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Le mood de

Léo Walk

À presque 30 ans, il a dansé pour Thierry Mugler et Rahim Redcar (Christine and the Queens), a monté sa troupe La Marche Bleue et ses premiers spectacles « Première Ride » et « Maison d’en Face », a fondé sa marque de vêtements parisienne Walk in Paris, et pris la tête de la direction chorégraphique des défilés L’Oréal… Danseur, chorégraphe, mannequin, réalisateur, directeur artistique : Léo Walk, c’est tout ça la fois.

 

Léo Handtschoewercker savait danser avant de marcher. Tout petit, il transformait déjà son hyperactivité en pas de danse et déhanchés singuliers. Très rapidement, il délaisse le parquet de danse classique pour le plancher du hip-hop, où il se sent plus libre de s’exprimer.

 

Si l’on dit que l’habit ne fait pas le moine, il ne fait pas non plus le danseur. Avec La Marche Bleue, le Bboy apporte une sensibilité artistique à un univers street qui laisse peu de place à la poésie. Mélange de break, de hip-hop et de contemporain, la « walkance » s’exécute en costume trois pièces comme en pyjama ou en jogging, se pratique sur des musiques lancinantes comme des psychédéliques, de Serge Gainsbourg à Flavien Berger. Bref Léo Walk et sa troupe font marcher la danse contemporaine dans une nouvelle direction. Rencontre.

Léo Walk © Robin Lempire

Quel jour & heure est-il ? Que fais-tu habituellement à ce moment de la semaine ?

 

« On est mercredi, il est 14h. D’habitude à cette heure là je fais la même chose qu’aujourd’hui : faire rentrer des ronds dans des carrés. J’ai beaucoup de production, je fais de la direction artistique, j’apporte mon point de vue sur mes projets autant sur le stylisme que la musique. Mais un mercredi tranquille, je danse bien sûr. »

Léo Walk et Laetitia Casta © Emmanuel Giraud

Ton humeur du jour en un mot ?

 

« Serein. Probablement parce que j’ai pris deux mois de vacances, chose que je ne fais jamais. Je sens que j’ai beaucoup d’énergie en moi pour aborder le reste de l’année le plus sereinement possible. »

Walk in Palermo © Denis Boulze

Walk in Palermo © Denis Boulze

Photo d’enfance, Léo Walk

Comment la danse s’est présentée à toi ?

 

« C’est très cliché mais la danse était en moi. Mes parents ont des cassettes de moi à un an, je tenais à peine debout, mais je dansais, je ne voulais pas dormir. Durant les fêtes de famille, surtout du côté de ma famille portugaise, je faisais des spectacles, et mes tantes s’amusaient à mettre des musiques un peu folles, et je me souviens de leur regard, elles trouvaient en ma danse quelque chose de vraiment fou. »

« Récemment, je suis tombé sur une cassette qui m’a fait réaliser que j’étais un enfant à part, je fermais les yeux et je sentais que la danse m’emmenait, j’étais en transe déjà très jeune. »

© Alex Crétey Systermans

Comment est née La Marche Bleue ?

 

« Quand j’ai imaginé La Marche Bleue, je ne me retrouvais pas dans certains codes, que ce soit dans le contemporain, dans le classique, dans le hip-hop. Je n’arrivais pas à trouver ma place dans ces univers. Ma compagnie de danse a été comme un laboratoire pour exprimer cette recherche. »

« À l’époque c’était fou qu’un mec de battle arrive avec cinq danseurs en Dr. Martens, t-shirt rentré dans le pantalon. Maintenant la mode est là, le monde a complètement changé, mais à l’époque j’étais un ovni, tout le monde pensait que j’était gay. J’ai senti qu’il fallait évoluer vers la sensibilité. Mais j’ai quand même dû prendre du recul parce que j’ai été confronté à beaucoup d’agressivité, j’ai compris que c’était dérangeant pour certains. »

La Marche Bleue à la Villa Magnan © Melvin Israel

GRV

Maison d'en Face

Ta madeleine de Proust ?

 

« Le générique de Pokémon. Il me rappelle l’époque où on s’échangeait des cartes. Je rêvais d’avoir une Dracaufeu brillante, mais le matin quand je me réveillais, je ne l’avais pas. »

Carte Dracaufeu, Pokémon

Le projet qui t‘occupe le plus en ce moment ?

 

« Je m’occupe des chorégraphies et de la direction artistique du défilé L’Oréal. »

© Robin Lempire

Walk in Palermo © Denis Boulze

Une envie pour les prochains mois ?

 

« Ce que je fais actuellement : mon art et des vidéos. D’ailleurs je vais en réaliser une troisième, comme « Maison d’en Face », « GRV » dans cette recherche d’allier design, architecture et mode. »

Maison d'en Face

La Marche Bleue

Tshepiso Mazibuko, lauréate du 8e Prix de la Photo Madame Figaro, Rencontres d’Arles 2024

Tu as été jury à Arles cette année, on t’a vu sur le tapis rouge du Festival Nouvelles Vagues cet été (Prix de la Photo Madame Figaro), on sent que tu portes un grand intérêt à l’image . Quelle est l’importance de l’esthétique visuelle dans tes performances ?

