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Le mood de

Linde Freya Tangelder

Designers

23 mai 2023

A 35 ans, la designer Linde Freya Tangelder peut se vanter d’un parcours sans faute : diplômée de la prestigieuse Design Academy d’Eindhoven, elle a déménagé à Anvers, en Belgique, dans la foulée où elle a fondé son studio, baptisé Destroyers/Builders, et a intégré récemment le classement des AD 100. Repérée par Dior, elle est invitée, il y a quelques année, aux côtés de 16 autres designers de renom dont India Mahdavi, Nendo et Sam Baron, à réinterpréter la chaise médaillon, emblème du style Louis XVI qui colle à la peau de la maison française depuis sa création en 1947. Un projet d’envergure présenté au Salon du Meuble de Milan fin 2021 qui la propulse sous les projecteurs. Depuis, elle signe pour Cassina des collections de mobilier, soit une collaboration sur le long terme, tout en restant fidèle à son esthétique organique. Il faut dire que Linde se considère avant tout comme « une artiste jouant les designers ». Plongée dans son univers fait de maisons de poupées, de maquettes et de briques de verre.

Votre mood d’aujourd’hui en trois mots ?

 

« Excitée, car je suis très curieuse de voir l’évolution de mon projet avec Cassina. Satisfaite de constater que les choses avancent dans le bon sens. Et reconnaissante. »

CASSINA x Linde Freya Tangelder – Soft Corners

CASSINA x Linde Freya Tangelder – Soft Corners

CASSINA x Linde Freya Tangelder – Soft Corners

Quand vous étiez enfant, comment laissiez-vous éclater votre créativité ?

Destroyers Builders x Kassl

« Ma mère nous poussait à dessiner et à construire de petites choses de nos mains. J’allais dans la nature, j’observais les alentours et récupérais des feuilles d’arbres, des glands, des bouts de bois et tout autres éléments qui pouvaient me permettre de fabriquer des miniatures à la maison.

Destroyers Builders – Westrand

J’avais une maison de poupée et j’utilisais les glands pour confectionner des personnages. Dès qu’il me manquait une pièce de mobilier, je la fabriquais avec ce que je trouvais, comme des morceaux de carton et du papier aluminium, et ce que ma mère me donnait – elle conservait précieusement tout un tas de matériaux que je pouvais utiliser dans mes créations. Aujourd’hui, la réalisation de maquettes est toujours très ancrée dans ma pratique et reste une étape nécessaire au développement de chaque projet. »

Qui vous a transmis le goût du design et du mobilier ?

 

« Si mes parents tenaient à ce que je développe mon sens créatif et qu’ils étaient très
ouverts d’esprit là-dessus, ils s’intéressaient peu au design. Mes grands-parents, quant à eux, possédaient beaucoup de mobilier design, notamment scandinave et collectionnaient
des pièces signées dont ils me racontaient toujours l’histoire. C’est chez eux que j’ai, pour la première fois, apprécié le travail de la main dans le mobilier, découvert la signification du
métier de designer et commencé à m’y intéresser. »

Linde Freya Tangelder

Le design était-il une évidence ?

 

« Au départ, je me suis tournée vers l’architecture d’intérieur. Mais passer autant de temps derrière un écran était pour moi trop abstrait. Je tenais à mettre les mains à la pâte, littéralement. Je ne peux pas me passer de faire des choses de mes mains. J’adore voyager, évidemment, rencontrer du monde, mais j’ai besoin d’au moins deux journées par semaine à l’atelier, si possible seule. Je voulais aussi participer à la naissance de quelque chose de nouveau. Je me suis donc dirigée vers le design de mobilier, qui me permet d’aller plus loin en termes de recherche et d’expérimentation, que ce soit de techniques ou de matériaux. Je ne voulais pas non plus être artiste, car il était important pour moi que mes créations aient une fonction. »

Destroyers Builders

Destroyers Builders – Fundaments – Valerie Traan Gallery

Destroyers Builders – Fundaments – Valerie Traan Gallery

C’est pour cette raison que vous avez arrêté l’école d’art ?

 

« En effet, je ne me sentais pas à ma place à l’école d’art et au bout de quatre mois je me suis inscrite à la Design Academy d’Eindhoven. J’appréhendais beaucoup d’y étudier car tout mon entourage m’affirmait que le cursus était très dur et les professeurs exigeants. Mais je
me suis parfaitement intégrée, entourée des bonnes personnes qui partageaient elles aussi mon intérêt pour les matériaux. J’enchaînais les projets et tout me plaisait ! C’était évidemment très intense, mais génial. J’ai obtenu mon diplôme en 2013, inauguré notre exposition de fin d’étude en 2014 et entre-temps, je me suis installée en Belgique où j’ai monté mon propre studio, Destroyers/Builders. »

Destroyers Builders – Westrand

Qu’est-ce qui vous a attirée vers la Belgique ?

