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Le nouvel album de

Jane Birkin

Tout semble avoir déjà été dit : son timbre gracile, ses fautes de français, son espièglerie, son panier et ses jeans évasés, ses trois enfants, sa filmographie jalonnée par Agnès Varda, Jean-Luc Godard, ou Jacques Doillon. Pourtant Jane Birkin, a encore bien des choses à dire : 12 ans après son dernier album de titres inédits, elle revient avec un album appelé Oh pardon tu dormais…” – mis en musique par Etienne Daho et Jean-Louis Piérot – dont elle a écrit tous les textes. En attendant sa sortie le 20 novembre, elle dévoile un premier titre “Les Jeux Interdits”. Une chanson qui rappelle que derrière la photo en noir et blanc, le refrain, la robe en crochet ou l’accent se cache une artiste singulière…

 

Entre deux ballades sur les plages du Pays des Abers, trois lectures historiques et quatre insomnies, Jane Birkin se livre sur ses inspirations, souvenirs et passions.

Les jeux interdits

Que raconte cette chanson ?

 

« Mes filles étaient fascinées par le film “Les Jeux interdits” de René Clément, elles l’ont vu et revu. Elles ont fait pareil en enterrant tout ce qui tombait sous la main : même le rôti du dimanche y passait. Absolument tout. C’était formidablement charmant, loufoque. C’est une chansons bercée par ce souvenir de Kate et Charlotte à Cresseveuille quand j’avais le petit presbytère qui donnait sur le cimetière. »

Jane et ses filles Kate et Charlotte en compagnie de Serge Gainsbourg en Normandie, août 1977

« “Jeux interdits” c’est un souvenir très doux, très charmant. Ma fille Kate trouvait que c’était injuste que dans le cimetière, il y ait des tombes avec plein de fleurs, de mots touchants et d’autres sans rien. Donc elle s’est mis à tout répartir et plus rien ne correspondait ! On nous a prié de remettre le cimetière en ordre. C’était fait de si bon cœur, c’est d’ailleurs ce que j’ai expliqué au maire, quand on est enfant on pense que tout le monde devrait avoir un petit peu. Cette chanson raconte ces souvenirs qu’Étienne Daho a rendus plus malicieux, sur une tonalité plus épicée. »

 

Comment a été composée cette chanson?

 

« Pour cette chanson, l’écriture a été assez fulgurante. Avec Étienne nous avons passé peu de temps ensemble mais les jours où nous nous sommes vus on a travaillé énormément, c’était magique. Un mot en déclenchait un autre. Il a relevé tout ce que j’avais écris dernièrement, dans mon journal intime, mais aussi dans deux chansons que j’avais démarrées pendant la tournée de Gainsbourg Symphonique quand Kate me manquait trop. C’était un mélange de tout ça. »

Un mot pour décrire votre mood du moment ?

 

« Il y a une phrase qu’Étienne dit tout le temps donc je vais le paraphraser : “ah ce matin tu es solaire…!”. »

Solaire

Comment avez-vous imaginé le clip avec le réalisateur Romain Winkler ?

 

 

« J’avais envie que ça ressemble à un film en Super 8 de mes enfants. Comme elles sont trop grandes maintenant, j’ai pris ma petite fille Joe qui joue un des personnages. Je trouvais ça dommage que ma troisième Lou ne soit pas représentée, même si dans mes souvenirs de cimetière à Cresseveuille elle n’était pas née, donc j’ai mis une bambina très charmante assise sur un tambour. C’est nostalgique sans être triste, enfin sans un côté dépressive. »

Jane Birkin – 1974, a Cannes

Jane Birkin dans sa maison sur  l’île de Wight, 1972.

Quelle est votre Madeleine de Proust ?

 

« Le problème des Madeleines de Proust c’est qu’on ne sait pas avant de prendre la première bouchée où elle va vous emporter. C’est être tout d’un coup projeté en arrière par une odeur, un goût et vous êtes alors dans une chambre avec votre grande tante ou avec vos grands-parents sur la plage.

 

Je suis très nostalgique de mon enfance, avec ma soeur et mon frère dans l’Île de Wight, de nos escapades sauvages. Il me semble et c’est justement parce qu’on ne peut pas vérifier que peut-être nos souvenirs sont encore plus merveilleux. »

Quel est le sujet principal de cet album ?

 

« C’est toujours autour de l’amour, de la passion, les coups de foudre qui ne durent pas. Soit le regret de ne plus être dans une histoire de coup de foudre qu’on reconnaît chez les autres ou alors la panique d’être dans cet état – où on a juste peur de perdre – ou les scènes de ménage la nuit où vous voulez entendre des choses que l’autre personne parce qu’elle dort à moitié n’est pas prompte à dire. »

Pourquoi ce titre “Oh pardon, tu dormais ?

