Héritage
25 avril 2019
Héritage
25 avril 2019
C‘est l’histoire d’une petite communauté installée en Amérique, au XIXe siècle, qui inspire plus que jamais le design contemporain. Le mouvement religieux Shaker réunissait des quakers anglais protestants : des hommes et des femmes (sur le même pied d’égalité) qui apparaissent aujourd’hui comme les précurseurs des fonctionnalistes. Un design au service d’un mode de vie communautaire donc, où le style monacal inspirait une esthétique épurée et était une ode aux tâches ménagères et au travail minutieux des mains et du bois. Entre influences sur le design scandinave d’après-guerre et réinterprétations contemporaines : l’héritage du mouvement Shaker (vu comme une utopie par le passé) est infini.
OBJET
Balai
STYLE
Atelier
DESIGN
Utilitaire
DATE
1774
Dès l’après-guerre, l’héritage Shaker influence l’esthétique épurée fonctionnelle des designers scandinaves et autrichiens. Ces pièces mid-century devenues l’apanage de collectionneurs se dénichent sur Pamono qui recense une sélection de meubles, luminaires et accessoires qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Cette commode de Kai Kristiansen, ces chaises Altheim par Franz Schuster, ou encore ce banc signé Carl-Gustaf Hiort af Ornäsen en sont la parfaite illustration.
En 2016, l’exposition Furnishing Utopia réunissait 11 designers de tous horizons pour un atelier d’une semaine dans le Massachusetts et au Mount Lebanon Shaker Museum, dans l’État de New York. Le brief : s’inspirer de l’esthétique Shaker et en proposer une interprétation contemporaine. Résultats éloquents : un toolbox, des paniers en bois courbé de Studio Gorm, un bureau et des brosses multicolores de de Ladies & Gentlemen Studio entre autres…
En 2018, la 3ème exposition « Hands to work », toujours orchestrée par Sight Unseen, a cette fois-ci demandé à 25 studios de méditer sur les attitudes contemporaines à l’égard des tâches quotidiennes. Célébrer les banalités du quotidien et transformer les tâches ménagères en rituels : tel était le crédo pour comprendre et réinterpréter « des philosophies qui se retrouvent dans les cultures japonaises, scandinaves et Shaker » expliquaient Ladies & Gentlemen et le Studio Gorm…
À Toronto, la galerie Mjölk mettait judicieusement en perspective des meubles Shaker d’origine et de fascinantes réinterprétations contemporaines. L’influence du mouvement est d’autant plus marquée chez de jeunes studios comme Néri & Hu Torsten Sherwood ou Pinch ainsi que pour toute une génération de makers américains.
S’inspirer des shakers pour leur esthétique mais aussi pour leur mode de vie simple et communautaire. C’est l’idée d’Antoine Ricardou lors qu’il a imaginé l’hôtel Le Barn dans la fôret de Rambouillet. Il nous confiait, ici, s’être inspiré du livre « Shaker built » pour faire du mouvement Shaker l’un des fils conducteurs de cet hôtel pas comme les autres.
On constate aussi chez de nombreuses maisons éditions un « commitment to craft », pensé dans le respect des valeurs authentiques et humanistes du mouvement Shaker. Dans cette lignée, la marque Stellar Work exposait à Milan, il y a quelques jours, le travail du jeune australien Tom Fereday mais aussi celui du danois Jens Risom, designer phare des années 50. Un héritage intergénérationnel qui dépasse les nationalités.