 

« Lancer un studio dans un nouveau pays est un challenge évident : il faut trouver des clients, rencontrer les artisans… Bref, se construire un réseau. En Belgique, on trouve beaucoup d’artisans qui travaillent dans de petits ateliers, qui ont le temps de développer de nouvelles collaborations, ce qui est très différent des Pays-Bas où il y a davantage d’usines de grande taille. J’ai adoré l’atmosphère qui règne dans le pays et son architecture, tout comme le côté organique et assez chaotique d’Anvers, où je me suis installée. »

Destroyers Builders – Westrand

Etes-vous sensible à l’architecture ?

 

« Je suis très sensible à l’architecture. Si, lorsque j’étais plus jeune, mes parents m’ont appris à observer la nature, j’ai toujours été attirée par les bâtiments et les maisons de différents styles, que je scrutais attentivement.

Destroyers Builders – Kassl

Destroyers Builders – Blueness

Destroyers Builders – Kassl

Destroyers Builders – Kassl

Destroyers Builders – Kassl

Destroyers Builders – Blueness

C’est une chose que je fais toujours aujourd’hui. J’aime particulièrement que les matériaux bruts soient visibles sur les façades. Car au sein des habitations, ces éléments sont la plupart du temps cachés, recouverts par diverses couches. La structure des bâtiments, la façon dont ils sont construits, leur matérialité m’inspirent aussi lorsque je crée du mobilier. »

Y a-t-il un matériau qui vous obsède en ce moment ?

 

« Bien sûr, le verre ! Je m’y intéresse beaucoup depuis un an et demi. Les briques de verre,
que l’on voit dans certains bâtiments de Turin par exemple, ville que j’ai visitée récemment,
m’intriguent. J’observe comment cette matière est utilisée à grande échelle et je réfléchis ensuite à comment je pourrais l’utiliser moi, à une échelle plus réduite, dans la conception de mes meubles sculpturaux. Je n’ai pas qu’un seul matériau dans mon portfolio : j’aime expérimenter avec les matières. »

Destroyers Builders – Westrand

Destroyers Builders – Westrand

Destroyers Builders – Westrand

Selon vous, quel a été le tournant de votre carrière ?

CASSINA x Linde Freya Tangelder – Soft Corners

« Ma carrière est une succession de petites marches que j’ai gravies. J’ai reçu en 2019 le prix de Designer de l’année attribué par la Biennale Interieur, en Belgique. La collaboration avec Nilufar Gallery, puis le projet avec Dior autour de la chaise médaillon ont été également des moments décisifs. J’étais si honorée d’être contactée par cette maison de prestige. Je n’y croyais pas, je ne me trouvais pas à la hauteur. Ils m’ont donné tant de liberté ! J’ai beaucoup appris.

Chaise médaillon – Destroyers Builders x Dior

Tout cela a rendu mon partenariat avec Cassina possible. Il ne s’agit pas de créer avec eux un seul produit mais bien de forger une relation durable via plusieurs collections. La première, Soft Corners, m’a mise sur le devant de la scène. Pour autant, j’essaie de garde les pieds sur Terre et de rester simple ! Je suis si heureuse de continuer à faire ce que j’aime et je compte bien aimer mon métier jusqu’au bout. »

Destroyers Builders

Destroyers Builders – Nilufar Gallery

Destroyers Builders – Nilufar Gallery

Cette démarche très artistique est-elle importante pour vous ?

 

« Oui ! Je ne me sens pas comme une designer, mais plutôt comme une artiste qui s’essaie au design. Mon esprit ne se focalise ni sur les détails techniques ni sur la fonction. Pour cette raison, j’aime m’entourer d’experts, notamment d’éditeurs, centrés sur ce côté pratique, car ce n’est pas une de mes qualités ! La seule façon pour moi de collaborer est de conserver ma liberté créative. J’aime bien secouer un peu les choses, changer le monde qui m’entoure. Les marques choisissent parfois la facilité de façon si évidente, alors qu’il y a tant d’artisanats et de façons de produire différemment. J’essaie donc d’explorer les limites de ce qui est possible de faire, et d’ajouter une touche de “fait main”, que ce soit dans les finitions ou dans le processus de fabrication, même s’il s’agit d’échelle industrielle. »

Comment choisissez-vous votre palette de couleurs ?

 

« J’expérimente beaucoup avec les coloris : je fais en sorte qu’ils s’intègrent si bien à mes objets qu’on ne les remarque pas. Je joue avec les textures des différentes matières que j’utilise. Comme je le mentionnais, j’adore leur aspect brut que je ne veux pas dissimuler. Je
recours surtout à des aubergines, des verts profonds, des bruns. J’aime combiner ces couleurs subtiles avec du métal notamment. Évidemment, ces teintes sont liées à la nature mais pour moi, elles sont connectées à l’architecture. La forêt ne fait pas partie de mes
sources d’inspiration contrairement aux briques, pierres et autres éléments architecturaux. »

Destroyers Builders

Quelle est la dernière exposition qui vous a marquée ?

 

« L’exposition Isamu Noguchi – Sculpter le monde au LaM, à Lille. L’œuvre très architecturale de ce spécialiste de la lumière m’inspire beaucoup. Je travaille actuellement pour Cassina à une série de luminaires et je me devais d’aller la voir. »

Isamu Noguchi

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