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Le mood du

Studio EBUR

Des bancs du collège en Côte d’Ivoire où elles se sont rencontrées à ceux de l’école d’architecture à Paris où elles se sont retrouvées jusqu’à la création de leur studio parisien EBUR il y a quatre ans, les chemins de Racha Gutierrez et Dahlia Hojeij Deleuze ne se sont jamais séparés.

 

Nourries de cultures et de voyages communs, Racha et Dahlia font voyager les intérieurs vers un ailleurs fantasmé. Poétique et un brin nostalgique, le style EBUR se situe à la croisée de l’Afrique, de l’Orient et de l’Occident, mêle les époques et exprime une douceur méditerranéenne riche de symboles, d’histoire et de matérialité. Les atmosphères surannées, matériaux patinés et palettes satinées sont leur marque de fabrique.

 

Une autre constante demeure dans leur travail : l’amour pour l’artisanat traditionnel. En témoignent leurs éditions lancées en 2023 avec « Le bruit de la mer », une collection inaugurale inspirée des ambiances côtières et fabriquée de manière artisanale en Méditerranée. Cet été, Racha et Dahlia poussent le dessin avec une nouvelle collection aux influences plus orientales et marquées. Rencontre !

Votre humeur du jour en un mot ?

 

« Motivées ! »

Exposition de la collection “Acte II”, EBUR Editions © Matteo Verzini

Quel jour sommes-nous et que faites-vous habituellement à cette heure-ci ?

 

« On est vendredi, il est 15h30. En général on essaye de boucler les dossiers de la semaine, on visite nos artisans, ou on se rend aux réunions de chantier. C’est la veille du week-end donc on essaye de sortir du bureau pour faire des choses un peu plus légères. Et en plus, cet après-midi il fait beau, c’est parfait. »

Le Cabanon par EBUR Studio, Assinie, Côte d’Ivoire

Parlez nous de votre rencontre ?

 

« Nous sommes toutes les deux nées en Côte d’Ivoire. Nous nous sommes rencontrées au début du collège, on était dans la même bande de copines. Puis, on a étudié l’architecture à Paris où on s’est retrouvées dans la même promo en master !

Le Cabanon par EBUR Studio, Assinie, Côte d’Ivoire

C’est au moment de réaliser notre projet de fin d’études et notre mémoire ensemble que l’on a compris que l’on partageait le même goût et les mêmes valeurs… On a toutes les deux eu une petite expérience en agence, et la création du studio a suivi de manière très naturelle. »

Exposition de la collection “Acte II”, EBUR Editions © Matteo Verzini

Pourquoi EBUR ?

 

« Ebur signifie Ivoire en latin. C’était un hommage au point de départ du studio, nos collaborations avec des artisans ivoiriens. »

Exposition de la collection “Acte II”, EBUR Editions © Matteo Verzini

Café Candle Kids par EBUR Studio © Matteo Verzini

Appartement Bab Idriss par EBUR Studio, Beyrouth, Liban

Exposition de la collection “Acte II”, EBUR Editions © Matteo Verzini

Un mot pour décrire le style EBUR ? 

 

« On a tout de suite pensé à la nostalgie. On aime puiser dans les références et courants artistiques ancrés. La première collection d’EBUR Editions (Acte I) évoque la mer, la Méditerranée. La seconde (Acte II) est nourrie de nouvelles références orientales et vénitiennes. On retrouve des arabesques, des voûtes, des étoffes de soie et de velours, des formes courbes et dentelées, des marqueteries de bois des détails de passementerie. »

Le projet qui vous occupe le plus en ce moment ? 

 

« Au-delà de nos projets d’architecture, notamment des appartements à Paris, on développe surtout les éditions. L’exposition du 5 rue Payenne en fait partie. »

Selon vous, qu’est-ce qui a influencé et façonné votre goût ?

 

« C’est vraiment un mélange de nos influences déjà innées et de nos voyages. Parce qu’on a grandi en Côte d’Ivoire, on a baigné dans l’artisanat africain, oriental. On a également passé beaucoup d’étés au Liban, en Italie, surtout dans le sud de la France. Puis au fil des années, on a découvert les courants artistiques français, les influences des designer Art déco du début du 20ème siècle. »

Exposition de la collection “Acte II”, EBUR Editions © Matteo Verzini

Vos envies créatives pour les prochaines années ?

 

« Dessiner et créer pour des villas et demeures anciennes comme un restaurant de château ou un palazzo. On a déjà la chance de réaliser des projets dans de très beaux et anciens appartements où on essaye toujours de sublimer l’existant. Pouvoir le faire à une échelle plus grande serait génial. »

Appartement Molière par EBUR Studio © Matteo Verzini

Appartement Molière par EBUR Studio © Matteo Verzini

Les pièces que vous collectionnez dans vos projets  ? 

