Héritage
il y a 6 mois
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Du jouet à l’œuvre d’art sans oublier le bijou d’orfèvre : Alexander Calder avait le don de transformer le fil de fer en créations singulières. Tout jeune, le fils de peintre et de sculpteur, fabrique pour ses parents et sa sœur des objets et bijoux à partir de tôle de laiton courbée. Il ne le sait pas, mais il vient d’inventer la sculpture de fil de fer.
Diplômé en génie mécanique, il explorera durant sa carrière l’équilibre et la cinétique, l’abstraction et le mouvement. Notamment via ses célèbres stabiles et mobiles, baptisés ainsi par Jean Arp et Marcel Duchamp. Le début d’un long dialogue avec les grands artistes de son temps (Mondrian, Miró et Picasso) dont les œuvres en deux dimensions résonneront avec ses créations en trois dimensions.
Aujourd’hui, ses pièces d’ingénierie n’ont pas perdu leur écho. Elles sont réinventées par des artistes et designers (Blue Balcony Design Studio, Giopato & Coombes, Casey Johnson, Karl Zahn, Andu Masebo) qui mêlent art et science dans des réalisations qui jouent sur l’équilibre. Le sculpteur de fil, qui a aussi consacré une partie de sa carrière au bijou, inspire plus que jamais les joailliers et orfèvres contemporains (Sophie Buhai, Louis Abel™, ELHANATI) comme les créateurs spécialisés dans l’art de la table (Sebastião Lobo, Suna Bonometti). Retour sur les influences du « roi du fil de fer ».
Dates
1898-1976
Invention
MOBILE
Médiums
FER & LAITON
Passion
ABSTRACTION
La carrière de Calder prend un tournant à son arrivée à Paris en 1926. Il se met à « dessiner » avec du fil de fer, des portraits tridimensionnels d’amis, de personnalités connues, d’animaux, sur les thèmes du cirque, et se fait connaître avec son célèbre Cirque Calder.
Dès les années 1930, Calder passe à l’abstraction après une visite à l’atelier de Mondrian. Il invente cette fois, la sculpture cinétique mécanisée utilisant des manivelles et de petits moteurs (qui sera baptisée « Mobile » par Marcel Duchamp). Il crée également des œuvres abstraites stationnaires que Jean Arp qualifie de « stabiles ».
Aujourd’hui, la sculpture en fil de fer est ré-inventée de mille et une façons, libérée ou non des couleurs primaires de Calder. Comme lui, les contemporains (Blue Balcony Design Studio, Giopato & Coombes, Casey Johnson, Karl Zahn, Andu Masebo) jouent avec les notions de mouvement et d’espace et font danser les formes abstraites mises en balance par des fils métalliques élancés.
Amis durant près d’un demi-siècle, Calder et Miró partagent les mêmes préoccupation créatives : ligne et volume, vide et espace. Mais aussi un langage colorimétrique primaire, particulièrement dans leurs collections « Constellations » souvent mises en regard. Cette profonde amitié, et l’échange artistique entre deux artistes pionniers, fait l’objet d’une exposition du 2 mai au 8 juin 2024, à l’occasion de l’exposition « Kindred Spirits : Joan Miró and Alexander Calder ». L’Opera Gallery New York met la lumière sur leurs voyages parallèles à travers l’évolution de l’art moderne au cours de la seconde moitié du XXe siècle.
En 1930, Calder façonne des colliers pour sa mère à partir de fragments de poteries glanées à Calvi. Il fabrique également une bague en or pour sa fiancée, Louisa James, qui deviendra sa « bague de fiançailles ». Plus de 1800 pièces suivront, et des icônes comme Georgia O’Keeffe, Peggy Guggenheim, Simone de Beauvoir ou encore Imogen Cunnigham porteront ses créations.
Véritable inspiration pour les joailliers et orfèvres contemporains (Sophie Buhai, Louis Abel™, ELHANATI), les lignes de Calder sont plus actuelles que jamais à l’heure du fait main et de la pièce unique. Cette tendance met aussi le couvert dans l’art de la table. Les créateurs Sebastião Lobo, Suna Bonometti et Natalia Criado, chefs de fil de cette mouvance, façonnent ainsi des bijoux de table en fil de fer et laiton enroulés, torsadés, entortillés…