Retour aux origines du monde. Dans les derniers salons (Paris, Londres, Miami), la création s’inspire des premières traces de vie sur terre pour nous entrainer dans un monde fantasmagorique où l’étrange règne. Une esthétique « Vingt Mille Lieues sous les mers » ou Âge de Pierre, qui rappelle les abysses en alternant entre cavernes alvéolées et références à l’ère glaciaire.
À l’heure où se pose la question de la coexistence entre la terre et les hommes, c’est en repartant des origines premières, qu’une esthétique radicale, voire primitive voit le jour. Ainsi, les formes organiques inspirées d’étranges organismes pluricellulaires fourmillent. Les matières rugueuses et abruptes reflètent un paysage ancestral et paléolithique. Le retour de la céramique sous toutes ses formes donne aux créations un aspect brutaliste. Plongée en images dans ce courant abyssal !
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PLACE TO BE
CAVERNE
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PRESCRIPTRICE
LUCY
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HABITAT
TROGLODYTE
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CRÉATURE
POLYFORME
La caverne, premier refuge des hommes ! Loin d’une quelconque allégorie Platonicienne, les troglodytes et leur esthétique primitive sont partout. Déjà en 2018, Kim Haddou et Florent Dufourcq présentaient des niches lors la « Design Parade Toulon ». À Paris, dans les restaurants en vogue comme Oursin et La Riviera ou à Los Angeles dans boutique Sonia Boyajian Jewellery, ces décors alvéolés et rocailleux prolifèrent, avec des effets de matières au toucher rugueux.
Dans cette tendance forte, la création de mobilier, cheminée – bibliothèque – lit – banquette, en céramique est très présente. Pionnière dans le genre, Valentine Schlegel sculpte dès les années 60 des cheminées comme paysages qui portent le souvenir immémorial de la grotte. Comme taillées dans la roche, ses créations font écho à la maison de César Manrique à Lanzarote. Les lignes organiques du mobilier se prolongent dans des sculptures en céramique. Des inspirations résolument végétales avec des formes de tubercules, de bourgeons. Brutes et naturelles.
L’héritage de Valentine Schlegel et des céramistes des années 60 modèle aujourd’hui les habitats. Ces derniers prennent des airs de tanières : de véritables refuges aux lignes déliées et à la lumière tamisée. Là-bas, l’espace se construit autour des reliefs rocheux et est ponctué de mobiliers organiques, comme la bibliothèque Primordial de Raphael Navot pour Roche-Bobois.
Une nouvelle vague de jeunes créateurs excelle dans l’art de la céramique et de l’étrange avec des formes inattendues. Parmi eux, Eny Lee Parker et ses tables, tabourets et luminaires tortueux évoquant les formes naturelles de la roche.
En créant des effets de matières rugueuses et sinueuses, les designers font passer les émotions des abîmes océaniques comme des gouffres terrestres à travers la forme et la couleur. Résultat : des créations rocambolesques écorcées, mousseuses, tentaculaires et anémonaires, à la croisée de la terre et de la mer.
Avec un instinct encore plus primitif, certains créateurs allient adaptabilité et durabilité pour créer une connexion avec la Terre. Un voyage rudimentaire initié par la suspension vivante et presque comestible de Jonas Edvard réalisée à base de fibres de champignons. Ou la chaise de Marjan Van Aubel & James Shaw issue d’une réaction chimique entre la bio-résine et des copeaux de déchets de bois.