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Le mood de

Jean-Pierre Blanc

Si Hyères est une capitale de la mode française, et Toulon, une scène majeure de l’architecture d’intérieur, c’est grâce à un homme : Jean-Pierre Blanc. En 1986, alors qu’il n’a que 21 ans, ce fils de restaurateurs passionné de mode et de photographie crée le festival international que l’on connaît à Hyères. Trois ans plus tard, il devient le Directeur de la villa Noailles, architecture commandée en 1923 par Charles et Marie-Laure de Noailles aujourd’hui transformée en centre d’art. Depuis, le Hyérois y poursuit l’ambition du couple de mécènes : faire rayonner la création émergente. En 2006 et 2016, il étend cette mission aux arts décoratifs en créant la Design Parade, festival qui célèbre chaque année la nouvelle garde d’architectes, de décorateurs et de designers, à Hyères et à Toulon. Alors que la villa Noailles fête son Centenaire cette année, Jean-Pierre Blanc dévoile les particularités de ce nouveau volet et se confie sur ses premiers amours, ses projets à venir… Rencontre.

La villa Noailles

Jeune, qu’est-ce qui a façonné votre goût ?

 

« Je n’ai pas appris le beau, je l’ai découvert à plusieurs reprises. Ma première sensation de beau a été à l’école primaire, j’ai gardé un souvenir idéalisé d’une propriété du Conservatoire du littoral. Il y a également la chambre de ma grand-mère à Solliès-Toucas que je visualise toujours très précisément, avec des lampes de Vallauris rouges, des vases en bois sculptés aux incrustations de détails dorés… Puis il y a eu deux voyages importants au collège à Rome et en Grèce qui m’ont “traumatisé” de beauté.

 

Mon goût du beau a aussi été façonné par ma vie chez mes parents. Ma mère avait un grand sens des détails. Je me rappelle de son restaurant qui était vraiment très beau avec des sets de table brodés à la main, des fleurs sur toutes les tables. Il y avait une beauté et une précision très fortes qui m’ont nourri. Bien sûr, il y a aussi ma rencontre avec la ville d’Hyères pour laquelle je travaille depuis longtemps, et celle avec Charles et Marie-Laure de Noailles. L’architecture 19ème m’a beaucoup séduit dès le Lycée. »

Où trouvez-vous le beau aujourd’hui ?

 

« Je suis très contemplatif, je peux découvrir des choses sur la route, quand je me réveille le matin. Je suis très sensible à la photographie. Je profite également des voyages que je fais pour mes cours. Genève et son lac en particulier sont très inspirants pour moi. Je passe beaucoup de vacances sur l’Île du Levant au sud d’Hyères. Un endroit retiré du monde, où on ne rencontre jamais aucune voiture, où il n’y a aucun bruit ni de publicité, ni éclairage public. Un morceau du monde à part. D’autant plus que cette ville est entièrement naturiste depuis presque 100 ans. »

Maison de Jean-Pierre blanc sur l’Île du Levant © Frederik Frede

Maison de Jean-Pierre blanc sur l’Île du Levant © Frederik Frede

En quoi cette édition du Centenaire de la Villa Noailles est particulière ?

 

« La programmation du festival Design Parade est sérieusement intensifiée. On a imaginé ce festival comme des cadeaux pour ses 100 ans.

 

En parallèle des concours à Hyères et Toulon, il y a deux expositions de Ronan Bouroullec dans les deux villes respectives. Il y a aussi la grande exposition de Pierre Yovanovitch qui reconstitue dans l’ancien évêché l’appartement de Charles et Marie-Laure de Noailles.

 

On pourra découvrir le dernier projet de Karl Lagerfeld avec Aline Asmar d’Amman, présidente du jury qui présentera pour la première fois son mobilier en marbre effectué avec la Carpenters Gallery. Mais également la reprise d’une pièce de Nicolas Nabokov le 31 juillet que Charles et Marie-Laure de Noailles avaient commandé en 1932. Le grand Opéra “Ressusciter la Rose” créé spécialement autour de la Villa Noailles, qui ponctuera le Centenaire. »

Boutique de la villa Noailles par Pierre Yovanovitch © Jérôme Galland

Trois adjectifs pour définir la Villa Noailles ?

« Généreuse, Moderne

Solaire. »

© Jérôme Galland

Boutique de la villa Noailles par Pierre Yovanovitch © Jérôme Galland

Y a t-il un nouvel engouement pour la Design Parade dernièrement ? 

 

« L’architecture d’intérieur a beaucoup apporté à la Villa Noailles et à la Design Parade. Le festival de Toulon présente sa 7ème édition cet été. On reçoit chaque année 160 000 visiteurs sur trois lieux. En 7 ans, on a fait presque plus qu’en 40 ans de festival de mode. C’est assez spectaculaire et agréable à vivre. Et je pense que cela vient de la passion des français et des Européens pour les arts décoratifs. Ça vient aussi des personnalités généreuses que l’on a invitées depuis le début du festival tels qu’India Mahdavi, Vincent Darré et studio KO… et de tous les présidents du Jury qui se sont très investis comme Pierre Yovanovitch. Nous avons également des prix prestigieux décernés par des grandes maisons comme Van Cleef & Arpels, le Mobilier national, CHANEL, Tectona… »

L’Oursinade – Prix du public de la ville de Toulon 2022 – de Marthe Simon & Paul Peller  © Grégoire Couvert

Votre vision de la nouvelle garde de créatifs ?

