Les Nuits d’Été de
PIERRE YOVANOVITCH
Expositions
20 juin 2023
Il y a tout juste un siècle, le couple de mécènes Charles et Marie-Laure de Noailles faisaient construire sur les hauteurs de la ville d’Hyères, « une petite maison intéressante à habiter » : la villa Noailles. Rachetée par la ville de Hyères et dirigée par Jean-Pierre Blanc, la villégiature construite par Robert Mallet-Stevens est aujourd’hui devenue un haut-lieu culturel et incarne toujours toujours l’esprit d’avant-garde de ses fondateurs.
Dès le 23 juin, à l’occasion de la Design Parade Hyères 2023, l’architecte d’intérieur et designer français Pierre Yovanovitch a été invité à re-décorer cette résidence d’été comme si les Noailles s’y retrouvaient, cinquante ans après. À travers cette installation baptisée « Les Nuits d’Été », Pierre Yovanovitch met en lumière le goût et l’esprit libre et poétique du couple Noailles par un choix de mobilier et d’œuvres d’art à la croisée des époques. Il livre les coulisses de cette scénographie à part célébrant le Centenaire de la villa Noailles. Rencontre.
« Les Nuits d’Été » de Pierre Yovanovitch, Villa Noailles, Hyères, du 23 juin au 14 janvier 2024.
Quelle est la genèse de la scénographie « Les Nuits d’Été » ?
« J’ai été invité à remettre au goût du jour la villa comme si je répondais aujourd’hui à la commande de Charles et Marie Laure de Noailles. En acceptant cette commande, il s’agissait pour moi de rendre ces deux personnalités éternelles, et rendre ainsi hommage à l’influence du couple sur l’histoire culturelle et artistique du XXe siècle, et plus particulièrement à la personnalité de Marie Laure de Noailles. J’ai supposé ce que les Noailles auraient aimé comme si le couple m’avait engagé pour réaménager leur maison. Il s’agit donc d’un dialogue passionnant et onirique avec leur goût avant-gardiste. »
Que racontez-vous à travers l’installation ?
« Charles et Marie-Laure de Noailles, qui ne se sont pas vus depuis 50 ans, se retrouvent à l‘occasion du Centenaire de leur villa. Pour fêter l’événement, ils organisent un bal costumé. Avant l’arrivée des premiers invités, Marie-Laure présente à Charles les nouveaux aménagements qu’elle m’a commandés. On découvre alors la collection que j’ai imaginée en faisant appel à de nombreux artistes contemporains, mêlés à des artistes historiques, comme ils l’auraient fait. »
Y a-t-il des points communs entre votre style et celui des Noailles ?
« Au-delà d’un style, c’est surtout le goût : précurseur et radical. Ce sont deux aspects que j’ai en commun avec eux. Ils avaient une vision et un certain regard avant tout le monde. Le goût du mélange, qui dépasse les frontières des époques, des styles. Rien n’est resté figé et ils ont toujours fait évoluer leur propriété. De la même manière que j’aime aussi être constamment en mouvement. »
L’espace que vous avez préféré ré-imaginer ?
« Nous avons transformé la seconde salle à manger en boudoir, où Marie-Laure pourrait s’isoler, s’échapper. Elle a aimé tellement de gens, soutenu tellement d’artistes et fait tellement de bien autour d’elle toute sa vie, aussi bien pour les arts, les artistes, et même pour Hyères, qu’une fleur a poussé dans sa maison. »
Sur quoi vous êtes-vous basés pour anticiper l’évolution du goût de Marie-Laure de Noailles ?
« Nous nous sommes plongés dans les archives, et avons découvert beaucoup de choses surprenantes : par exemple, le goût prononcé de Marie-Laure à la fin de sa vie pour les tissus imprimés et les motifs panthères, très éloignés de l’ambiance minimaliste de 1923. Cela m’a aidé à comprendre son goût qui ne connaissait pas de limite. »
La palette de couleurs qui suit la scénographie ?
« Une palette chaude qui me rappelle la Provence, autour des ocres, terracotta et rose pâles. »
Vos références pour ce projet ?
« La fleur et les murs du boudoir sont en staff, un matériau qui rappelle les gypseries omniprésentes dans les maisons anciennes du sud-est de la France. »
Une musique ou bande-son qui incarne le projet ?
« Ma passion pour l’art lyrique m’a conduit à diffuser Le spectre de la rose de Berlioz, interprété par Régine Crespin, dans toutes les pièces de la maison.
Vos coups de cœur parmi les finalistes de la Design Parade Toulon ?
« La proposition de Mathieu Tran Nguyen (Prix du Public), dont les proportions et le décor me rappellent les années 30, une période qui m’inspire au quotidien. »
