« L’œil est la fenêtre de l’âme. », Aristote.
L’œil a guidé Karl Fournier et Olivier Marty vers mille et un objets au fil de leurs errances et pérégrinations. Si les fondateurs du cabinet d’architecture Studio KO en ont croisé et accumulé une myriade, ils en ont aussi raté. Mais ceux qu’ils ont gardés sont tous empreints d’un souvenir, celui d’une rencontre, d’un coup de cœur. Rejoints par la directrice artistique Nathalie Guihaumé, Karl et Olivier ont alors fondé la galerie d’art numérique l’Œil de KO pour perpétuer l’âme de ces objets chéris faits main. La plateforme rassemble des pièces antiques, comme des créations d’artisans contemporains — Sebastiao Lobo, Zoé Mohm, Lucie Damond, Thibault Philip, Chloé Valorso — qui ont pour point commun un aspect doucement suranné, et de belles histoires d’atelier. Conversation avec le trio derrière l’Œil de KO.
Comment l’Œil de KO a-t-il été imaginé ?
Karl & Olivier : « l’Œil de KO est né de l’envie de partager et de mettre en valeur tout ce que nous trouvons beau au cours de nos voyages et balades. Nous aimons l’idée d’associer la beauté de l’architecture à celle des objets artisanaux. Notre rencontre avec Nathalie et notre passion commune de l’artisanat n’a fait que confirmer notre ambition de développer cet aspect de notre métier. »
Votre mood du jour en un mot ?
Quelle est la philosophie de l’Œil de KO ?
Nathalie : « Présenter des objets que l’on aime et qui révèlent une âme au-delà de la fonction pour lesquels ils sont faits. Tous sont empreints de poésie, celle des mains qui les ont façonnés. Ils racontent de façon évidente l’imaginaire de leur créateur. »
Karl & Olivier : « Cela vient de la curation d’objets qui nous est très chère. Nous aimons chiner et nos réserves sont pleines de belles choses que nous distillons petit à petit. »
Comment dénichez-vous les artistes et artisans qui font de l’Œil de KO une galerie exceptionnellement atypique ?
Karl & Olivier : « Maintenant beaucoup viennent spontanément car ils se reconnaissent dans notre démarche. C’est un petit monde dans lequel le bouche à oreille tient encore lieu d’algorithme. »
Nathalie : « Pas de recettes, pas de règles, pas d’à priori… Nous sommes guidés par l’œil. »
Nathalie, vers où vous tournez vous pour trouver l’inspiration ?
Nathalie : « Nous accumulons énormément d’informations venant de toutes parts, surtout à Paris où l’offre culturelle est si riche, expositions, livres, discussions, cinéma… Cependant, l’inspiration naît souvent dans des moments de calme et de liberté. Je dirais que c’est en me promenant et en laissant mon esprit vagabonder que je trouve l’inspiration. Ces instants permettent de revisiter tout ce que nous avons vu ou lu, de les réinterpréter, et de laisser émerger des connexions nouvelles et inattendues. »
Coupe grappe de raisin en céramique de Claire Lézier
Un matériau de prédilection ?
Nathalie : « Non je n’ai pas de matériaux de prédilection, cela dépend plutôt de la façon dont il est révélé, façonné. Qu’il s’agisse du bois, de la pierre, du métal, ou encore de matériaux organiques ou contemporains, j’admire cette capacité des artistes et artisans à en extraire une poésie, à sublimer ses qualités et à jouer avec ses limites. C’est cette alchimie entre l’humain et la matière qui me fascine : quand le geste, la technique, et la vision s’unissent pour donner vie à quelque chose qui dépasse l’objet, et qui raconte une histoire, éveille une émotion ou questionne notre perception. »
Le colormatch de l’Œil de KO ?
Selon vous, qu’est-ce qui a influencé et façonné votre goût ?
Nathalie : « Principalement Paris où j’ai grandi, l’École des Beaux-Arts de Paris dans laquelle mes parents enseignaient, Shanghai où j’ai vécu 8 ans et Karl et Olivier avec qui je travaille depuis trois ans sur l’Œil. »
Vos trois derniers coups de cœur ?
Nathalie : « Très difficile pour moi de choisir car chaque pièce proposée par la galerie est un coup de cœur. Mais, s’il faut choisir, je dirais les dernières pièces que nous venons de mettre en ligne : La boite en céramique qui représente des torchons pliés de Claire Lézier, le plateau en pâte de verre de Maison Pelletier Ferruel ou encore les grandes coupes corail en céramique de Odu, par notre cher Noël Manalili. »
Des scénographies de films ou de lieux qui vous ont marqués ?
Karl & Olivier : « Evidemment, et tristement d’actualité, toute l’œuvre de Lynch, en tout premier lieu Twin Peaks. Une grande source d’inspiration esthétique du Studio et de l’Œil de KO par ricochet. »
Nathalie : « Difficile de choisir mais je dirais Adieu ma concubine de Chen Kaige, Call me by your name de Luca Guadagnino, la danse de Christopher Walken dans le clip Weapon of Choice de Fat Boy Slim et le soleil d’Olaffur Eliasson de The Weather Project à la Tate Modern (Londres). »
Le livre ou magazine que vous adorez feuilleter ?
Karl & Olivier : « Nous sommes de grands fans de Cabana qui nous ouvre les portes des plus belles maisons du monde. »
Nathalie : « Graine, Geste/s et Scenery, un magazine que je viens de découvrir. Un livre que je ne me lasse pas de feuilleter : Valentine Schlegel – je dors, je travaille. Et avec mon fils nous adorons La Hulotte. »
Vos envies créatives du moment ?
« Mettre en relation les artistes et artisans avec qui nous travaillons pour créer des liens interdisciplinaires et envisager de nouvelles créations qui mélangent les différents parcours, matériaux, savoir-faire. »
