Ton humeur du jour en 1 mot ?
« Passion 80 ! »
Architecte, designer mais aussi décorateur et chineur, Jules Brisson s’amuse à transformer mille et un intérieurs avec son studio éponyme, Brisson, fondé en 2018. Formé à l’école d’architecture de Lyon puis diplômé à Marne-la-Vallée et Malaquais et aujourd’hui basé à Paris, Jules signe des écrins riches, à la fois sophistiqués et raffinés, qui n’ont rien des décors figés sur papier glacé.
À l’ascétisme et au formalisme, Jules préfère l’anti-conformisme, comme lorsqu’il recouvre des fauteuils de Giancarlo Piretti avec de la fourrure jaune à l’aspect velouré ou qu’il façonne lui-même des poignées en racines de bambou brûlé. Pour chaque projet, il mélange les genres et les styles, jongle avec les matériaux et les finitions, mais allie toujours trois constantes : des nuances terreuses et dégradées, des objets chinés, et un supplément de singularité. Rencontre !
Quel jour & heure est-il ? Que fais-tu habituellement à ce moment de la semaine ?
« Nous sommes vendredi, il est 11h. En général je clôture ma semaine avec des réunions clients. »
Ton humeur du jour en 1 mot ?
« Passion 80 ! »
Selon toi, qu’est-ce qui a façonné ton goût ?
« L’ennui. Le temps passé à observer les choses du quotidien comme les lumières au plafond. Je nageais beaucoup quand j’étais jeune, tout ce temps passé sous l’eau à penser et à rêver m’a nourri. Dans une autre vie je pense que je devais être une tortue. »
Vers où te tournes-tu pour trouver l’inspiration ?
« Le dimanche je vais systématiquement faire des brocantes, sans aucune idée en tête, mais je finis toujours par trouver des pièces qui me plaisent. J’ai commencé à chiner quand j’étais étudiant et aujourd’hui, tous ces objets accumulés trouvent petit à petit leur place dans mes projets. »
Le projet qui t’occupe le plus en ce moment ?
« Une maison en bord de mer en Normandie, rasée durant la guerre puis reconstruite en dédomagement avec beaucoup de modernité (des murs en béton super épais, de la brique, un toit à pans simple). La maison a récemment été agrandie par une extension qui fait penser à un phare avec une fenêtre panoramique qui donne sur la mer et la nature, pensée à l’inverse de la maison contemporaine, avec un regard sur le monde qui l’entoure. »
Quelles sont les inspirations liées à ce projet ?
« La nature environnante. Il y a tout un travail de contraste entre la matière brillante, comme le bois laqué, et la matière très mate, comme le sable. La matière réfléchissante joue comme le reflet de la mer et du soleil. »
Tes matériaux de prédilection ?
« J’aime beaucoup les matériaux terreux comme l’argile et les enduits à la chaux. J’utilise quand je le peux, des matériaux durables comme de la laine de bois et le gramitherm (herbe) pour l’isolation, des peintures sans colle… Je profite également souvent de mes vacances pour expérimenter de nouvelles choses. Par exemple, pour chez moi, j’ai récemment imaginé des poignées et des appliques en racines de bambou brûlé puis verni. »
Le projet dont tu es le plus fier ?
« Tous ceux à venir. »
« Un rouge-noir un peu soyeux comme le poil du chat que j’avais quand j’étais petit. Le rouge sang de bœuf qui me rappelle les couleurs des volets du château de mon village et des volets de l’appartement que j’ai acheté ici, mais aussi le feu (mon père est pompier). C’est aussi la couleur des banquettes du café Beaubourg où nous sommes. Un marron-doré comme le caramel que faisait ma mère, hyper foncé avec des reflets. »
Le livre ou magazine que tu aimes feuilleter ?
« En dehors des 2000 livres qui composent ma bibliothèque, le magazine Regain. »
Des personnalités ou lieux qui t’influencent ?
« L’appartement-hôtel particulier de Karl Lagerfiel avec ses meubles anciens ; Stark et les esthétiques années 80 ; La grotte de hameau de la reine ; Le jardin Boboli en Italie… »
Les adresses qui t’ont bluffé dernièrement ?
« Les cryptoportiques d’Arles, les soubassements cachés du forum sur la place publique centrale d’une ville romaine. Les murs sont rectilignes et encore hyper intacts, il y a une ambiance complètement folle. Je rêve aussi de visiter les églises orthodoxes éthiopiennes creusées dans la roche avec des teintes rouges terreuses. »
L’architecte qui construirait la maison de tes rêves ?
« L’Italien Carlo Mollino pour une maison à la fois classique et complètement dadaïste, futuriste ; le Français Patrick Bouchain pour une maison de campagne façone La Colline du Colombier ; le Japonais Kazuo Shinohara. »
Une scénographie de lieu qui t’a marqué ?
« La scénographie du MASP (Museo de Arte Contemporáneo de Sao Paulo) construit par Lina Bo Boardi en 1958. Tous les tableaux sont exposés sur des panneaux en verre, comme en lévitation dans le vide. »