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Le mood de Johanna de Clisson fondatrice

D’HIROMI

Depuis son atelier parisien, Johanna de Clisson sculpte la forme, donnant vie à une série de créations hybrides. Suivant le vocabulaire pur du blanc et des lignes rondes, ses sculptures lumineuses évoquent des imaginaires pluriels.

 

À la frontière de l’art et du design, Hiromi emprunte à l’architecture ses contours graphiques et son brutalisme. Replongeant dans les photographies industrielles de Bernd et Hilla Becher, inspirée par la lumière de Tadao Andō. Johanna développe un langage de signes riche et hybride transposé au travers d’une ligne esthétique brute et ascétique. Un cercle, un demi-cercle et un cylindre. 

 

À l’image d’Objet 24, les céramiques, au pied trapu, au chapeau en bulbe et aux grands yeux béants, étonnent et captivent. Lampes ou créatures, les objets lumineux d’Hiromi laissent libre cours aux imaginations.

Objet 29 de Hiromi © Emilie Molinero

Quel est votre premier choc

esthétique ? 

 

« Le presse agrumes de Starck que j’ai reçu à l’anniversaire de mes douze ans. À cette époque, je ne saisissais pas tous les codes du design et ses références mais j’étais fascinée. Déjà enfant, je me retrouvais dans cette audace et cet humour créatif. Je suis très admirative du regard innovant qu’il a porté sur le design dans les années 1980. C’est peut-être mon côté rebelle qui surgissait déjà, à rebours de trop de classicisme à la maison. Je repense souvent à cette image, toujours très inspirante. »

Juicy Salif de Starck1990

Comment se manifestait votre créativité lorsque vous étiez jeune ?

 

« J’ai suivi des cours de dessin et de peinture très jeune. Je passais des heures à fabriquer des petites maquettes d’architecture avec mes boîtes à chaussures. J’aimais les choses précises, très léchées et minutieuses. Quand je suis entrée aux Arts Décos, je me suis spécialisée en Photographie. J’adorais la nature morte sur grands formats. Je travaillais beaucoup la lumière. Toujours chargée d’inspirations baroque, de vanités et de clair-obscurs. Aujourd’hui, j’ai mis de côté cette esthétique pour me concentrer sur un vocabulaire allant plus à l’essentiel. Mais j’ai conservé cette rigueur et cette idée de série photographique. Créer en série, apporter une proposition cohérente et aboutie. »

Quelle était votre intention créative en fondant Hiromi ?

© Hiromi

« Aujourd’hui il y a quelque chose de très éphémère dans la création. Alors quand j’ai pensé Hiromi, j’avais très envie d’imaginer des objets à rebours des tendances en créant selon un système de série. Le travail de Bernd et Hilla Becher m’a beaucoup inspiré pour cela. C’est le fait d’avoir sillonné l’Allemagne avec un même point de vue, au grand format, sans perspective qui rend leur travail si incroyable. 

Bernd & Hilla Becher, Gaz tank, 1966

Je tiens à la notion de labeur dans la création: travailler encore et encore une même proposition afin de la légitimer, et de la rendre moins opportuniste. »

Qu’est ce qui a façonné et influencé votre goût ?

 

« Mes inspirations sont très riches mais ce sont toujours les mêmes qui reviennent et me portent. L’architecture est le fil rouge de mes recherches. Je suis très influencée par l’approche créative de Tadao Andō.

Le He Art Museum de Tadao Andō © Chen Xiaotie

Hiromi © Adel Slimane Fecih

Essayer de trouver de la force dans des choses extrêmement simples. Dans ses essais Pensées sur l’architecture et le paysage, il explique qu’une architecture fait sens à travers un vocabulaire de matières et de formes très restreint. À côté de cet univers très pur et travaillé, viennent se greffer des références plus ludiques avec le design décomplexé des années 1970, Memphis et le contre-design italien. Une vision dans laquelle je me retrouve beaucoup. »

Jordan et Iskra Grabuloski, 1974

Espaces de jeux de Marguerite Rouard et Jacques Simon, 1976

Hiromi © Adel Slimane Fecih

Vos inspirations sont transverses à travers les arts et les domaines, comment transposez-vous ce dialogue dans vos créations ?

Johanna De Clisson fondatrice d’Hiromi

« Mes objets sont comme des créatures hybrides, dans lesquelles je transpose et mélange une multitude d’inspirations différentes. Après on se retrouve dans une, et moins dans d’autres. C’est cette hybridité qui me plaît. Lorsque j’ai créé Objet 24, j’ai sorti cette forme hyper étrange. Avec ce grand pied, ce bulbe et ces quatre yeux béants, j’ai repensé au château d’eau des Becher.

