Styles
16 novembre 2021
Styles
16 novembre 2021
Les designers, artistes contemporains, créateurs de mode et foodistas du monde entier jouent avec les échelles et les volumes. Le ton est donné : tout doit rétrécir.
Sur Instagram comme dans la vraie vie, les petites mains s’activent avec minutie pour composer des pièces extrêmement fines et délicates, comme sorties d’une maison de poupée. Un courant exacerbé par la crise sanitaire et les confinements à répétition qui ont poussé les créatifs dans leurs retranchements. Pièces de mobilier miniatures, céramiques de la taille d’un pouce, chefs-d’œuvre au format de poche, robes haute couture rétrécies, sacs XXS… Bienvenue chez les lilliputiens.
ACCESSOIRE
Microscope
PERSONNAGES
Lilliputiens
TAILLE
XXS
DÉCOR
Maison de poupée
Durant leurs quarantaines, les créatifs ont mis leurs abonnés au défi sur les réseaux sociaux en les encourageant à concevoir des « tiny houses », avec les matériaux et outils trouvés chez eux. En plein confinement, la designer américaine Eny Lee Parker a publié sur son compte Instagram une série intitulée Clay Play qui illustre la collection qu’elle aurait dû lancer en 2020, version argile et miniaturisée. En France, Garance Vallée s’est aussi amusée à créer des maisons microscopiques qui ressemblent à des maquettes académiques.
La marque de tapis, basée à Brooklyn, Cold Picnic détonne avec ses lookbooks tous plus ludiques les uns que les autres. L’année dernière, le label américain présentait ses nouveautés à travers des dioramas hyper mignons et désirables. Des petits espaces comme des maisons de poupée qui mettaient en scène les tapis tuftés de la maison dans des univers singuliers et vintage.
Dernièrement, les artisans redoublent de minutie et d’habilité pour confectionner de minuscules objets.
Inspiré par un livre intitulé « Creating Ceramic Miniatures », l’artiste Jon Almeda utilise une échelle d’un pouce pour façonner à la main des céramiques aux proportions infimes. Une approche « méditative » de la poterie.
Dans le panorama des objets miniatures, il y a aussi Vitra qui, depuis plus de vingt ans, reproduit ses pièces iconiques pour le Vitra Design Museum en Allemagne.
En travaillant les moindres détails – des nervures du bois à la reproduction des vis – de chaque icône du design avec une échelle d’un sixième, Vitra rend hommage à l‘histoire du design. Des objets de collection qui sont aussi des supports pédagogiques pour les écoles de design et d’architecture.
Les mini lampes nomades sont plus que jamais dans l’air du temps. La dernière tendance : des petits luminaires à la silhouette ronde et trapue, chapeautés par une coupole à l’images de gnomes ou de petits champignons attachants. D’ailleurs, la lampe Setago de Jaime Hayon pour &Tradition évoque un champignon (« seta » en espagnol).
Des pièces singulières dictées par le besoin de réinjecter de la fantaisie dans les intérieurs comme les extérieurs.
Si ce phénomène a été particulièrement remarqué dans le design et l’art de vivre, il s’observe aussi du côté de l’Art. Toujours plus conceptuel, l’art contemporain se rapetissît sous les mains d’artistes britanniques tels que Sean Scully, Damien Hirst, Magdalene Odundo ou Gillian Wearing qui créent des chefs-d’œuvre au format de poche pour la galerie 2021 Model Art Gallery à Pallant House.
Et la scène artistique parisienne n’est pas en reste. L’exposition « Small is beautiful, Miniature Art » présentée à la Galerie Joseph jusqu’au 15 janvier 2022 révèle les œuvres de vingt artistes français et internationaux de l’Art Miniature. Une retrospective loufoque, utopique et enchanteresse sur le monde de l’infiniment petit.
Côté Mode, Dior présentait pour la saison automne-hiver 2020-2021 une collection de robes haute couture miniatures à destination de la clientèle à l’autre bout du monde durant l’épidémie. Une initiative inspirée du Théâtre de la mode, un spectacle itinérant organisé afin de faire rayonner le savoir-faire virtuose français lors de la Seconde guerre mondiale en faisant voyager une malle avec des échantillons de tissus et de broderies. Un univers fascinant qui perpétue et réinvente la féérie de Dior en pleine crise sanitaire.
Autre phénomène miniaturisant dans la mode : le micro sac. Un courant porté par Jacquemus et son Chiquito, ou encore son Nani, le fameux étui à rouge à lèvre.
Aujourd’hui, Fendi, Hermès ou encore Chanel le suivent avec leurs collections d’accessoires XXS qui redéfinissent la notion de sac, son utilité complètement passée au second plan.
La tendance disrupte aussi la food. La reine du design californien Kelly Wearstler s’est associée à Flamingo Estate et à l’association STRUCTURE pour composer des mini maisons en pain d’épices comestibles inspirées par la Californie, avec une architecture moderniste et des damiers ludiques. La vente des 100 maisons en édition limitée servira à reconstruire des logements détruits par les catastrophes naturelles.
Pancakes aussi petits qu’un bouton de chemise, spaghettis aussi fins qu’une aiguille… Après le succès du hashtag #MiniatureArt sur les réseaux sociaux, le hashtag #TinyFoods fleurit aussi sur les plateformes, posté plus de 4,2 millions de fois sur Instagram avec des comptes aux milliers d’abonnés comme TinyFoods. Une tendance venue du Japon aussi divertissante qu’instagramable, sur le point de devenir un art culinaire à part entière.