 

« Des créations d’artisans syro-libanais ou vénitiens. »

Appartement Marinella par EBUR Studio, Nice, France © Matteo Verzini

Les artistes et designers vous influencent  ? 

 

« Carlo Bugatti, Mariano Fortuny y Madrazo, Eileen Gray, Josef Hoffmann, Mathieu Mategot. »

© Mariano Fortuny y Madrazo

Appartement Marinella par EBUR Studio, Nice, France © Matteo Verzini

© Carlo Bugatti

3 pièces à chiner sur leboncoin ?

Une époque qui vous inspire ?

 

« Un mixe d’époques. Surtout l’Italie et la France des 17ème/18ème siècles. »

Mobilier des résidences royales, 1775 – 1790

Exposition de la collection “Acte II”, EBUR Editions © Matteo Verzini

Un matériau que vous avez récemment utilisé ?

 

« La soie sauvage que l’on a utilisée notamment pour la suspension Samarcande (tissu Pierre Frey). On aime beaucoup ce matériau parce qu’il inspire l’Orient. La suspension a d’ailleurs été le fil directeur de toute l’atmosphère de nos nouvelles pièces. Notamment d’une lampe en soie sauvage Nobilis un peu plus plus texturée, avec des fils apparents. »

Une gamme de couleur qui vous suit ?

 

« Des teintes douces et chaudes comme le jaune, le beige ou le marron. On essaye toujours d’injecter des couleurs dans nos projets à travers les objets pour contraster avec les matériaux naturels comme le bois. On aime jouer avec la patine des matériaux. »

Exposition de la collection “Acte II”, EBUR Editions © Matteo Verzini

Des comptes Instagram inspirants ? 

 

« Il y a tellement de comptes inspirants que finalement on a finit par puiser dans les livres pour avoir nos propres références. On collectionne de plus en plus de beaux livres de décoration, de peinture, de voyage… »

Samarkand par Amine Mahalou, 1988

La personnalité avec qui vous aimeriez dîner ?

 

« Amine Mahalou. Un libanais de l’Académie française dont les romans empruntent vraiment à la culture orientale. Il y a très peu de références littéraires où on peut décrire l’Orient du XVIIIe, XVIIe siècle. Ses livres nous inspirent beaucoup, non seulement pour les noms de nos pièces, mais aussi pour leurs atmosphères. »

Le lieu culturel où vous pourriez retourner toutes les semaines ? 

 

Dahlia : « Les lieux archéologiques comme Pompéi où l’on peut découvrir des surprises partout comme des fresques dissimulées, des ruines… Ou le temple de Bacchus au Liban, je me suis promis d’y retourner dès que je pourrais. »

Pompéi, Italie

Alhambra, Grenade

Racha : « L’Alhambra à Grenade. On y est allées une fois toutes les deux il y a plusieurs années. C’était une claque. Ou alors la villa Médicis avec son magnifique jardin. »

Villa Médicis

L’architecte qui construirait la maison de vos rêves ?

 

Dahlia : « Carlo Scarpa. »

 

Racha : « Un architecte italien du XVIIe siècle qui construisait un palazzo dans la campagne italienne. »

Fondation Querini Stampalia par Carlo Scarpa, 1963

Une scénographie de film ou de lieu qui vous a marquées ? 

 

Racha : « Un film qui m’a marquée depuis que je suis adolescente et dont les images me restent toujours en tête : La Belle et la Bête de Jean Cocteau. »

La Belle et la Bête

par Jean Cocteau, 1946

La Favorite de Yórgos Lánthimos, 2018

Le Guépard de Luchino Visconti, 1963

Dahlia : « Le film La Favorite de Yórgos Lánthimos, les décors et les costumes sont à tomber. C’est dans une demeure du 18ème au Royaume-Uni. On aime beaucoup aussi les films de Luchino Visconti, Le Guépard avec son palazzo à Palerme rococo, Nuits Blanches… »

Le livre qui traîne sur votre table basse ? 

 

Dahlia : « La Mer de Corail de Patti Smith. »

Racha : « Le dictionnaire des lieux imaginaires, une encyclopédie d’endroits fictifs créés de tous les temps par la littérature. »

La Mer de Corail par Patti Smith, 1996

Le dictionnaire des lieux imaginaires par Gianni Guadalupi et Alberto Manguel, 1980

Françoise Hardy en Paco Rabanne, 1968

Votre chanson de l’été ?

 

« N’importe quelle chanson de Françoise Hardy. »

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