Mylos Cargèse

Perché sur les hauteurs de Cargèse, petit village d’origine grecque suspendu à la côte ouest de la Corse, Mylos est un ovni d’architecture néo-vernaculaire tout juste sorti de terre. L’hôtel puise son nom et son âme dans l’histoire de ce bourg façonné par l’exil de 600 Grecs au XVIIᵉ siècle fuyant le joug ottoman, dominé par les ruines d’un ancien moulin (mylos signifie « moulin » en grec). Depuis, ce double héritage, corse et hellénique, imprègne chaque pierre du village.

Une dualité qui irrigue forcément Mylos. Nom et influences grecques, projet et cabinet d’architecture corses : Orma Architettura a façonné un bâtiment intégré au site, empruntant les teintes de la terre locale et se métamorphosant au gré des lumières du crépuscule. Dans une démarche responsable et éducative, Orma Architettura a imaginé deux bétons à faible impact environnemental réalisés à partir de déblais. Les volumes en restanque égrènent un béton « sec » à la teinte naturelle, animé de strates superposées. Les autres façades arborent un béton mêlé de tuiles concassées, dont la texture granuleuse, piquée de rouge, capte les rayons du soleil couchant.

À l’intérieur, Dorothée Meilichzon signe une lettre d’amour à l’île, où elle a passé de nombreux étés. La légende veut que, non loin de là, dissimulée sur une plage, se trouve une maison-sculpture conçue par Jacques Couëlle, maître des formes organiques et créateur de l’hôtel Cala di Volpe, où elle aurait souvent séjourné. Cette mémoire infuse la décoration du restaurant Teos (déjà un incontournable cargésois) qui redessine avec modernité les formes manifestes de l’architecte.

Dans les chambres, on retrouve l’univers solaire et éclectique de la designer, tandis que le patio s’ouvre sur des arches d’inspiration mauresque, une fontaine, des poteries et une palette terracotta. Partout, la décoration dialogue avec l’horizon. Depuis les terrasses, le regard embrasse le village, ses deux paroisses (latine et grecque) se faisant face, et, plus loin, l’infini de la Méditerranée. Benvenuti à Cargèse.

© Julie Ansiau