Objet 24 de Hiromi

On se replonge dans l’esthétique architecturale des Becher, de Tadao Andō. Celle du brutalisme et du minimalisme. Mais aussi dans les paysages de Miyazaki avec leurs petits personnages. Ce que j’aime c’est que chacun peut projeter son imaginaire personnel. »

Hiromi © Emilie Molinero

Quel rapport entretenez-vous à la couleur ?

 

« À mes débuts, j’étais séduite par le travail d’Ettore Sottsass. Déjà en toc de séries, je mettais des couleurs et des rayures sur toutes mes céramiques. Puis j’ai balayé les rayures et la couleur. Je me suis installée dans mon atelier, j’ai pu développer ma propre proposition. Le blanc m’est apparu comme une évidence, impossible de revenir à la couleur. J’ai eu la sensation que la couleur m’enfermait trop dans un style. Le blanc m’a permis de poser un cadre. Paradoxalement, cela a été très libérateur pour moi. »

Pourquoi ce désir de travailler avec un vocabulaire restreint de formes et de couleurs ?

 

« La couleur et la forme sont mes deux garde-fous. Définir un vocabulaire créatif a été salutaire pour ma ligne esthétique. Je travaille autour de trois formes que je me suis imposées : le cercle, le demi-cercle, le cylindre. Il n’y a aucun angle droit chez Hiromi. Ça viendra j’espère, mais pour le moment j’essaie de jouer avec ces archétypes de formes et créer de la cohérence. C’est très stimulant de travailler avec des contraintes établies, justement à rebours des tendances toujours changeantes. »

Hiromi © Gaëlle Rapp Tronquit

Objet 2 de Hiromi

Avez-vous le sentiment de jouer lorsque vous créez ?

 

« Complètement. Ces trois formes sont comme des totems. L’idée est de pouvoir découvrir toutes les combinaisons possibles, rien n’est figé. Je me suis beaucoup inspirée des jeux en extérieur des Simonnet et des Duplo des années 1970 pour imaginer ma série PLAY ON.

 

Série Play On Objet 1 de Hiromi

Espace de jeux conçu par les Simonnet

Série Play On Objet 2 de Hiromi

Série Play On Objet 1 de Hiromi

Série Play On Objet 2 de Hiromi

Espace de jeux conçu par les Simonnet

J’adore cette idée d’apprendre les fondamentaux, jouer avec un triangle, un carré et un rond, comme un enfant. Plus largement, tous mes objets découlent de cette réflexion. Décrypter les formes une à une, les décupler puis les proposer en plug and play, comme un grand tétris. C’est une manière de désacraliser la création, chacun peut jouer avec mes formes et se les approprier.” »

Comment faites-vous dialoguer forme et fonction ?

 

« Mes créations ont l’apparence d’une lampe et pourtant je les appelle des Objets. J’aime travailler à la frontière de l’art et du design, à la frontière de la forme et de la fonction, en mettant de côté la fonctionnalité pour me concentrer sur la forme. Jouer avec les signes me permet d’ouvrir la porte à l’interprétation. Là où la fonction peut être assez restrictive, je choisis de ne pas apposer le terme de lampe sur mes designs. Jouer sur l’ambivalence de mes objets pour stimuler l’imagination. Ils prennent l’apparence d’un luminaire mais aussi celle d’une sculpture, d’une créature de fiction ou d’une architecture. Comme si je vous disais « ceci n’est pas une lampe.» »

Hiromi © Gaëlle Rapp Tronquit

LE MOOD DE JOHANNA

Une forme qui vous rend créative ?

 

 

 

« Le cercle pour sa symbolique d’équilibre et d’harmonie, de féminité aussi. ».

Une musique qui vous met dans un good mood ? 

 

« The Blaze, Territory, j’écoute toujours de la musique à l’atelier, ça me concentre dans ma créativité. »

THE BLAZE

Territory

Un artiste qui vous apaise ? 

 

 « Tadao Andō »

Pullitzer Art Foundation à St Louis par Tadao Andō © Robert Pettus

La maison koshino de Tadao Andō

Un bâtiment architectural qui vous inspire ? 

 

« La Villa E-1027 d’Eileen Gray à Roquebrune-Cap-Martin. »

Villa E-1027 © Centre Pompidou, Bibliothèque Kandinsky, Fonds Eileen Gray

Un souvenir qui vous rend nostalgique ?

 

« La maison du Sud de la France de ma grand-mère. »

Un lieu qui vous rend méditative? 

 

« Un voilier au milieu de la mer. »

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