Le déjeuner sur l’herbe de
Vincent Darré
Nouveautés
3 mai 2021
Avec lui, la vie est une scène de théâtre, un spectacle fantasque. Vincent Darré, décorateur loufoque, fait apparaître sous ses pinceaux un univers poétique bien à lui. Glissant de la mode à la décoration, l’ancien acolyte de Karl Lagerfeld a pris un virage réussi. De ses années de styliste, il conserve un goût des couleurs osées et un sens des imprimés travaillés. Une exubérance calibrée que l’on retrouve dans ses décors.
Son dernier projet printanier ? Un déjeuner sur l’herbe chez Monoprix. Le créateur a imaginé avec l’enseigne un pique-nique poétique, où comme dans les contes de fées, chaque objet prend vie. Un monde enchanté où se mêlent avec mille et un animaux les influences de La Fontaine, Cocteau ou encore Trenet. Si le mobilier et les objets de décoration s’inspirent d’un bestiaire fantaisiste, la ligne mode est ponctuée d’imprimés champêtres. Découverte de ce conte narré par Vincent Darré.
Quelle a été la genèse de cette collaboration ?
« C’est grâce à Diane Ducasse (fondatrice de DA/DA), qui a signé une collection cet hiver avec Monoprix et qui a travaillé avec moi il y a longtemps. Sur ses recommandations, j’ai rencontré l’équipe du Monoprix. Ils m’ont d’abord proposé de travailler sur une collection pour Noël. Sauf que je déteste Noël, ça me fout le cafard, je suis quelqu’un qui aime l’été. Alors j’ai eu carte blanche pour un thème estival et j’ai tout de suite eu l’idée d’un déjeuner sur l’herbe. »
Le fil rouge de cette collection ?
« C’est ce déjeuner sur l’herbe et l’idée qu’à chaque fois les animaux se transforment en ustensiles de pique-nique. Donc, la théière devient un canard, la planche à pain une tortue, le sel et le poivre des coccinelles, la lampe une abeille… On s’assoit sur un oiseau et on dîne sur une grenouille ! »
Quelles ont été vos inspirations ?
« C’est un peu comme un conte de fée. C’est vraiment la chanson Le jardin extraordinaire de Trenet. J’imaginais un pique nique de rêve. Les pièces Monoprix sont vendues à un public très large, que moi je n’atteins pas normalement. Mon idée c’était de montrer mon univers absurde et surréaliste à un autre public et de le rendre beaucoup plus atteignable. J’ai pensé que c’était amusant de ré-inventer tous ces objets usuels pour les rendre un petit peu extraordinaires. »
Quand avez-vous pensé cette collection ?
« Il y a un moment déjà ! Pendant deux ans j’ai dû ne rien dire à personne. Ça met très longtemps à s’élaborer, c’est un long parcours. »
Les motifs imaginés pour cette collection ?
« J’ai imaginé trois imprimés pour la collection, qui se déploient sur une nappe, des serviettes, des pyjamas. Ces imprimés sont très proches des Fables de la Fontaine.
C’est une forme de conte enfantin dont les couleurs sont très claires, très joyeuses. Des tonalités de printemps. Et sans l’avoir anticipé, je crois que cette part de rêve tombe bien dans le contexte actuel. »
Votre processus créatif pour imaginer cette collection ?
« Monoprix m’a donné carte blanche et ils ont été surpris autant que moi par chaque prototype qui arrivait. On ne s’attendait pas à ça ! Le plus incroyable a été l’abeille. Réussir à proposer des objets accessibles à tous a été une belle surprise ! »
Un artiste qui vous inspire ?
« Cocteau est toujours là, c’est comme un mentor. Il est beaucoup dans le rêve. Dans son film La Belle et la Bête sorti en 1946, tous les objets prennent vie et donc ça pourrait être un pique-nique avec la Belle et la Bête aussi. »
Comment surgissent vos idées ?