 

« Je pense qu’il y a aujourd’hui surtout de très bonnes formations en France. On accueille les jeunes à la sortie des écoles et on se rend compte qu’ils sont tous très talentueux. Les architectes et designers d’aujourd’hui sont plus décomplexés, ils aiment se poser des questions sur différents secteurs et se considèrent comme des artistes. Ils s’intéressent aussi beaucoup à l’artisanat et aux savoir-faire de la région Sud notamment la poterie Ravel fabriquée à Aubagne, la verrerie de Biot, de Salernes, ou encore le liège du Var qui sera mis à l’honneur par Noé Duchaufour-Lawrance. »

Un conseil à leur donner pour se démarquer ?

 

« Il est difficile de donner des conseils à des personnes talentueuses, mais le travail, la passion et la curiosité ne peuvent que servir dans le domaine créatif que ce soit en mode, en design ou en architecture d’intérieur. »

Sunrise de Lauranne-Elise Schmitt, Toulon 2022  © Luc Bertrand

Sardine Sardine de Madeleine Oltra & Angelo de Taisne, Toulon 2022

Les magazines qui vous nourrissent ?

 

« TÊTU pour différentes raisons que vous pouvez imaginer. Mes références sont éclectiques, j’aime tous les magazines français. Je regarde avec attention les 10 premières pages, on y trouve toujours plein d’informations utiles. »

Les livres à lire et relire cet été ?

 

 

« Je suis le carnet de Dora Maar que l’autrice, Brigitte Benkemoun, m’a très gentiment offert et que je m’apprête à lire pendant les vacances. Je conseille aussi bien sûr tous les livres sur la Villa Noailles. À la rentrée nous allons rééditer des poésies et des romans de Marie-Laure de Noailles. »

Votre adresse coup de cœur à Hyères ?

 

« À Hyères il y a l’ouverture prochaine d’un hôtel waou : Lilou par Kim Haddou & Florent Dufourcq. Un hôtel 4 étoiles en centre-ville qui ouvrira à la rentrée, en septembre. »

Votre adresse coup de cœur à Toulon ?

 

« À Toulon, deux jeunes designers viennent d’ouvrir des restaurants côte-à-côte : Chez Gigi, un pizzeria délicieuse, et Chez Frankie, une sandwicherie artisanale. Ils sont situés juste en face d’une petite brocante incroyable, tout près des Halles de Toulon et d’un bar qui s’appelle Chez Roger. »

La maison 3 Suisses dessinée par Philippe STARCK

L’architecte qui construirait la maison de vos rêves ?

 

« Philippe Stark. »

L’architecte d’intérieur qui l’aménagerait ?

 

« Marion Mailaender. »

Une œuvre dont vous rêvez ?

 

« Une photographie de Claire Chevrier qui s’appelle Bumker, 1997. Elle me fait penser à mon village d’enfance, les marais et la route qui m’ont tant fait rêver pour aller à l’école aux Salins d’Hyères à vélo… Tout cela depuis les tristes blockhaus de la seconde guerre mondiale ou je jouais enfant avec mon papy Joseph, et où j’ai failli faire un des plus beaux projets de ma vie professionnelle. »

Photographie de Claire Chevrier « Bumker, 1997 »

La personnalité avec laquelle vous rêvez de dîner ?

 

« Marie-Laure de Noailles. »

Un coup de cœur artistique récent ? 

 

« Victor Siret, un jeune artiste installé à Marseille qui réalise toutes ses œuvres sur canva. »

Une maison qui vous fascine ? 

 

« Je rêve de découvrir la maison de Niki de Saint-Phalle. Elle est cachée dans le massif des Maures sur la route qui mène de La Garde-Freinet au Plan-de-la-Tour (Var). »

Une ville avec laquelle vous aimeriez collaborer ?

 

« Saint Tropez. C’est un village tellement mythique dans laquelle on ne fait pas assez de choses. »

La chanson à écouter tout l’été ?

 

« Il y a toujours une chanson que je passe en boucle lors des festivals. En ce moment, j’écoute le titre Follow Me d’Amanda Lear qui a servi à la pub Coco Mademoiselle de Chanel en mars. »

Des projets pour les prochaines années ?

 

« Un projet personnel, celui de ma maison que je viens d’acquérir et que je refais. Sinon je travaille actuellement sur une grande exposition sur le naturisme en Europe qui sera présentée au MUCEM le 1er juillet 2024. Nous sommes cinq commissaires. C’est ma première collaboration avec un musée national. En 2025, nous fêterons les 40 ans du Festival Hyères. Puis je partirai à la retraite ! »

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