme, qui est essentielle, même si on reste sur des lignes élémentaires pour ne pas rentrer dans le pastiche et l’anecdotique. La fonction est prépondérante aussi parce que je suis architecte et designer. Et la fantaisie, elle est pour moi indispensable parce qu’elle permet de trouver une identité, et se positionner aussi par rapport au monde dans lequel on est. Les trois sont fondamentales dans mon travail. »

Prototypes et expérimentations par Paf atelier x Zyva Studio © Charles Duc, Christopher Barraja

Scénographie d’exposition futur, Orient Express par Paf atelier

Les couleurs qui te suivent depuis toujours ?

 

« Orange, vert et violet. Je n’ai aucun problème à injecter de la couleur parce que ça nous rend un peu plus vivants. La couleur permet de créer, d’identifier un sujet ou une marque. »

Collectible Fair 2022 par Paf atelier, Vanderborght Building © Luc Bertrand

Un projet d’aménagement intérieur bientôt ?

 

« On est en train de créer la maison de Paf atelier. C’est mon premier gros projet d’aménagement intérieur, une maison de 120 mètres carrés. L’idée, c’est d’y aller à fond. Ça va être très symptomatique de ma manière de travailler car on l’imagine à trois mains avec un artisan et un designer. »

Le colormatch de ce projet ?

 

« La maison sera rayée, orange, argent, avec des notes de bois. »

Pop-up Store Nike x SNS, lancement Nike Dunk Lemon par Paf atelier © Valentin Fougeray

Pop-up Store Nike x SNS, lancement Nike Dunk Lemon par Paf atelier © Valentin Fougeray

Tes trois derniers coups de cœur artistiques ?

 

« Le défilé Issey Miyake Printemps-été 2020, pour ses mouvements et gestes humains en plein show. »

« Yannick » par Quentin Dupieux, 2023

Défilé Issey Miyake, SS20

Musée Dia:Beacon, exposition permanente, New York

« Yannick » par Quentin Dupieux, 2023

Musée Dia:Beacon, exposition permanente, New York

Défilé Issey Miyake, SS20

« L’exposition permanente du musée Dia:Beacon à New York, qui présente un design américain hyper minimaliste ; le film Yannick de Quentin Dupieux qui parle du mal d’amour et de la maladie de notre époque… »

Le dernier créateur que tu as repéré ?

 

« Jonathan Cohen. »

© Jonathan Cohen

Quels sont les artistes et décorateurs qui t’influencent  ? 

 

« Studio GGSV; Atelier Senzu ; Didier Faustino; Zyva Studio. »

© Didier Faustino

© Zyva Studio

© Atelier Senzu

Trois comptes Instagram inspirants ?

Les personnalités que tu inviterais à dîner ?

 

« Céline Dion, en clin d’œil au titre de notre prochaine revue. Mon grand-père parce qu’il y a plein de choses qu’on ne s’est pas dites. Et Christine and the Queens pour la remercier de parler comme elle le fait de détresse émotionnelle. »

Celine Dion

La dernière adresse parisienne qui t’a bluffé ?

 

« Le Restaurant Bouche à Paris, créé par des gens formidables. En juin ils ouvrent une nouvelle adresse streetfood qui s’appellera la pizzeria Rori. »

Restaurant Bouche Paris par Atelier Leymarie Gourdon © BCDF

Bourse de commerce

Dia:Beacon

Les musées où tu pourrais retourner toutes les semaines ?

 

« Le Dia:Beacon et Bourse de commerce. »

L’architecte qui construirait la maison de tes rêves ?

 

« Je n’ai pas de fascination particulière pour les architectes. La maison Paf a été imaginée par des agriculteurs en 1910 avec des fleurs en façade, et elle est magique.

 

Mais si je dois absolument en citer un : l’Allemand Hans Walter Muller, pour rester dans le thème du gonflable. C’est un des premiers à avoir exploré cette esthétique. »

© Hans Walter Muller

Une scénographie de film ou de lieu qui t’a marqué ?

 

« Le Bonheur d’Agnès Varda (1965) pour toute l’iconographie autour du bouquet de fleurs. »

« Le Bonheur » par Agnès Varda, 1965

La musique que tu écoutes en boucle en ce moment ?

 

« Rentrer chez moi de Christine and the Queens. »

Rentrer chez moi

Christine and the Queens
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