« Comme je viens de la mode, j’ai toujours travaillé les motifs et les imprimés. J’aime dessiner moi-même tout ce que je fais. Donc au départ, vraiment le dessin est une chose qui me libère et me fait imaginer des choses que je ne pensais pas pouvoir imaginer. Je laisse mon esprit divaguer… Les imprimés m’ont permis de raconter l’histoire de cette petite grenouille qui allait prendre le thé avec deux souris. »
Est-ce que parfois vous avez envie de re-basculer vers la mode ?
« Non vraiment pas. J’ai fait vingt ans dans la mode et j’ai travaillé pour plein de maisons différentes. Je crois que dans la décoration je suis plus naïf et donc je sors des idées qui sont plus innovatrices que dans la mode où j’étais devenu beaucoup trop cynique. »
Vos années passées aux côtés de Karl Lagerfeld vous influencent-elles encore ?
« Il m’a beaucoup marqué et je n’ai jamais autant ri dans ma vie qu’avec lui et les Fendi. Il me manque beaucoup, J’en rêve même : j’étais à son défilé et il n’était pas là. J’ai travaillé avec lui pendant six ans, il était resté un ami et j’adorais sa conversation. »
La palette de couleurs de cette collection ?
« Des couleurs qui normalement ne sont pas utilisées dans la décoration, peut-être parce que j’ai été inspiré par des gens comme Yves Saint Laurent, qui m’a notamment marqué pour sa gamme de couleurs. C’est beaucoup plus osé. »
L’objet le plus fonctionnel, le plus élégant, le plus drôle de cette collection ?
« La chaise en fer forgé en forme d’oiseau est l’objet le plus élégant pour moi, c’est la première fois que Monoprix fait une chaise. Et je crois que, pour eux comme pour moi, c’est une réalisation réussie. Ce n’est pas facile de faire des choses à la fois accessibles et élégantes. Pour l’objet le plus drôle je dirais la théière canard, elle est incroyable avec son long cou. Enfin, le pichet poussin est peut-être l’objet le plus fonctionnel ? »
Le film qui retranscrirait l’atmosphère de cette collection ?
« Un film de Walt Disney, Mary Poppins. »
Printemps ou été ?
« Les deux, mais c’est plutôt l’annonce de l’été qui me plaît, quand on a envie de sortir et de se mettre au soleil. »
Si vous deviez partager ce déjeuner sur l’herbe avec une personnalité, qui serait-elle ?
« Ma meilleure amie, Arielle Dombasle, évidemment. Parce qu’elle est comme moi fantasque, avec de l’humour et toujours pleine de surprise. Elle s’amuserait beaucoup dans ce déjeuner sur l’herbe animalier. »
Fleurs ou rayures ?
« Je prends les rayures, parce qu’en fait c’est ce que je porte toujours. Et puis, j’ai dessiné la collection, tout au début, comme une tente imaginaire à rayures, dans la nature. Mais les imprimés sont avec des fleurs donc c’est la rencontre des fleurs et des rayures. »
La bande-son de cette collection ?
« Je pense à la chanson Le jardin extraordinaire de Charles Trenet c’est un peu ça cette collection. »
La réalisation dont vous êtes le plus fier ?
« L’hôtel Montana, voisin du Café de Flore à Paris. C’était le premier hôtel que je décorais et j’ai pu délirer. Chaque suite était différente les unes des autres, c’était un hommage à tous les personnages parisiens de toutes les époques et c’était vraiment très très amusant à faire ! »
Quels sont vos projets à venir ?
« Côté restaurant, j’ai fait une fresque dans le Bistrot de Paris, en hommage au Paris des années 70 où tous les gens sortent d’un bal chez les Rothschild. Et je travaille également sur un restaurant breton à Saint-Paul avec également un endroit take away qui va être assez extraordinaire.
J’écris un livre qui va sortir en septembre prochain qui s’appelle Le petit diable de Vincent Darré qui est sur les décors éphémères.
Et puis, j’ai été appelé par Airbnb pour imaginer une installation dans la maison de Cocteau, je suis ravi de pouvoir aller tatouer les murs de sa maison de Milly-la-Forêt. »
Vincent Darré x Monoprix
La collection est actuellement en vente en avant-première sur Monoprix.fr et sera présentée dans une sélection de magasins le 15 mai.