Un mot pour décrire votre installation ?
Designers
il y a 3 mois
Les réalisations de Marion Mailaender exhalent des effluves d’iode et de sable chaud. Leurs noms annoncent souvent l’odeur la couleur. Au Tuba Club, priorité donnée aux masques et tubas pour explorer les fonds marins des Goudes. Chez Citrons et Huîtres à Paris, place aux plateaux de fruits de mer. Pas de chichis non plus pour cette « Résidence vue mer » où l’on se laisse guider, comme son nom l’indique, à travers les pièces d’un appartement méditerranéen. Présidente du jury de la Design Parade Toulon 2024, édition dont GOODMOODS est partenaire, l’architecte et designer marseillaise plonge le rez-de-chaussée de l’ancien évêché de Toulon au cœur de l’atmosphère conviviale d’une habitation balnéaire en bord de mer. Elle puise dans ses souvenirs d’enfance, entre flânages dans la Cité radieuse du Corbusier et badinages dans les halls d’immeubles de ses amies, et invite les visiteurs à pénétrer dans l’intimité de cet écrin minimaliste. L’installation évoque une certaine idée de l’architecture moderniste, celle d’une vie rythmée par la verticalité et bercée par la collectivité. Très mystérieuse sur les détails de cette invitation, Marion Mailaender livre les inspirations de cette carte blanche imaginée pour la villa Noailles, à découvrir dès aujourd’hui et tout l’été.
« Résidence vue mer »
Ancien évêché de Toulon, 69 cours Lafayette
Du 27 juin au 3 novembre 2024
Votre mood du jour en trois mots ?
« Fière, stressée, mais heureuse. »
Un mot pour décrire votre installation ?
Quelle est la genèse de la scénographie ?
« J’ai voulu incarner l’idée d’une habitation en résidence dans une ville située au bord de la Méditerranée, minimaliste, avec une mise en perspective de l’architecture. L’installation met en exergue la façon dont l’architecte peut s’appuyer sur l’existant pour créer des formes nouvelles et transformer. J’ai aussi souhaité montrer les défauts de la résidence, représenter l’inachevé, l’imperfection. On peut dire que c’est un appartement in progress. »
La palette de couleurs qui suit l’installation ?
« Des nuances de blancs, du rose, du vert, du bleu, du doré, mais pas de dominante. »
Comment sont pensés les espaces ?
« On visite l’installation comme l’on pénètre dans un appartement : on traverse le hall, on passe devant les boîtes aux lettres et les sonnettes de l’immeuble. Puis on entre dans le séjour, avec de chaque côté de l’appartement, une cuisine, une salle de bain et une chambre. Jusqu’ici rien de plus normal, sauf que j’ai ponctué la visite de quelques surprises. »
Comment votre enfance à Marseille influence-t-elle votre travail ?
« J’ai grandi dans une ville portuaire, à la fois industrielle mais entourée d’une nature très minérale. Je pense que c’est la raison pour laquelle il y a une dualité dans mon travail. Il peut être à la fois très sec, radical et minimaliste. Mais il y a toujours une couche de joie de vivre, de fun assez intense. Je pense que c’est ce que l’on retrouve dans les villes cotieres méditerranéennes comme Athènes, Naples et Marseille… Ce sont des villes un peu cassées, mais très solaires. »
Quels sont les matériaux qui habillent l’espace ?
« Je fais beaucoup de récupération. Pour cette installation, je n’ai pas dérogé à la règle et j’ai dessiné avec des maisons françaises des pièces avec des matériaux upcyclées. Par exemple avec Lesage Intérieurs, on a créé un dessus de lit brodé à la provençale comme un patchwork à partir de vieux draps. Avec Delisle, on a réalisé un lustre avec des verres de lunettes de soleil recyclés, et Pouenat, un paravent mais je n’en dis pas plus, il faudra venir les découvrir sur place. J’ai également réalisé une cuisine à partir de chutes de marbre.
Une musique ou bande-son qui incarne le projet ?
« My Face de Biga Ranx. »
Des envies créatives pour les prochaines années ?
« Faire plus de choses à l’étranger. Beaucoup de mes réalisations sont à Paris et Marseille, mais ma collaboration à Tanger avec l’artiste Yto Barrada (The mothership) autour de la peinture naturelle m’a donné envie d’aller voir aussi ailleurs. »