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Le mood de

Patricia Urquiola

Elle a assisté Achille Castiglioni et Eugenio Bettinelli. Elle a travaillé avec Vico Magistretti chez DePadova et Piero Lissoni. Mais depuis, elle a su trouver son langage à elle. Un lexique particulier, joyeux et travaillé qui mêle architecture d’intérieur et design.

 

L’Espagnole née à Oviedo en 1961 a fait du chemin : de Paris à Milan, où elle a ouvert son studio, il y a plus de vingt ans. Là-bas, elle donne chaque année le ton à la Milan Design Week en présentant installations et créations. Au printemps, elle signait notamment une scénographie dans un caveau pour Cassina (dont elle est directrice artistique) et dévoilait le prolongement de la ligne de mobilier Dalya chez Coedition. Cet été, elle a repensé le nouvel hôtel Six Senses à Rome, qui ouvre tout juste ses portes. Rencontre.

Six Senses Rome – Intérieur Patricia Urquiola

Qu’est-ce qui a influencé et façonné votre goût ?

 

« Je suis née dans une famille espagnole, dans une période de changement de 68. On voyagait beaucoup en France, à Londres. On passait la frontière et on allait à Bayonne, Biarritz. On avait un lien particulier avec cette frontière, quand on la traversait c’était toujours une belle histoire. En Espagne, c’était différent… C’était une période de révolution de tous les côtés. 

 

Au nord de l’Espagne on avait des axes vers le monde, on était proche d’un univers non franquiste. La conversation était forte. Puis Franco est mort. Je suis de la génération de la libération, on devait essayer quelque chose, c’était pas assez de faire juste de l’architecture. Une génération faite pour la recherche expérimentale et spirituelle. J’ai eu une éducation sans limites. »

Patricia Urquiola chez Cassina à Meda © Laura Villa Baroncelli

Canapé et table Kettal Plumon – Design Patricia Urquiola

Le Voyage Recommandé  – installation conçue par Patricia Urquiola pour Cartier à la Villa Reale di Marlia, en Toscane

Un lieu qui vous a marquée ?

 

« Je me rappelle être allée à Londres petite et rentrée chez Biba, un grand magasin très sombre, avec au-dessus un café arc-en-ciel, tout violet. Je me rappellerai toute ma vie de cet espace. »

Big Biba London

Big Biba London

Big Biba London

Les films qui vous ont inspirée ?

 

« Le film Le dernier Tango à Paris de Bertolucci avec Marlon Brando et Maria Schneider. Ils parlaient en français et je comprenais tout. Le film se passe dans un appartement beige avec une lumière jaune, c’est une fantaisie qui m’a marquée. »

Le dernier Tango à Paris

Réalisé par Bertolucci.

« Le film Emmanuelle réalisé par Just Jaeckin, avec des images de jeunesse, d’adolescence. C’était toute la sexualité qui se révélait. »

Emmanuelle de Just Jaeckin

La première pièce que vous avez imaginée ?

 

« J’étais chez Piero Lissoni, on avait fait une petite collection de chaises en métal et cuir. Et de là c’était parti. C’était fou d’avoir la possibilité de s’imaginer soit même comme une personne qui peut avoir une voix. »

Vos mentors ?

 

« J’étais l’assistante d’Achille Castiglioni et d’Eugenio Bettinelli à Milan et à Paris. Puis j’ai travaillé avec Vico Magistretti. On parle beaucoup des hommes mais je pense que l’éditrice Maddalena de Padova m’a beaucoup aidée, elle m’a fait confiance. Son équipe était très petite et on pouvait absorber beaucoup de son immense énergie. »

Achille Castiglioni, tabouret « Mezzadro », 1957

Lampe Eclisse conçue par Vico Magistretti pour Artemide, 1965

Une gamme de couleurs qui vous suit ?

 

« Les couleurs de l’Atlantique, qui a une énergie, des nuances particulières. L’océan a une humeur, une énergie. »

Collection 2021 dessinée par Patricia Urquiola pour la marque CC Tapis

S’il fallait choisir une couleur ?

 

« Toutes les couleurs sont importantes pour moi, je n’ai pas du tout de chronophobie. La couleur c’est une partie fondamentale de la définition des choses, comme la matière, les proportions. Elle a une grande force car elle est vraiment capable de changer la valeur d’un objet, d’un espace à la fin. On doit manier la couleur avec beaucoup de respect. Pour moi quand on respecte quelque chose c’est qu’on l’aime vraiment. 

 

On doit travailler la couleur avec beaucoup d’attention. Par exemple, la couleur rouge utilisée pour la scénographie Cassina au dernier Salone del Mobile. On est allé en bas de la ville, dans un caveau. Dans ce cas là, l’atmosphère rouge donne toute l’ambiance du projet, du produit. On y vit une belle expérience. »

Votre vision du Salone del Mobile ?

 

« Je pense que la ville de Milan doit donner cette semaine-là des émotions fortes aux autres, on doit vraiment tous comprendre que c’est une semaine pour donner de la valeur. C’est très ouvert quand on vient, il y a l’envie d’absorber, chacun peut communiquer aux autres sa culture. »

Comment avez vous pensé la suite de collection DALYA pour Coedition ?

 

« J’aime beaucoup quand il y a une continuité, pouvoir faire ce qu’on a pas fait l’autre fois. Il y a toujours des conversations à nouer et c’est super si on a l’espace pour la recherche.

 

Une idée vient parce que tu réfléchis à une pièce qu’il manque dans une collection, quelque chose que l’on peut encore expérimenter, que la compagnie n’a pas trop fait. Et là le rapport devient spécial.

 

Avec Coedition nous sommes des amis de toujours, ils ont un langage très continu, une attention pour les détails, le travail du bois, du cuir. J’aime beaucoup travailler avec eux. »

 

Fauteuil Dayla, Patricia Urquiola pour Coedition.

Chaise Dayla, Patricia Urquiola pour Coedition.

Chaise Dayla, Patricia Urquiola pour Coedition.

Un style qui vous inspire ?

 

« Quand tu es jeune et que tu commences, c’est important de comprendre quels ont été les thèmes qui t’inspirent. Mais maintenant, il y a dans ma tête différents sujets qui ont tous différentes priorités, mille et une connexions. »

Moncloud sofa – Cassina par Patricia Urquiola

Une matière que vous aimez travailler ?

 

« Toutes ! En ce moment, je me penche sur les céramiques de surface, on est en train de chercher comment faire un aspect artisanal, un peu brutaliste comme dans les années 90 quand j’étais petite. En reproduisant cet effet artisanal de manière industrielle, en donnant plus de matière au mur. C’est un des thèmes qui m’intéressent, on fait beaucoup de recherche. 

On a aussi cette année une belle histoire avec Nutri : une compagnie qui a une maîtrise du marbre incroyable, des techniques particulières d’incrustation. Ils sont vraiment intéressants pour la technique. »

Le siège de Mutina. Architecture Patricia Urquiola.

Mutina Mater collection carreaux design Patricia Urquiola

Installation avec Mater de la collection de carreaux pour Mutina conçue par Patricia Urquiola

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