Il y a des personnes qui foulent une région et en tombent instantanément amoureuses. Delphine Carrère en fait partie. Il y a trente ans, cette parisienne a emménagé à Biarritz et n’en est jamais partie. C’est là-bas qu’elle a fondé en 2005, son cabinet d’architecture et de décoration. Il faut dire que le Sud-Ouest de la France ne manque ni d’attractivité, ni d’opportunités. La Biarrotte compte à son actif, pas moins de cent-cinquante projets dans la région Nouvelle-Aquitaine, principalement des maisons de vacances et des hôtels entre Bordeaux, Saint-Jean-de-Luz, Anglet et le Cap Ferret.
De l’enveloppe au menu détail, l’Atelier Delphine Carrère pense chaque projet dans sa globalité, en prenant soin de toujours harmoniser son trait moderniste avec la nature océanique et l’architecture atlantique. Delphine réveille également de belles endormies. L’été dernier, elle signait la réinvention du plus ancien hôtel du Cap Ferret, l’hôtel des Dunes. Cet été, elle dévoile le réenchantement de l’hôtel de la plage, une ancienne cantine/dortoir située dans le village de l’Herbe, juste en face des cabanes d’ostréiculteurs du bassin d’Arcachon. Bientôt, elle dévoilera la rénovation de deux autres adresses basques. Rencontre avec l’architecte de la côte atlantique à connaître.
Ton humeur du jour en un mot?
« Légère ! Parce qu’il fait beau, que c’est bientôt les vacances et que je travaille sur des projets que j’adore. »
Les projets qui t’occupent en ce moment ?
« Un projet hôtelier à Saint-Jean de Luz, tout près de la plage, qui ouvrira au printemps prochain. C’est vraiment un petit hôtel, très charmant, en centre-ville, qui serait presque d’inspiration arcachonnaise donc fin 19e, très balnéaire. Nous avons déjà bien sûr tout dessiné et allons attaquer le second œuvre qui est un moment très énergisant puisque l’on va choisir le mobilier, échanger avec les artistes qui vont travailler sur les luminaires, les tableaux… On vient étendre l’hôtel de façon contemporaine tout en conservant son charme. On veut vraiment tout dessiner pour y apporter une dimension Arts and Craft.
Nous allons également livrer fin juillet un hôtel à Arbonne (anciennement l’hôtel Laminak), un petit village juste en périphérie de Biarritz. Contrairement au premier, il est plus situé dans les terres. Nous avons construit plus de 1000 mètres carrés, 35 chambres, c’est un joli morceau, très basque ! Je suis pas mal allée au musée basque pour me replonger dans cette culture rurale. »
Selon toi, qu’est-ce qui a façonné ton goût ?
« Beaucoup de curiosité et de voyages. Je suis notamment allée de nombreuses fois au Brésil et en Italie. Quand je suis en voyage, j’arpente, je visite, je pousse les portes, ce qui peut même souvent agacer mes enfants ! »
Les architectes d’intérieur qui t’inspirent ?
« Les Italiens Andrea Marcante et Adelaide Testa (Marcante Testa) que j’ai rencontrés à Milan il y a quelques années. J’aime la légèreté et en même temps la richesse de leurs projets. Complètement à l’opposé, j’adore le travail de Bernard Dubois, sa subtilité, les volumes, l’équilibre de son dessin, je trouve que c’est extrêmement simple, mais tellement fin. Mais de manière générale, mon moteur reste l’architecture. Je suis plus sensible au design des architectes qu’à celui des décorateurs. »
Une gamme de couleurs qui te suit ?
« Elle varie en fonction du projet, mais généralement, j’aime la couleur des matières comme le gris du béton, le marron du bois, l’ocre de la terre. »
Trois comptes Instagram inspirants ?
L’architecte qui construirait la maison de tes rêves ?
« J’ai déjà la maison de mes rêves au Cap Ferret, une construction d’Yves Salier (architecte français particulièrement connu pour sa contribution dans l’architecture contemporaine de la région de Bordeaux durant l’après-guerre). »
Chez Delphine Carrère au Cap Ferret – Architecture d’Yves Salier © Nicolas Mathéus
Chez Delphine Carrère au Cap Ferret – Architecture d’Yves Salier © Nicolas Mathéus
Les invités de ton dîner parfait ?
« Je suis folle de Pierre Niney, à la fois hyper simple et amusant, tu ne dois pas t’ennuyer avec lui. Philippe Starck que je croise souvent quand je suis au Cap Ferret, je le trouve toujours très drôle et très sympa. Et l’architecte danois Bjarke Ingels, parce que je me dis que quand tu crées une architecture aussi vivante et surprenante, c’est que le personnage doit l’être tout autant. »
Tes dernières découvertes culturelles ?
« La nouvelle galerie Champ Lacombe à Biarritz, l’exposition Brancusi au Centre Pompidou, la dernière édition d’Alcova à Milan »
Les musées où tu pourrais retourner toutes les semaines ?
« Le Musée du Design à Kensington (Londres) ou la villa Necchi à Milan. »
Villa Necchi Campiglio par Piero Portaluppi à Milan
Le livre qui traîne sur ta table basse ?
« Rouge Brésil de Jean-Christophe Rufin. »
Ta chanson de l’été ?
« La performance Modern Love de Zaho de Sagazan pour Greta Gerwig lors du Festival de Cannes 2024. »
