Matières givrées

Les maîtres de la résine et de l’acrylique seraient-ils sud-coréens ? C’est ce que laissent penser les œuvres des artistes Wonmin Park et Yun Sohyun. Le duo arrive à capturer l’aspect nébuleux de la brume en jouant avec la transparence, la lumière et la couleur. Comme des blocs de glace colorés parfaitement taillés et assemblés, les pièces donnent à voir des assises d’une modernité sensible, délicate, presque onirique. De véritables  « meubles d’art » à l’aspect givré.

La résine coule également chez Théorème Editions pour former des œuvres compactes et lisses, comme du verglas. Une poésie – géométrique et symétrique –  rafraîchissante qui diffère de celle des créations de Sabine Marcelis et Wentrcek/Zebulon à l’apparence chaude et sucrée, comme du nougat ou du caramel. 

Les aspects de la résine sont infinis. Elle perd parfois de sa transparence pour dévoiler un aspect laiteux et nébuleux. Un traitement particulier retrouvé sur les créations lactées et évanescentes de Sabine Marcelis, la maître en la matière.

Nouvelles stars de la cosmétologie, les savons et shampooings solides se couvrent eux aussi d’un nuage de lait. Ils adoptent une apparence semi-opaque et des lignes épurées qui viennent flouter les frontières entre design et cosmétique.

Résine, acrylique ou matières organiques ? Les designers Emma Sicher et Margarita Talep explorent les formes, textures et couleurs d’éléments biodégradables comme la peau des fruits et légumes pour créer des emballages non polluants. Résultat : des ustensiles écolo, colorés qui entrent dans les codes du design. 

Quand la résine s’empare du design, c’est la gélatine qui trouble le monde de la cuisine. Rose guimauve, vert pistache, violet lavande et bleu menthe givrée, ces couleurs sorbets sont parfaitement maitrisées dans les assiettes comme sur les créations des designers inspirés. Une tendance qui s’entremêle entre les deux domaines (à redécouvrir dans le moodboard Foodorama).

Cette semi opacité se dessine avec des superpositions et dégradés maitrisés ; elle se travaille avec des plaques en résine mais aussi en verre ou plexiglass. Quelles que soient la matière et la manière, son aspect se révèle plus que jamais sensoriel.

La résine s’invite à Miami chez la maison Fendi qui a célébré les 10 ans de son sac Peekaboo et ses 10 années de présence à Design Miami. Pour l’occasion, Sabine Marcelis a dévoilé une installation pensée comme une cascade de dix fontaines en résine moulée, aux lignes épurées et aux couleurs chaudes ainsi qu’une édition limitée du Peekaboo.

Le retail devient un terrain de jeu résineux où s’amuse toujours et encore Sabine Marcelis. Dans les magasins Opening Ceremony, le tartan signé Burberry est coulé dans des panneaux de résine pour former des toiles de fond destinées à être exposées. Alors que chez Celine, ses cubes translucides se transforment en stèles aux nuances pastels.