Fondé par les membres d’un même clan, Kann est né d’un savoir-faire familial. L’histoire commence au Liban, dans la menuiserie du père d’Houssam Kanaan, niché dans le petit village de Beit-Chabab. C’est ici que le futur fondateur du studio Kann grandit et développe son goût pour la création auprès de son père, ébéniste de métier. C’est ici aussi que ses meubles seront fabriqués quelques années plus tard. Mais le projet ne se porte pas seul dans cette famille passionnée d’artisanat. Houssam est ainsi rejoint par sa femme, Meghedi Simonian, son frère Samer Kanaan et son ami Rudy Bou Chebel.
L’éditeur et fabricant de meuble vend aujourd’hui ses créations dans plus de vingt-cinq pays. Sa dernière collection en date ? Des canapés au design innovant en collaboration avec Charles Kalpakian. Forte d’une maîtrise totale de sa chaîne de production, Kann impose son style entre design minimaliste et fonctionnalisme.
Rencontre avec un studio multigénérationnel.
C’est quoi la signature Kann ?
« La signature de Kann est dans le ″coup de patte″ de notre atelier. L’ADN de la marque est indissociable de l’atelier familial au Liban et c’est cette fibre principale d’ébénisterie qui compose notre histoire. Maintenant il y a des soudeurs,des peintres, des canneurs etc. qui sont vraiment à l’intérieur. »
Comment travaille-t-on en couple ?
« Ce n’est pas toujours évident. Il a fallu trouver un équilibre entre vie intime et vie professionnelle, faire en sorte que la vie professionnelle ne prenne pas toute la place. »
Forme, fonction ou fantaisie ?
« On est sur des formes simples chez Kann. Et on accorde beaucoup d’importance à la fonction. »
Vos envies créatives du moment ?
« Imaginer des canapés. On a lancé le canapé Cut, le canapé Timber et on travaille sur un prochaine pour 2023.»
L’histoire du Timber avec Charles Kalpakian ?
« Charles est un designer qu’on suit depuis un moment qui avait fait une collection pour une galerie indé au Liban. Ses meubles avaient été fabriqués dans nos ateliers au Liban. On avait une demande importante de canapés et on a donc décidé de collaborer ensemble. La structure en bois dans la collection démarque avec le confort des tissus. »
Qu’est ce qui a influencé votre goût ?
« Mon grand-père maternelle voulait construire une grande maison et mon père y a fait toute la menuiserie, d’où cette passion pour le bois. Mon grand-père a énormément voyagé et a transmis à mon père et moi le goût pour le design d’autres pays ce qui fait qu’aujourd’hui nous ne proposons pas des produits au style complètement libanais mais plutôt quelque chose sans étiquette, multi-culturelles. »
Votre matière fétiche ?
« On aime bien aussi s’aventurer, expérimenter. Mais bien sûr on est plus à l’aise dans le bois. »
Quelle essence de bois travaillez-vous ?
« Actuellement c’est beaucoup le chêne français. On aime beaucoup l’effet de la teinte sur lui, il absorbe le vernis d’une façon qui nous plait. Le veinage en ressort marqué. On le voit maintenant depuis trois ans. Ça a commencé avec la collection Galta et la collection Tal et maintenant avec les canapés Timber. »
Votre héritage artistique ?
« J’habitais à côté de l’atelier avec mes parents. J’adore la culture de la vie des artisans, cette solidarité, cette manière qu’avait de vivre mon père. »
Vos sources d’inspirations ?
« On regarde beaucoup de photographies. Un de nos associés, Rudy Bou Chebel est photographe. On aime bien les photographes d’architecture comme Serge Najjar qui sont assez brutalistes.
Sinon pour revenir aux designers, j’aime beaucoup Finn Juhl comme référence. »
2 comptes Instagram à suivre ?
Un designer qui vous inspire ?
« J’ai une grande admiration pour les frères Bouroullec. J’aime beaucoup le travail de Inga Sempé aussi, elle a des pièces incontournables. »
Trois pièces à chiner sur leboncoin ?
« Des vases décoratifs, une table d’Arne Jacobsen et une chaise vintage de Charles Eames. »
Quelle couleur vous inspire ?
« Le vert. Depuis qu’on a fait les chaises Tal je trouve que c’est une couleur intéressante. »
Une scénographie de film ?
« The Shining de Stanley Kubrick.»
Un lieu inspirant ?
« Le bal, un tiers-lieu autour de l’image dans le dix-huitième arrondissement, à Paris. »
Un repère ?
« Beit-Chabab, mon village d’enfance qui veut dire ″la maison des jeunes″. C’est un village ou il y a énormément d’artisans. Il y a le dernier artisan qui fabrique des cloches, d’autres qui fabriquent des couteaux, des vases avec la terre rouge de là-bas…. »