Si l’on devait résumer Louise Follain en une expression ça serait « tout feu tout flammes ». Elle a débuté en tant que mannequin avant de devenir photographe, styliste (pour Sessùn le temps d’une collaboration), puis de fonder en 2020 son Magazine, Combo dont elle est aujourd’hui la rédactrice en chef. Sorte de cadavre exquis de ses souvenirs de voyage et inspirations, Combo crée des ponts entre les disciplines (mode, arts visuels, photographie, poésie) avec une approche naïve et régressive qui emprunte ses codes à l’enfance. Petite, elle créait déjà ses propres cahiers de style à partir d’images prises dans des magazines. Aujourd’hui, elle affiche ces styles sur son compte Instagram aux 250 000 abonnés (@louisefollain) et retranscrit ses patchworks dans sa revue. La boucle est bouclée.
Quel jour & heure est-il ? Que faites-vous habituellement à ce moment de la semaine ?
« Nous sommes jeudi 8 février, il est 11:48. Il est difficile pour moi de parler d’habitude car mon emploi du temps est différent d’une semaine à l’autre. Actuellement, je suis en transit à Lisbonne pour rentrer en France après un voyage à New York. »
Votre mood du jour ?
Vos envies créatives du moment ?
« Rassembler des artistes autour d’une exposition collective. Et faire un livre de photos accumulées lors de mes voyages. »
Quel est votre premier choc esthétique ?
« Les Demoiselles de Rochefort. Je pense que cela a marqué mes goûts à vie ! »
« Les Demoiselles de Rochefort » par Jacques Demy, 1967
Selon vous, qu’est-ce qui a influencé et façonné votre goût ?
« Ma famille. Nous allions très régulièrement dans des musées et ma mère m’a sensibilisée à l’art très jeune. De plus en plus, je réalise à quel point ma grand-mère, qui est artiste, sculptrice, et qui travaille notamment avec le métal, et moi avons des influences communes. Nos imaginaires sont étrangement similaires, sans que cette inspiration ait été consciente de ma part. C’est fascinant comme cette connexion est forte ! »
Le projet dont vous êtes le plus fiers ?
« C’est un projet qui n’est pas encore sorti mais qui va voir le jour cette année. Il découle cependant directement de mon magazine, Combo. »
Quels sont vos rituels pour créer ?
« J’ai besoin d’être en mouvement pour m’inspirer et me nourrir, et ensuite d’être statique, sans distraction, pour créer. En général, ces moments s’imposent. Quand je sens que je bouillonne d’idées, je me pose, je tente de m’ennuyer. Sans cet ennui, c’est dur d’aller au bout de ces idées, aussi nombreuses soient-elles. »
Le projet qui vous occupe le plus en ce moment ?
« En ce moment je voyage énormément pour le mannequinat, mon activité principale. Mais j’ai plusieurs projets en cours qui vont m’occuper ces prochains mois, dont je ne peux pas encore parler. »
Quelle est la philosophie de Combo Magazine ?
« L’essence de Combo, c’est ça : des ponts entre les disciplines, les combinaisons des mondes, avec un aspect très intuitif, qui provient de l’enfant en chacun de nous. « Live, Play, Dream » est la devise du magazine. Le rêve et l’imaginaire ont une place très importante. C’est avant tout un projet utopique qui a commencé pendant le confinement, à un moment où le pouvoir et la force du collectif se sont imposés comme primordiaux et salvateurs. Ma façon d’exprimer ce désir et ce besoin d’un retour à notre essence a été de rassembler les talents et créatifs autour de moi pour en faire un objet, quelque chose qu’on collectionne, et qui, j’espère, étonne. »
« Maps to the next world », Combo Magazine, Numéro 3 © Denis Boulz
Pourquoi le thème « Maps to the next world » ?
« J’ai une fascination pour les cartes et la cartographie, et ce titre est naturellement venu comme une suite logique des précédents numéros : Tales of the Dreamtime, Myths of the Near Future. Comme les tomes d’une saga fantastique à la Ursula le Guin. J’ai imaginé ce numéro comme un « Atlas surréaliste », fait de mondes imaginaires et merveilleux, avec des créatures venues d’ailleurs… »
Les sujets de Combo mêlent photos et illustrations, d’où vient ce goût des mélanges ?
« L’idée vient d’abord de mettre tous les différents arts au même niveau. Mais cette fascination pour le patchwork provient de mes racines et de mes expériences, j’ai eu la chance de voyager beaucoup et c’est ainsi que je vois le monde, comme une tapisserie géante, à la fois harmonieuse et chaotique, où tout se fait écho, et où chaque élément ne tient son sens qu’en rapport à un autre, un monde d’associations, où tout est multidimensionnel et s’interprète de façon infinie. »
Un matériau de prédilection ?
« Tout ce qui peut constituer une mosaïque, la céramique, le verre, l’émail, le métal. »
Vers où vous tournez vous pour trouver l’inspiration ?
« Je voyage ou je file dans une librairie. »
« Nicklas Skovgaard la fashion week de Copenhague, Judy Chicago au New Museum à NYC, Firelei Báez au musée Louisiana au Danemark, Viva Varda à la Cinémathèque et le film Poor Things de Yórgos Lánthimos. »
Le livre ou magazine que vous adorez feuilleter ?
« Vivre sur la Terre de Alicia Bay Laurel. »
« Vivre sur la Terre » de Alicia Bay Laurel, 2022
La prochaine pièce design que vous aimeriez acquérir ?
« Une lampe style Art déco Tiffany en métal et vitrail. »
Paravent en vitrail, L’Amateur de Parfums © Pierre Marie Studio
Le lieu culturel où vous pourriez retourner toutes les semaines ?
« La Halle Saint Pierre et le chemin des Arts, une librairie dans le 18e à Paris. »
L’architecte qui construirait la maison de vos rêves ?
« Ma meilleure amie, une architecte en devenir. J’ai déjà les plans en tête ! En inspiration, Ray et Charles Eames, Luis Barragan, et une touche organique à la Javier Senosiain. »
Barragán House par Luis Barragán, Mexico City, 1948
Une scénographie de film ou de lieu qui vous a marqués ?
« Le restaurant Baka d Busk à Copenhague que j’ai découverte récemment, et le Jardin Tarot de Niki de Saint Phalle. »