 

« J’ai souvent retrouvé cette phrase en relisant mes journaux intimes. J’ai toujours eu la même angoisse d’être la seule qui ne dormait pas pas, à l’internat ou quand j’avais 17 ans et que j’étais mariée. À la fin tu ne dis même pas “est-ce qu’il y a quelqu’un qui est réveillé ?” de peur du silence qui suit. Il me semble que j’ai toujours été une très mauvaise dormeuse. Du coup j’ai une chance folle de faire ce métier où ce n’est pas nécessaire de se réveiller le matin où il faut être pimpante vers 8h du soir. »

© Photo12/ AFP

Foire du Trone Paris 1970 © Tony Frank

« Je crois que ce n’est pas juste moi, je crois qu’il y a d’autres personnes qui vont se reconnaître dans ces histoires d’insomnies et de solitude, dans cet album. Si vous voyez votre partenaire inerte à côté de vous, il vous semble que c’est le bon moment pour poser une question très importante pour vous du genre “est-ce que vous m’aimez à 2h du matin c’est pas sure qu’il va vous dire oui… Et d’ailleurs ça ne peut pas être suffisant parce que c’est pas seulement “est-ce que vous m’aimez mais “est-ce que vous m’aimerez toujours après ça la réponse est souvent pas celle qu’on espérait donc ça tourne au vinaigre, comme on dit en français. »

Quelles sont vos occupations d’insomnie ?

 

«  C’est un peu n’importe quoi, je bouquine souvent. J’avais lu une chose très intéressante de Cléry pendant le confinement : les journaux des personnes qui se trouvaient avec Louis XVI, Marie-Antoinette et leurs enfants à la Tour du Temple pendant la Révolution. C’était fascinant à lire. Mais ça c’est mon côté anglais j’aime les récits historiques, les anecdotes. Je me demande pourquoi on n’en raconte pas plus aux enfants pour rendre plus fascinants les cours. »

Les lectures de Jane

Les artistes qui vous inspirent  ?

 

« C’est peut-être banal de dire mes propres filles mais c’est vrai. J’ai hâte que Lou écrive un autre disque et Charlotte est en train aussi. Elles sont si différentes, vraiment le soleil et la lune, mais pour moi fascinantes. Et musicalement c’est une surprise toujours. »   

Charlotte Gainsbourg – Photo Markus pritzi

Lou Doillon

Votre chanson du moment ?

 

« Comment est ta peine ? ” de Biolay est dans ma tête depuis quelques jours cette chanson, peut-être à cause du titre d’ailleurs.  »

Comment est ta peine ?

La sortie que vous attendez ?

 

« J’ai hâte d’entendre le nouveau d’Eddy de Preto, j’avais adoré ses mots. Ça m’avait porté tout un été. Je l’ai suivi partout en plus, je participais aux mêmes festivals que lui. Donc je cavalais vers son concert et je m’allongeais par terre comme ça je voyais ses pieds – pour ne pas me mettre dans la foule comme j’allais jouer juste après. Et je connaissais toutes ses chansons par cœur. » 

PULL MARINE

L’œuvre qui vous rend émotive ?

 

« J’ai relu “Les Misérables” de Victor Hugo et j’étais ravie car je me souvenais très bien du téléfilm que Charlotte avait fait avec Depardieu qui était très bien, elle jouait Fantine. Avant le covid, on était en tournée et quand on était coincé dans les trains je me plongeais dedans. J’ai sangloté dans le TGV sur la mort de Fantine… »

Un lieu où vous aimez aller ?

 

« J’aime me balader en Bretagne sur les plages du Pays des Abers . À Paris, ça vaut le coup pour rigoler d’aller dans les Catacombes bien sûr. Il y a un musée un peu étrange à Maison-Alfort, le musée Fragonard où on voit des cadavres qu’on n’a gardé juste avec des muscles, c’est des écorchés.

Les anglais viennent en masse pour voir ça, les français ignorent que c’est là et peut-être que ça les dégoute un peu. Mais les anglais ça les intéresse parce qu’on n’a pas l’équivalent chez nous. »

Votre dernière découverte ?

« Je suis beaucoup en Bretagne et j’ai rencontré un type qui fait des miniatures, des maquettes. Il s’appelle Ronan-Jim Sévellec, il fait des scènes avec des meubles pas plus grands que l’ongle de mon pouce. C’est pas tout mignon comme une maison de poupée, il y a des taches en dessous, il est dément. Et donc je suis allée le chercher, je l’ai trouvé, j’espère travailler avec lui sur un futur projet. »

Auto-portrait de Rembrandt

L’œuvre dont vous rêvez ?

 

« Un auto-portait de Rembrandt. Il avait un miraculeuse exposition il y longtemps en Angleterre, je crois, où c’était juste les autoportraits de Rembrandt donc tu le vois pimpant jeune homme et tu le vois déchu ayant perdu sa femme, son fils, son argent à la fin avec un visage tellement abattu. Tu découvres toutes les périodes de sa vie. On mettrait ça dans un couloir j’adorerais ! »

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