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La scénographie de

Vincent Darré

Expositions

20 octobre 2022

Vincent Darré a le chic d’être toujours là où l’on ne l’attend pas. Après une collaboration remarquée avec Monoprix, le décorateur a été invité par le Mobilier national à scénographier sa dernière exposition, “Le Chic ! Arts décoratifs et mobilier de 1930 à 1960”. Jusqu’au 29 janvier 2023, le Mobilier national se place au diapason de l’élégance hexagonale en mettant à l’honneur la collection de mobilier commandée trois décennies durant par l’institution aux meilleurs spécialistes et artisans d’art.

 

Qui de mieux placé que Vincent Darré pour imaginer ce voyage immersif dans les arts décoratifs ? Créateur de mode, dessinateur, décorateur, scénographe, architecte d’intérieur, le touche-à-tout invite le spectateur à se plonger avec délice dans une époque oubliée. Rencontre.

Comment avez-vous été amené à collaborer avec le Mobilier national ? 

 

« J’ai participé avec d’autres artistes à l’exposition “Les Aliénés”, et c’est à cette occasion que j’ai rencontré Hervé Lemoine, directeur du Mobilier national, qui m’a proposé de scénographier cette exposition, baptisée “Le Chic! Arts décoratifs et mobilier de 1930 à 1960”.»

Que représente pour vous cette institution ?

 

«  Au départ, je pensais que le Mobilier national était une institution poussiéreuse mais j’ai été surpris, au fil des années, par le choix des artistes qu’ils commanditaient, et plus surpris encore qu’ils continuent de commander des pièces à de jeunes designers. »

Les pièces exposées ont été restaurées pendant la pandémie afin de soutenir les artisans d’art en difficulté. En quoi cette mission de préservation de nos savoir-faire, est-elle importante, selon vous ?

 

« Je suis tout à fait en accord avec la mission du Mobilier National : il est primordial de faire rayonner l’artisanat français, ce que je fais d’ailleurs depuis longtemps en travaillant avec les plus grands artisans. »

« J’ai ainsi demandé à Lison de Caunes de réaliser une marqueterie de paille exposée derrière un meubleEn perspective se détache le pavillon des lumières avant-garde d’unde son grand-père, André Groult, montrant que l’artisanat se perpétue de génération en génération. J’ai également proposé à l’Atelier Meriguet-Carrère, spécialisé dans la restauration, la conception de décors et de papiers-peints, de participer au projet. Il est important que l’Etat français soutienne ces métiers d’art, et j’ai été ravi de voir le vif intérêt de Mme Brigitte Macron pour ce sujet. »

Quelle est la genèse de cette exposition?

« Le projet était donc de présenter les acquisitions du Mobilier national des années 1930 aux années 1960. Mon travail était de les mettre en scène et de retranscrire pour le public l’impression de rentrer dans un décor avec le plus de précisions possible, mais aussi avec une dose d’imaginaire qui le fasse rêver. »

À quoi doit-on s’attendre ?

 

« Le visiteur est invité à voyager dans le temps, il parcourra des salons, pensés comme des petits théâtres, puis sera propulsé dans une vision architecturale de l’exposition universelle de 1937 où les objets trônent en majesté.

 

En perspective se détache le pavillon des lumières avant-garde d’un goût moderniste tel un film de Marcel L’Herbier. Sortant des années 30, le curieux monte l’escalier vers les années 40, encadré par des branches, hommage à Jean Cocteau, afin de découvrir un salon rose shocking octogonal où les fleurons de cette époque règnent, illuminés par un lustre Maison Baguès. »

« La visite continue avec une enfilade de salons où le goût de cette époque rayonne, de Christian Bérard à André Arbus. L’Élysée s’annonce, où la présidence de Vincent Auriol surprend par son choix radical, de la salle de bain au fumoir, des grands salons à la salle à manger du ferronnier Gilbert Poillerat. L’art de vivre à la française.  »

« Enfin, la visite se poursuit avec les couleurs éclatantes des années 50-60 pour une ambiance à la Jacques Tati. Dans cette chambre signée de la créatrice de meubles Suzanne Guiguichon et dans ce bureau féminin de Janette Laverrière pour finir sur le bureau de Raphaël Raffel… »

Qu’est-ce qui vous a le plus plu dans ce projet ?

« Premièrement, la carte blanche offerte par Hervé Lemoine. Puis de reproduire ce que j’avais pu admirer dès mon adolescence dans les magazines de L’Oeil ou encore Connaissance des arts, à savoir ces expositions d’ensembliers aux couleurs éteintes, vivantes, dans une palette technicolor ! Par ailleurs, la scénographie de cette exposition a été un défi passionnant car elle m’a permis de réaliser mille références que j’avais en tête depuis longtemps, effectuant des exercices de styles qui représentent chaque époque et leurs ensembliers. Normalement, les projets sont limités à un sujet, celui-là en a une multitude. »

L’exposition s’appelle “Le Chic !” Selon vous, qu’est-ce le chic à la française et en quoi se différencie-t-il du chic en général ?

 

« De tout temps, Paris a représenté le chic, tant par sa haute couture que par ses artistes qui venaient tous y présenter leurs talents . Le chic, c’est avant tout l’audace ! Dans cette exposition, j’ai voulu montrer l’élégance française et le parallèle entre la mode et la décoration qui évoluent toutes deux et sont le reflet de la société. »

Quelles sont les pièces exposées qui vous ont le plus tapé dans l’œil ? 

 

 

« Je pense que découvrir le mobilier d’André Arbus en réalité a été une vraie révélation. Ces objets sont comme des dessins, d’une légèreté sophistiquée. Il y a une récamier d’un style grec qui s’envole dans les airs et un ensemble, au premier étage, où chaque meuble est un objet d’art tant par son artisanat que par ses lignes épurées. Le tout, irréel, semble tout droit sorti d’un film de Sacha Guitry ! »

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