Super-Theme
15 février 2022
Super-Theme
15 février 2022
À l’heure où l’éducation sexuelle se fait sur les réseaux sociaux et où le féminisme milite pour de nouvelles représentations du corps, l’imaginaire érotique change. Plus poétiques, ludiques et inclusifs, les codes de la sexualité intéressent les créatifs. Scénographes, photographes, designers, et mêmes foodistas surjouent le lexique de la sensualité avec des fleurs comme des fruits, des jeux de matières et des allusions affriolantes.
Des clins d’œil visuels particulièrement relayés pendant la Saint-Valentin mais qui sont amenés à s’inscrire dans la paysage créatif sur la durée. Découvertes sans pudeur ni réserve.
Mood
Culotté
Jouet
Sextoy
Emoji
Aubergine
Boulangerie
Katsu
La « Food Porn » (au sens littéral) s’immisce dans le travail des créatifs : les scénographes, photographes et agences créatives – F61 Work Room, Victoria Shapow, Suzanne Saroff, Daantje Bons – jouent avec les propriétés suggestives de la nourriture pour créer des iconographies obscènes. Si elles sont purement innocentes lorsque chaque élément est pris à part, elles dégoulinent d’allusions érotiques lorsqu’elles sont subtilement scénographiées et photographiées.
Avec beaucoup moins de subtilité, certains artistes food illustrent la sensualité à travers des créations osées aux formes exagérées. Les boulangeries Katsu et la Quéquetterie à Paris créent des gâteries directement inspirées des appareils génitaux : pancakes phalliques, vulves fourrées et petits pains à tremper…
Les godemichés et vibromasseurs deviennent aussi beaux, soignés et sophistiqués que n’importe quel objet du quotidien. Les marques Dame ou Amorelie créent des sextoys minimalistes qui ressemblent à des pièces de design ou de décoration. Il y aussi Undbound et ses bagues vibromassantes en acier inoxydable glamour qui dissimulent complètement leur usage et réinventent en profondeur le panorama du sextoy.
À mesure que les langues se délient, un dialogue érotique s’installe dans les feeds Instagram. L’éducation sexuelle, qui ne s’attellent plus seulement à la reproduction mais aussi au plaisir féminin et masculin, devient l’apanage d’une génération autodidacte qui apprend, informe et partage via les réseaux sociaux. Des comptes aux centaines de milliers d’abonnés comme T’as joui?, Jouissance Club ou encore Merci Beaucul ouvrent le sujet à travers des conseils et illustrations sans tabous ni complexes.
Suspensions à gros maillons chez Trueing, lampes de table phalliques chez Axel Chay, sculptures de pierre qui s’offrent un baiser chez French Cliché… La quête d’érotisme initiée dans les années 70 par les artistes postmodernes évolue vers des esthétiques sexuelles, à la limite du masochisme parfois, dans le design contemporain. Un lien avec l’intime et la beauté crue décomplexé.
Dans ce registre osé, la Chapelle XIV – galerie parisienne dédiée aux arts contemporains – présentait début 2021 son exposition Erotish, un condensé d’objets design et de photographies mis en scène dans une installation orgiaque, retranscrite sous la forme d’un livre édité par Art Paper Editions.