Votre style en 3 mots ?
« Authentique, éclectique et intemporel. »
Architecte d’intérieur originaire du Pérou, Diego Delgado Elias est passé par Miami avant de poser ses valises à Paris. Après diverses expériences dans de grandes agences, le cosmopolite fonde en 2014 son propre studio et se fait rapidement un nom. Aimant les défis, il n’hésite pas à s’atteler à des projets difficiles, à l’instar d’un appartement haussmannien quasiment en ruine auquel il a su redonner vie. Sa prochaine étape ? Une collection de mobilier dont les dessins sont encore secrets. Rencontre.
Comment votre appétence pour l’art s’est-elle manifestée lorsque vous étiez enfant ?
« Enfant, je passais toute la journée avec un stylo et un crayon. J’étais très doué pour le dessin. Mais ce qui est drôle, c’est que je dessinais généralement des bâtiments ! J’esquissais des plans avant même de savoir que mes dessins étaient de véritables moyens architecturaux de communiquer des idées. »
« Non, pas du tout. J’ai toujours été tiraillé entre l’art et l’architecture. Après le lycée, je suis entré dans une école d’art. D’ailleurs, ma mère est une peintre de talent. Là-bas, je me suis immédiatement intéressé à la sculpture et au processus qui permet de passer du dessin à l’objet réel. La toile était un peu comme une boîte dont je voulais m’échapper, naturellement je me suis orienté vers l’architecture. »
Où avez-vous grandi ?
« Le Pérou est un pays tellement magique, et j’ai la chance d’avoir eu l’occasion d’en visiter différentes parties. Malheureusement, on réduit souvent ce pays à la richesse du Machu Picchu sans savoir que l’on peut y trouver tous les grands courants architecturaux : art déco, modernisme, brutalisme et bien d’autres encore. »
Pourquoi avez-vous choisi Paris comme point d’ancrage ?
« Je suis venu à Paris pour suivre un master en architecture à l’Ecole Spéciale d’Architecture. La perspective de vivre en Europe et de découvrir de mes propres yeux beaucoup d’œuvres que j’avais étudié auparavant me réjouissait. »
Vous avez aussi travaillé aux Etats Unis, vous ne vous y plaisiez pas ?
« L’histoire, c’est que je suis allé à Miami pour un été et j’ai réussi à obtenir un entretien avec Bernardo Fort Brescia, fondateur d’Arquitectonica. J’ai été embauché tout de suite, d’abord comme stagiaire, puis j’y suis resté quelques années. Puis, lorsque j’ai décidé de venir à Paris pour mes études supérieures, on m’a proposé de travailler au sein de leur bureau parisien. Une chance ! »
Que recherchent les clients qui font appel à vous ?
« Nos clients viennent chercher principalement un accompagnement global et apprécient notre sens du détail : nous pouvons passer une semaine à dessiner une poignée de porte ! »
Comment vos origines se retranscrivent-elles dans votre travail ?
« Mes racines péruviennes influencent mon travail, mais pas de manière explicite, il s’agit plutôt d’une réinterprétation de mon héritage avec mes propres expériences, issues du temps où j’ai vécu au Pérou ou ailleurs.
Je dirais que mon travail est très personnel et qu’il reflète mes expériences vécues. Il est empli de nostalgie. On peut dire qu’il est une recherche constante de ce sentiment passé. »
Le matériau qui vous caractérise le plus et pourquoi ?
« Le bois, pour la diversité de son utilisation. »
Pouvez-vous nous en dire plus sur le style, les matériaux que vous allez utiliser etc ?
« Je m’appuie essentiellement sur l’art andin, ses matériaux, ses couleurs, son iconographie et son savoir-faire, davantage comme une référence que comme une esthétique.
C’est une référence tellement riche : pensez à la céramique, aux textiles, aux métaux, au travail du bois et à bien d’autres choses encore. Vous en saurez plus très bientôt … »
L’architecte d’intérieur que vous admirez le plus et pourquoi ?
Une couleur que vous incorporez à tous vos projets (ou presque !) ?
Vous travaillez aussi à une collection de mobilier, est-ce une première pour vous ? Qu’est-ce qui a motivé cette envie ?
« Effectivement. Nous dessinions déjà du mobilier dans le cadre de nos projets mais l’éditer sous la forme d’une collection, que nous allons auto-éditer, nous apporte plus de liberté et permet d’explorer le savoir-faire et l’artisanat Péruvien. J’ai passé mon premier confinement au Pérou et cela m’a permis de prendre le temps de redécouvrir la richesse et les possibilités des matières présentes sur place. C’est ce qui a inspiré les premières pièces de la collection. »