Styles
15 novembre 2022
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15 novembre 2022
Depuis toujours, les créatifs vouent un culte à l’iconographie de l’Égypte antique, de son Sphinx de Gizeh à la pyramide de Khéops en passant par Cléopâtre. Les designers et architectes égyptiens comme les égyptophiles font rayonner le berceau de la civilisation, sa culture millénaire, ses savoir-faire séculaires, immortalisent son aura mystique en les remixant aux codes contemporains. Ce mois-ci particulièrement. Une dizaine d’artistes est invitée à porter un regard nouveau sur les reliques égyptiennes de Gizeh, théâtre du deuxième volet de l’exposition « Forever is Now », et Kim Jones fait défiler l’Homme Dior au milieu du désert des pyramides.
Les illustrations mythologiques de Louis Barthélémy, l’architecture pharaonique de Seilern Architects à El Gouna, le mobilier aux influences arabes de REJO, les amphores néo-antiques d’Aimee McLaughlin, le pigeonnier coloré de Laila Gohar et Muller Van Severen… Les cinq nouvelles merveilles d’Égypte ? Moodboard.
Style
NÉO-ANTIQUE
Emblème
PYRAMIDE
Exposition
FOREVER IS NOW II
Film
MISSION CLÉOPÂTRE
Depuis le 27 octobre et jusqu’au 29 novembre, les pyramides de Gizeh se disputent l’attention avec les œuvres contemporaines d’une dizaine d’artistes locaux et internationaux (Jwan Yosef, eL Graine, Emilio Ferro, Ahmed Karaly, Therese Antoine) venus présenter de la manière la plus authentique leurs installations énigmatiques.
Cette deuxième édition de « Forever is Now » d’Art D’Égypte réfléchit sur le temps et l’intemporalité, la terre et l’histoire, l’écologie et l’humanité à travers des architectures toutes plus mystiques les unes que les autres et des médiums variés comme le calcaire Galala, la fibre, l’acier corten, le bois ou encore l’acrylique.
Et ce n’est pas le seul événement auquel Gizeh a assisté cette année puisque c’est là-bas, dans le désert égyptien, que Kim Jones (directeur artistique de Dior Homme) a posé ses valises pour la collection Automne 2023. Dans ce lieu spectaculaire, le créatif entame « une conversation entre deux mondes, entre le passé et l’avenir : comment l’héritage façonne le futur ou comment le futur naît du passé ». Un hommage à la passion de Christian Dior pour les symboles et superstitions.
Cap sur la station balnéaire d’El Gouna, où le cabinet basé à Londres Studio Seilern Architects a achevé cette année le Centre culturel et de conférence d’El Gouna, un institut situé sur la côte ouest de la mer Rouge qui accueille chaque année des événements culturels et sportifs internationaux.
Une prouesse architecturale entre Égypte ancienne et moderne qui rend hommage à l’esthétique mauresque, à la monumentalité égyptienne et aux panoramas environnants.
Publié à l’occasion des 100 ans de la découverte des trésors de Toutankhamon (4 novembre 1922) et des 200 ans du déchiffrage de la pierre de Rosette, le livre « Egyptomanie et Art déco » retrace en photographie la curiosité insatiable des créatifs pour l’Égypte antique, terreau fertile pour les artistes Art déco qui trouvèrent particulièrement dans ses lignes et ses motifs, l’inspiration.
Toujours pour fêter ces deux découvertes majeures, Pierre Frey et Le Louvre ont collaboré main dans la main pour présenter une nouvelle collection de tissus, de papiers peints et de tapis qui revisitent le monde du sensible à travers l’évocation d’une faune et d’une flore luxuriantes brodées sur lin.
Laura Gonzalez projette l’Égypte antique dans l’univers numérique avec son œuvre virtuelle Althea Goddess Garden imaginée pour le 35e anniversaire de Elle Décoration. Mise aux enchères sur la plateforme Super Rare Collection, la NFT met en scène au milieu d’un temple millénaire, la naissance d’une console dont les formes rappellent les friandises des Égyptiens.
Il y a quelque chose de terriblement mystique dans le travail du studio REJO. Fondé par Reem Olyan et Jumana Qassem, deux Palestiniennes rencontrées à l’Université d’ingénierie et d’architecture islamique de Gaza, REJO mêle différentes influences du monde arabe dans ses créations, de l’esthétisme traditionnel du Moyen-Orient à l’œuvre moderniste de l’architecte égyptien Hassan Fathy.
L’illustrateur et créateur textile français Louis Barthélémy conte l’Égypte antique à travers des tapisseries mythologiques poétiques : les paysages désertiques du Nil, les rituels des pharaons, les histoires d’amour et les fantasmes érotiques… Basé au Caire, l’égyptophile brode la toile de coton et renoue avec l’artisanat égyptien en confectionnant des « khayamiya », fresques traditionnelles réalisées selon une technique millénaire.
On dit que Cléopâtre a utilisé le contenu d’une amphore pour séduire Marc-Antoine… Récipient le plus utilisé sous l’antiquité pour le transport du vin, de l’huile d’olive, de la bière, ou encore du parfum, l’amphore est aujourd’hui sacralisée comme un objet de désir visuel, une pièce à exposer et contempler. Et ce n’est pas Aimee McLaughlin, créatrice d’Objet Aimée qui dira le contraire. Ses vases et pots en céramique sont une réminiscence néo-antique aux flacons de la dernière reine d’Égypte.
À l’occasion du Salone del Mobile de Milan 2022, l’artiste égyptienne basée à New York Laila Gohar a collaboré avec le studio Muller Van Severen pour retwister le colombier d’Égypte. Résultat : les différents étages du pigeonnier sont réinventés à travers des planches en polyéthylène aux colorblocks ludiques, signature de Fien Muller et Hannes Van Severen.
Côté mode, les pyramides, les amphores et les nuances blanchies du Soleil inspirent une garde-robe doucement ésotérique qui donne le goût de l’évasion et du voyage.
Né sous X puis adopté en France, Olivier Rousteing s’est longtemps rêvé Égyptien. S’il a abandonné ce fantasme en apprenant que sa mère est somalienne et son père éthiopien, il continue de célébrer le pays à travers les collections de Balmain. Sa dernière est gorgée de références égyptiennes : robes à bandages façon momie, détails à aspic (cobra égyptien avec lequel se serait suicidée Cléopâtre)… Un hommage ornemental majestueux.