 

« Pour moi elle est primordiale parce qu’elle reste autant que les souvenirs. C’est-à-dire que les photos, les screens, toutes les images que tu vois, peuvent marquer à vie. »

« Je trouve qu’il y a quelque chose de très graphique avec le mouvement au sens large. Un jour, j’aimerais chorégraphier une marche avec simplement des personnes avec une position de mains, très simple. Immortaliser les gens à leur insu, dans la rue, à un spectacle, c’est très beau et à la fois très difficile. Reconstruire ce naturel, arriver à créer une histoire à travers une direction, le mouvement. »

On t’a vu créer avec Inès Longevial, Jan Melka ou encore avec Agar Agar et Flavien Berger, qu’est ce qui t’intéresse dans ces collaborations ?

« Détachement » par Jan Melka, 2024

« Parce que » par Léo Walk et Inès Longevial

« Détachement » par Jan Melka, 2024

« Parce que » par Léo Walk et Inès Longevial

« Je ne me pose pas vraiment la question, c’est plutôt qu’ils ont une grande résonance avec moi-même, que c’était un peu obsessionnel de devoir travailler avec eux et surtout parce qu’ils ont fait partie de ma vie parce que je les ai écoutés en continu. En fait, c’est très organique. »

Y a-t-il un rêve ou un projet ambitieux que tu n’as pas encore réalisé ?

 

« Un film. Je trouve qu’on peut exprimer beaucoup de choses sur une heure de film. C’est un format avec lequel on peut donner du contenu qualitatif à un moment où on scroll une quantité de choses nulles sur les réseaux. On a presque une responsabilité en tant qu’artiste, réalisateur, de devoir se poser et se prendre la tête afin d’arriver à offrir quelque chose de vraiment beau. »

La marche Bleue par Léo Walk, scénographie et concepts lumineux par Garance Vallée © Ludovic Balay

La Marche Bleue par Léo Walk, scénographie et concepts lumineux par Garance Vallée © Ludovic Balay

Qu’est ce qui nourrit tes humeurs créatives ?

 

« Je suis très inspiré par les conversations. J’aime vraiment échanger depuis tout petit. Avec ma mère, tous les soirs, on parlait de psychologie, on parlait beaucoup d’humains. On se questionne aussi beaucoup sur ce qui nous entoure avec la troupe. Et après, bien sûr, quand j’ai le temps, je vais faire des expos, je vais voir des films. »

Tes derniers coups de cœur artistiques ?

 

« L’exposition de photos de Mary Ellen Mark à Arles. »

Autoportrait, Mumbai, Inde, 1978 © Mary Ellen Mark

« Je suis allé voir la maison de Dali. Une fois à l’intérieur, tu te demandes, pourquoi je suis pas plus fou, pourquoi je me permets pas plus de choses ? Dalil avait une liberté totale dans son art, ça m’a inspiré. »

La Marche Bleue à la Villa Magnan © Melvin Israel

Kali Malone © Julien Mignot

« Kali Malone, elle me calme de ouf. Une compositrice qui travaille sur des albums d’orgue. Ce qui m’impressionne c’est que cet instrument est très niche, et pourtant, elle fait des couvertures de New York Times. »

Tu as co-fondé la marque Walk in Paris, tu es aussi mannequin pour des grandes marques, la mode est une autre discipline qui te permet de t’exprimer ?

 

« Pas forcément en design de sappes, même si ça me plaît, c’est juste que j’adore brainstormer, être avec des équipes créatives et avoir des idées. J’aime que l’on se rejoigne dessus, que l’on soit tous raccords sur la même chose, que l’on travaille d’arrache-pied pour faire quelque chose de beau. Et puis dans la mode, il y a du budget, on peut vraiment s’éclater. »

Boutique Walk In Paris © Ariane et Blanche Lebon Bourgeois

Les artistes avec qui tu aimerais dîner ?

 

« Jim Carrey, Snoop Dogg, Jul. Une table un peu fun comme ça. Et Rosalia, pour la vibe. »

Jim Carrey dans « The Mask »

par Chuck Russell, 1944

Un compte Instagram à suivre ?

« @yugnat999. »

Via @yugnat999 © Jorre Janssens

Pour ou contre Instagram ?

 

« J’ai besoin de vivre. De rentrer dans une maison et qu’on me raconte l’histoire de cette maison, que je la trouve folle, que je ressente des sensations, la voie exister. Avant, je filmais tout. Parfois, on se sent obligé de faire du contenu qui n’est pas forcément intéressant. De plus en plus, je me demande, pourquoi je fais ça en fait ? »

La Marche Bleue par Léo Walk, scénographie et concepts lumineux par Garance Vallée © Ludovic Balay

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