précédente Pop-Corn
suivante
Fairs
Les projets finalistes de Design Parade Toulon 2024
Une salle de lecture sens dessus dessous après le passage du mistral, un palazzo méditerranéen qui rend hommage aux migrants et à leur patrimoine, une grotte et un cabinet de curiosité qui collectionnent les mémoires archéologiques du sud, un train couchette vers la Méditerranée pensé comme un chez-soi… Les récits sont toujours plus forts à Design Parade Toulon, festival dont GOODMOODS est partenaire pour la seconde fois.
Fin juin, l’Ancien Évêché de Toulon a été métamorphosé par la nouvelle garde créatifs à l’occasion de la 8e édition du rendez-vous d’architecture d’intérieur fondé par Jean-Pierre Blanc. En huit ans, Toulon est devenu le nouveau tremplin des architectes, scénographes et designers. Départagés par Marion Mailaender, Présidente du Jury, les lauréats sont récompensés par des maisons et institutions de prestige : le Mobilier national, la Fondation Carmignac, Van & Cleef & Arpels, le19M et CHANEL. Voici les projets des 10 finalistes du concours Design Parade Toulon 2024 et leurs prix.
Ancien évêché, 69 cours Lafayette
Du 29 juin au 3 novembre
« Placo studiolo », Willie Morlon
Sans matériaux précieux, sans marbre ni or, seulement du placo du sol au plafond, du polystyrène d’isolation et des sangles de chantier, Willie Morlon, lauréat du Grand Prix du jury Van & Cleef & Arpels, réinvente le palais méditerranéen avec son installation « Placo studiolo ». Ce palais rêvé aux nuances poudrées explore l'architecture simulée et le trompe-l'œil. Il semble appartenir à un artisan du bâtiment, admirateur enthousiaste du Palais idéal du facteur Cheval, et construit à l'aide de matériaux bon marché achetés au magasin de bricolage d’à côté. Le décor propose deux lectures : l’une, purement décorative, invite à contempler la minutie du travail et à s’émerveiller devant les détails. L’autre, critique, vise à mettre en avant la relation entre un matériau et son emploi.
« Mistralou », Romain Joly & Lisa Bravi
Dans l’intimité d’une villa provençale, le mistral vient bouleverser le calme de cette salle de lecture. Dans cette pièce à l'atmosphère délicate, le mobilier, façonné à partir de boutons enfilés, semble figé, suspendu dans le temps. Bienvenue dans l'installation « Mistralou » de Romain Joly et Lisa Bravi, lauréats du Prix Visual Merchandising décerné par CHANEL. Le vent, fugace et espiègle de la région, s’immisce à travers les fenêtres entrebâillées de la salle de lecture et fait tout voltiger sur son passage, devenant alors le maître des lieux.
« À la fraîcheur de la situation », Anaïs Fernon
Lauréate du Prix du Mobilier National et de la dotation de la Fondation Carmignac, Anaïs Fernon plonge avec « À la fraîcheur de la situation », cette pièce du deuxième étage de l’ancien Évêché, frappée par le soleil, dans une oasis de fraîcheur. Malgré son orientation plein Est, la salle se refroidit naturellement grâce à un rideau de perles provençal en deux couches : une moustiquaire avec des pampilles d’aluminium miroir pour refléter les rayons du soleil et un rideau de cordons de lin réalisés grâce au soutien de l’Alliance du Lin et du Chanvre Européens, ainsi que des barrettes de terre cuite chaulées humidifiés par goutte-à-goutte. L’air traversant se rafraîchit en douce brise au contact de l’eau et du sol en faïence émaillée.
« Palazzo est un conte », Sébastien Gafari & Sara Guédès
Sébastien Gafari, enfant d'immigrés libanais ayant quitté Beyrouth pour fuir la guerre civile, et Sara Guédès issue d'une famille éparpillée et décousue, imaginent avec « Palazzo est un conte », le salon éphémère de deux amis déracinés ayant retrouvé leur ancrage dans ce palais en pierre abandonné. En témoigne le sable qui a réinvesti chaque recoin de ce vestige oublié situé tout près de la mer. Tout juste ré-enchanté par ces deux nouveaux habitants, de passage le temps d'une journée, le décor raconte entre les lignes de ce conte, l'histoire de centaines de milliers de migrants arrachés à leurs pays et à leur patrimoine.
