Le mood

d’Ana Kraš

L’artiste serbe Ana Kraš navigue entre les disciplines — photographie, design d’objet, mobilier et mode — et insuffle à chacune d’elles, une poésie tactile, brute mais sensible qui échappe aux tendances et à l’éphémère. Née en Serbie, formée aux Arts Appliqués de Belgrade, elle grandit dans un pays en guerre. Un contexte qui forge son regard singulier. Son premier voyage au Japon, initié par le mannequinat, marque un tournant : celui de la liberté. Mais c’est à Los Angeles puis à New York où elle vit pendant dix ans que son univers créatif s’épanouit. Ses lampes Bonbon dessinées pour Hay la révèlent lors du salon du meuble de Milan.

Alors que sa carrière décolle, Ana Kraš prend un nouvel envol en 2021. La Serbe s’installe à Paris, où elle habite au milieu des prototypes de sa marque Teget, fondée en 2024 avec son compagnon Ruben Moreira. Dans sa langue maternelle, « Teget » signifie bleu marine. Une teinte récurrente dans son travail. Un fil conducteur discret mais puissant. Chaque pièce qu’elle dessine pour Teget semble raconter une histoire intime et personnelle. Rencontre avec une Serbe au goût exacerbé.

Quel jour & heure est-il ? Que faites-vous habituellement à ce moment de la semaine ?

« Nous sommes mercredi, il est 22h44, j’ai eu une journée de travail bien remplie au studio, j’ai mangé un bol de très bonnes pâtes bolognaises que j’ai préparées hier et je suis ensuite allé faire une promenade nocturne pour prendre l’air. Maintenant, je suis de retour et je réponds à vos questions assise sur mon canapé, avant de prendre une douche et d’aller dormir. Je suis généralement chez moi en pyjama à cette heure-là, presque tous les jours, en train de boire une grande tasse de chicorée ou de cacao chaud, ou de prendre un bain. »

Ana Kraš

Vos envies créatives ?

« Faire des papiers peints en soie. »

Coussin Carreaux par Teget

Votre humeur du jour en un mot ?

« Paisible. »

Votre obsession du moment ?

« Les ragoûts et les currys. »

Table basse Mara Brother – Night Noise par Teget

Via @anakras.teget

Votre « Madeleine de Proust » ?

« L’odeur des pins sur la côte croate. »

@anakras.teget

Quelles étaient vos envies, enfant ?

« Faire des constructions en lego toute la journée, et dessiner. »

Selon vous, qu’est-ce qui a influencé et façonné vos goûts ?

« Ma famille, silencieusement ; Belgrade, ma ville natale et le Japon où j’ai passé 8 mois à l’âge de 16 ans. »

Lampe à panneau Monténégro par Teget

Via @anakras.teget

Quelle est la genèse de Teget ?

« J’ai eu envie de créer un espace où mes différents travaux pourraient cohabiter, un endroit où je pourrais tout faire, du design de chaque objet à la direction créative et à la photographie, sans avoir à faire de compromis. »

Lampe à panneau – Icescape

Lunettes de soleil Teget x Retrosuperfuture T

Table d'appoint Mara T – Coffee Noise

Le projet qui vous occupe le plus en
ce moment ? Quelles sont les sources
d’inspiration de ce projet ?

« « L’aménagement de l’appartement que je viens d’acheter avec mon compagnon. Je n’ai pas le temps de réfléchir car les rénovations doivent commencer immédiatement pour que nous puissions emménager rapidement. Je vais décorer l’espace avec des matériaux que j’aime, de cette façon je sais que j’aimerai y vivre. »

Coussin Ram par Ana Kraš pour HAY

Via @anakras.teget

Un nouveau matériau que vous
avez utilisé récemment ?

« Le verre. C’est un nouveau matériau pour moi. Cela fait des années que j’en ai envie, mais je n’ai jamais trouvé le temps. Cette année, j’ai réalisé quelques pièces dans l’atelier du père d’un ami et j’ai vraiment adoré. »

Forme, fonction ou fantaisie ?

« Je dirais 40/40/20. »

Teget à MATTER and SHAPE 2025

Une palette de couleurs qui vous a toujours suivie ?

« Gris, sable, chocolat et marine. »

Via @anakras.teget

Table d’appoint Mara T par Teget

Trois comptes Instagram inspirants ?

@clarissedemory

@camillaginevra_

@werebros

Les artistes ou personnalités avec lesquels vous aimeriez dîner ?

« Tadao Ando et Angelina Jolie. »

Musée d’art de la Prefecture de Hyogo par Tadeo Ando

Trois vêtements intemporels ?

« Un pull souple à col en V pour homme en noir, une paire de chaussures orthopédiques, un bracelet en or à maillons cubains. »

L’objet qui a le plus de valeur sentimentale pour vous ?

« Les objets qui appartenaient aux personnes que j’ai perdues. La chemise de mon père, une boîte à outils qu’il avait achetée pour moi et un pull en terre cuite que ma grand-mère Mara avait fabriqué et que je portais lorsque j’étais enfant. »

La prochaine pièce de mode que vous aimeriez acquérir ?

« Un manteau simple, long comme une cheville, avec des boutons cachés et une forme en A très subtile. Je vais devoir le fabriquer comme la plupart de mes vêtements, car je ne trouve jamais ce que je souhaite. »

Si vous étiez un objet, quel serait-il ?

« Une assiette avec un encadrement néoclassique et peut-être des dessins de citrons sur le bord. »

Pour ou contre Instagram ?

« J’avais l’habitude d’aimer Instagram, mais depuis peu, ce n’est plus le cas. Je n’aime pas que les algorithmes fassent en sorte que je ne voie pas les contenus des personnes que je suis sur mon fil d’actualité. Au lieu de cela, je vois un tas de bêtises. J’ai l’impression de perdre mon temps. J’aimerais qu’Instagram devienne une application payante qui ne montre que ce que vous choisissez de voir, et qui permette à vos followers de voir ce que vous publiez. Instagram a perdu tout ce qu’il y avait de bien en lui. »