Architecte et designer, Marine Bonnefoy puise son inspiration dans le vocabulaire du contemporain comme de l’ancien. La fantaisie du nouveau balance avec le charme du vintage afin de créer une atmosphère sensible et résolument intemporelle. Interposant le passé au présent, Marine réinvente des espaces où chaque objet fait sens. Un appartement rue de Richelieu, une maison du 19ème au Beaujolais ou une bâtisse normande, chaque projet détonne au travers d’une sélection de pièces dénichées sur leboncoin avec patience et passion.
Racontant son amour pour le beau et la création, elle revient sur ses plus belles trouvailles et livre ses secrets avisés de chineuse aguerrie. Un conseil, il faudrait se laisser surprendre.
Qu’est ce qui a façonné ton goût ?
« J’ai passé mes vacances entre Sainte Marie de la Mer, les Baux-de-Provence et Arles, cette région m’inspire énormément. J’ai développé une architecture vernaculaire, toujours très authentique, faisant écho à mes racines. »
Ta madeleine de Proust ?
« L’odeur du pin parasol en été. »
D’où te viens cette passion pour la chine ?
« Ce sont tous ces instants et souvenirs d’enfance. Mes nombreux voyages, les après-midi au musée, les dimanches de brocantes à arpenter les allées et les arrêts spontanés chez l’antiquaire sur la route des vacances d’été. »
Ton dernier coup de cœur vintage ?
« La lampe Athéna de Georgia Jacob. Elle diffuse une lumière assez douce, on a l’impression d’avoir un feu de cheminée sur le sol. Elle donne une âme poétique à l’espace. »
Quelle place occupe le vintage dans ton travail ?
« En tant qu’architecte et designer, mon travail se trouve justement en équilibre entre vintage et contemporain, intemporel et singulier. Une ligne esthétique qui apporte une atmosphère particulière, ce supplément d’âme qui ré-enchantera un projet. »
« L’année où je me suis lancée à mon compte, mes parents ont acheté la maison du Beaujolais construite en 1860 par un soyeux lyonnais. Pour m’aider à me lancer, ils m’ont donné carte blanche. Je me suis énormément inspirée des paysages environnants, surplombant les collines et les vignes. Les nuances de kakis, marrons, aubergines et sablées se sont invitées jusque dans les murs. Pour le mobilier, je voulais rendre honneur à l’histoire de la maison. Trouver des objets qui sèment le doute, du vintage des années 40 et 50 jusque dans les années 80. L’intention fut de retranscrire une promenade hyper architecturale et poétique. Un petit côté Alice au pays des merveilles. »
Quelles sont les merveilles chinées pour ce projet ?
« Sans aucune idée en tête, et après des heures à écumer les annonces leboncoin, j’ai été interpellé par les lignes singulières de deux fauteuils hongrois des années 40 que j’ai installés dans le grand salon de la maison. »
« J’avais envie de créer un lieu hors du temps, comme si tous ces trésors avaient toujours été là. Une atmosphère qui n’est possible que par le mélange savant de l’ancien et du nouveau. »
Un projet passé où la seconde main a la part belle ?
« Mes plus belles trouvailles sont celles d’un appartement rue Richelieu. J’ai chiné l’ensemble des luminaires en pâte de verre. Mais le grand trésor se trouve dans le séjour, avec sa table jaune laquée dans le creu de la courbe en bois et sa table basse en travertin encadrée de deux éditions de Ligne Roset des années 70. »
Où as-tu déniché ces pépites ?
« Du côté mobilier, leboncoin est une véritable mine d’or. Pour la grande table de Richelieu, ce fut un coup monstrueux. Un couple d’une soixantaine d’années qui divorçait me l’ont vendue pour vingt euros. Elle semble pourtant tout droit sortie d’une galerie parisienne. »
Quelle intention se cache derrière ce projet ?
« Pour ce projet, l’intention était de redéfinir l’appartement parisien en un lieu de vie décloisonné et chaleureux. L’espace suit l’ondulation de cette longue cloison, comme un parcours de lumière, créant de nouvelles perspectives entre la fenêtre Royal et Richelieu. »
Tes inspirations pour cet appartement ?
« Un mélange d’inspirations entre mon Sud et l’architecture athénienne des années 70, où s’est injecté une atmosphère japonisante. Je me suis inspirée des voyages de ma cliente, attachée aux paysages grecques et à la culture japonaise. Pour la couleur, j’ai puisé dans le vocabulaire architectural de la Méditerranée. Les aplats en camaïeux de jaune et orangés. La poudre de marbre est ajoutée dans les peintures, donnant cet aspect hyper texturé et faisant venir la lumière jusque dans les murs. Le temps d’une visite, on se retrouve niché dans un jardin suspendu. »
Un conseil de chine ?
« leboncoin est une plateforme ultra riche pour trouver des pièces rares à des prix intéressants. Et dans ce grand et précieux désordre, je ne vais pas forcément chercher une signature ou un nom de designer mais plutôt marcher par mots-clés très simples. Le mieux est de se laisser surprendre. »
Le projet qui t’occupe le plus en ce moment.
« Un hôtel en Normandie, une très belle bâtisse en bord de mer du 19ème dans un style très traditionnel. L’intention est de la réinventer en hôtel, sans mettre de côté son environnement et son identité. Le point d’honneur sera de respecter son architecture vernaculaire en valorisant son espace. Et cela jusque dans l’intérieur. Le mobilier est neuf, en revanche toute la déco est chinée, luminaires, bureaux et guéridons. Toujours dans cette idée d’intemporalité. »
L’architecte qui construirait la maison de tes rêves ?
« Peter Zumthor pour sa lecture singulière, faisant entrer en harmonie espace et environnement. »
Un coup de cœur esthétique ?
« A Single Man réalisé par Tom Ford, pour sa scénographie léchée. »
