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Le mood de

Rudy Guénaire

« Sur terre pour créer des endroits cools » peut-on lire dans la biographie Instagram de Rudy Guénaire. Pour preuve, depuis son retour des rocheuses américaines qu’il a arpentées à pied durant cinq mois, le diplômé d’HEC ne cesse de semer ses diners rétros et feutrés partout en France. De Lyon à Strasbourg en passant par Grenoble, Bordeaux, Nantes et Lille, PNY Burger, la chaîne de « diners français » qu’il a co-fondée avec Graffi Rathamohan, fait tomber les codes kitsch et maniérés du fast-food.

 

Si Rudy Guénaire a d’abord confié ses intérieurs à CUT architectures puis à Bernard Dubois, son amour pour le 7e art et les décors hollywoodiens l’ont poussé à créer son agence d’architecture, Night Flight avec laquelle il signe aujourd’hui ses propres espaces. Inspiré par les films de David Lynch et Wong Kar-wai, nourri par ses récits de voyage, et influencé par les philosophies et mythologies antiques, il mêle dans chacun d’eux une touche de fiction qui invite à l’imaginaire. Rencontre avec l’architecte qui met le couvert partout en France.

PNY – Nantes © Ludovic Balay

Que faites-vous habituellement à ce moment de la semaine?

 

« Je m’imbibe de café en silence. C’est l’unique drogue que je consomme. Il n’y a rien de mieux que les matins. L’esprit est complètement mou, c’est facile de ne rien faire ou de lire des choses compliquées. La plupart du temps, j’ai plié ma journée avant 9h. Le reste c’est de l’agitation. C’est rigolo et c’est sympa, mais ça reste de l’agitation. »

PNY – Nantes © Ludovic Balay

Votre humeur du jour en un mot ?

 

« J’ai tous les jours et inlassablement la même humeur. M’accompagne quotidiennement une mer toujours calme, ourlée de clapotis vivifiants et turquoises. C’est pratique et bonnement agréable. »

PNY – Paris, Bretonnerie © Romain Laprade

De quoi est fait votre quotidien ?

 

« C’est 50% de bonne génétique et 50% d’un cocktail explosif de bonne nutrition, de bonne lecture et de bonne compagnie. »

Selon vous, qu’est-ce qui a façonné votre goût ?

 

« J’ai bizarrement lu beaucoup de philosophies, de mythologies antiques et indigènes. Dans notre culture, le beau est très démonstratif et un peu bébête : on aime ce qui se voit. Mais plein d’autres hommes ont pensé différemment. Les choses étaient beaucoup plus compliquées et plus riches avant et autre part. Il y avait de belles histoires, des croyances, des forces, des symboles. Par exemple, il y avait le dieu Qat, des îles d’Océanie, qui, avec son tambour, lança le cœur des deux premiers hommes. J’ai l’impression que c’est le bonheur et la chance de notre époque. On a enfin accès à tous ces trésors. »

PNY – Grenoble © Ludovic Balay

Quelle est l’histoire derrière la création de PNY ? La philosophie qui anime PNY ?

 

« J’ai traversé les rocheuses américaines seul pendant 5 mois. Je suis revenu affamé et fasciné par une nature grandiose et un peuple profondément gentil, très différent de ce qu’on voit dans les news. J’ai voulu re-créer un peu de ça en France. Des super hamburgers, avec des ingrédients de folie, une équipe gentille et des lieux faits pour durer. Un projet très simple finalement. »

PNY – Bordeaux © Ludovic Balay

PNY – Bordeaux © Ludovic Balay

Quel est votre processus créatif quand vous démarrez un projet ?

PNY – Faubourg St Antoine par Bernard Dubois © Romain Laprade

PNY – Strasbourg © Ludovic Balay

« Je passe beaucoup de temps à regarder dans le vide. Et petit à petit ça vient. Je commence souvent par les meubles ou les éléments importants et puis l’espace. Mais parfois, ça ne vient pas du tout et ça, c’est assez embêtant. Surtout qu’aujourd’hui, le temps c’est de l’argent. Pour l’instant, je réussis toujours mon coup mais peut-être qu’un jour il me faudra trouver des nouveaux tricksEnfin, je ne prends aucune décision sans avoir passé une bonne nuit. C’est dans la fraîcheur du matin que l’on sait si l’on s’est dépassé ou si l’on s’est simplement vautré. »

PNY – Lyon © Ludovic Balay

PNY – Nantes © Ludovic Balay

PNY – Lille © Ludovic Balay

Un nuancier qui vous suit depuis toujours ?

 

« Je suis nul en couleur. Regarder un film d’Amoldovar me fait terriblement souffrir (même si c’est toujours incroyablement bien). Je comprends à peu près les bleus et un tout petit peu les rouges. Le reste je n’y suis pas du tout. C’est très perturbant les couleurs, toujours un peu artificiel, un peu plastique. Tout peut changer avec un coup de peinture. A l’origine, il n’y avait presque pas de couleur, seulement celles de la nature. Je crois que ce sont les seules que je comprenne vraiment. »

PNY – Nantes © Ludovic Balay

Un matériau que vous avez récemment utilisé ? Une époque qui vous inspire ?

 

« Le bois, c’est tout ce qu’il faut. On a traversé les océans, labouré la terre et vaincu les famines grâce à des bouts de bois, tué Jésus sur un bout de bois et fasciné des foules avec des bouts de bois. Le bois donne une nouvelle chance. Ça, c’est fascinant. Ce n’est pas le cas avec le béton, la pierre, le métal et l’affreux plastique. Avec eux, les choses restent. Mais je crois que les hommes préfèrent laisser une marque bien visible sur la terre. »

PNY – Grenoble © Ludovic Balay

Des lieux ou adresses qui vous ont marqué ?

 

« Il y en a tellement. En tout cas, ceux qui m’ont le plus marqué sont ceux que j’ai visité ou ceux qui n’existent pas. Instagram, c’est bien, mais il faut se déplacer. C’est très important. On ne comprend un lieu que si on y a passé du temps. On ne voit rien à travers une photo. 

 

Et puis, il y a tout ce qui n’existe pas. Il y a le palais du Rivage des Syrtes par exemple, ça c’est incroyable. La colonnade chaude, face à la mer plate et le vacarme sourd, au loin. Évidemment, on ne comprend pas de quelle époque il date, et ça, j’adore. »

PNY – Lille © Ludovic Balay

Des envies créatives pour les prochaines années ?

 

« J’ai très envie de designer autre chose que des PNY. Réfléchir à d’autres marques, raconter d’autres histoires. Et puis, je rêverais de faire une maison. J’aime l’idée de comprendre comment les gens vivent et de créer des lieux pour qu’ils vivent mieux. Pas plus heureux, ce n’est pas ça le sujet. Mais de vivre plus délicatement, plus sereinement. »

PNY – Strasbourg © Ludovic Balay

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