« Piano Sano Lontano », Alice Roux & Mattia Listowski
Réminiscence joyeuse de leurs voyages en train couchette vers la Méditerranée, Alice Roux et Mattia Listowski invitent les visiteurs de l'ancien Évêché à bord du train « Piano Sano Lontano », une embarcation aux airs de chez-soi, et de voilier tout à la fois. Les codes du théâtre et de la navigation nourrissent un nouvel imaginaire du train. L’habitacle évoque l’odyssée d’un navire via un rideau en velours qui ressemble à une voile géante et les voilages se lèvent sur des panoramas méditerranéens. Quand le wagon-restaurant qui se transforme en salle à manger, la couchette rappelle la cabane rêvée d’un enfant, et la petite salle de bain immerge dans le décor d'une villa en bord de mer.
« On Air », Clément Rouvier
Prix du public de la ville de Toulon, Clément Rouvier dévoile avec « On Air », un paradis musical inspiré des légendes du passage mythique des Rolling Stones à la villa Nellcote à Villefranche, là où ils ont donné vie à leur album Exile On Main Street. Ce sanctuaire-studio de musique donne le la aux aspérités méditerranéennes et révèle des instruments nés des matières premières du littoral et d’objets glanés. Un sonorium pensé comme un grand coffre totem, laisse entrer le chant des cigales et sert de base rythmique, un lithophone en bambou, des guitares fossilisées, des cymbales, viennent compléter cette partition visuelle.
« Le Banquet Solaire », Juliette Simeone & Amélie Dandoy
Alors que la chaleur continue de s'intensifier et l'eau de monter, Juliette Simeone et Amélie Dandoy imaginent un « Banquet Solaire » en bord de mer inspiré des expérimentations solaires des années 1970 de Félix Trombe. Sur ce tableau, tout a été brûlé par le soleil incarné par des voilages aux nuances rougeâtres. La Méditerranée s'est transformée en une mer d’argent, de flammes et de cendres. Les rayons du soleil ont brillé trop fort et brûlé le déjeuner, comme carbonisé, même les couverts et les verres ont fondu.
« Operosa Antra », Clémentine Debaere
Cette installation intitulée « Operosa Antra » par Clémentine Debaere explore le refuge avec une dimension mémorielle du territoire méditerranéen. Cette caverne minérale aux nuances safranées filtre la lumière du jour pour en révéler les contours de manière progressive. Des bouts de roche réalisés in situ sur le littoral méditerranéen sont exposés, collectionnés même, comme des empreintes. Des objets inconnus suggérant des rituels perdus sont posés à même le sol. Cette grotte fantasmée semble venir d'un autre temps, voire d'un autre monde.
« La Palestra Minima », Anthony Laffargue
« La Palestra Minima » est le récit fantasmé d'Anthony Laffargue. Il s’inspire de sa propre pratique introspective et structurante du sport et de la musculation pour imaginer l'antre d’un culturiste sur une île méditerranéenne. Les matériaux minéraux, pierres et enduits, semblent avoir été puisés dans le paysage de calanques calcaires puis assemblés de façon rudimentaire par ce gymnaste à la recherche de la musculature parfaite. Le décor gagne en sophistication via des poids et une barre en laiton nickelé mais aussi à travers des bijoux de corps qui semblent attester de la présence d'un gymnaste aux lignes et à la beauté grecques.
« Par les blés », Martin Lichtig
Avec « Par les blés », Martin Lichtig scénographie l'architecture d'intérieur. L'installation représente une petite salle d'exposition dont les murs sont saturés d'œuvres. Pour y remédier, il pense l'espace à la façon d'un chiffonnier grâce à des panneaux escamotables en renforts. Sont ainsi exposées, les collectes patientes mais débordantes d'un collectionneur un peu archéologue assemblant les preuves comme les pièces d’un puzzle. Les pans de bois articulés font à la fois office de paravent, de coupe-vent, de pare-sons, de cimaise en accordéon, de malle de rangement ou encore d’abat-jour, d’interrupteur et de variateur de lumière. On découvre alors le sud, non idéalisé, à travers les productions d’artistes comme Violaine Barrois, Arnaud Bottini, Amandine Capion et Chloé Chéronnet, partis arpenter ses ruines et ses chantiers.