Après neuf années aux côtés de Nicolas Ghesquière chez Balenciaga, Charlotte Chesnais a tracé sa voie en lançant sa marque de joaillerie éponyme en 2015. Elle a façonné son label avec rigueur — héritage de ses années auprès de Nicolas — : chaque pièce a sa raison d’être. Charlotte a une approche spatiale du bijou, nourrie par une sensibilité plus marquée pour l’art, le design et l’architecture que pour la joaillerie.
Deux boutiques parisiennes et un prix ANDAM plus tard, Charlotte Chesnais continue de cultiver sa différence sans dévier du langage joaillier qu’elle a inventé. Ses adresses, imaginées avec l’architecte hollandais Anne Holtrop, sont volontairement étranges, loin de l’esthétique traditionaliste des bijouteries. Ses collections, elles aussi, sont immédiatement reconnaissables : une symphonie minimaliste de volutes, de ronds, d’entrelacs et, plus récemment, de biseaux. Alors, s’il fallait un mot pour résumer son univers, ce serait sans nul doute : sculptural.
Quel jour & heure est-il ? Que faites-vous habituellement à ce moment de la semaine ?
« Jeudi 20 février 13:56, d’habitude à cette heure-ci je sors de mon cours de yoga préféré, Klara Puski, mais elle est en Inde pour les deux prochaines semaines donc je n’y suis pas allée aujourd’hui. »
Votre humeur du jour en un mot ?
« Heureuse, car je suis en vacances demain ! »
Qu’est-ce qui a influencé et façonné votre goût ?
« C’est l’interaction de plein de personnes. Ça a commencé par le Studio Berçot, ensuite il y a eu presque 9 ans avec Nicolas Ghesquière et depuis il y a 11 ans de rencontres de gens avec qui j’ai travaillé. Et en même temps, il y a un goût que j’ai toujours eu. »
Pourquoi la joaillerie ?
« Je suis entrée dans la bijouterie parce que je venais du monde de la mode, mais j’aurais tout aussi bien pu fabriquer des fauteuils ou d’autres objets. Mes pièces ne sont pas que des boucles d’oreilles, des bagues, des bracelets ou des colliers ; ce sont des objets qui tiennent à merveille sur le corps, mais aussi seuls, en tant que conceptions indépendantes. J’aime mettre en contrepoint l’objet-bijou et le corps, avec des lignes fluides, dynamiques, pointues, et disciplinées, tout comme j’aime créer des pièces qui modulent à divers degrés le style sculptural équilibré classique. Je travaille à l’encontre d’une esthétique établie, en faisant émerger à la place, et avec le temps, ma propre famille d’archétypes. »
Quels sont vos rituels pour créer ?
« J’en ai pas particulièrement mais le moment le plus propice c’est seule chez moi ou au bureau entourée d’une bonne vingtaine de livres. »
Le projet qui vous occupe le plus en ce moment ?
« Il y en a pas un, il y en a plein, et c’est ça que j’aime dans mon métier ! »
Un nouveau matériau que vous avez récemment utilisé ?
« Le jade ! »
Forme, fonction ou fantaisie ?
« Je suis passionnée par la forme, et c’est cela, le fil conducteur de mes créations. Grâce à la rigidité du vermeil je peux allonger mes lignes un tout petit peu plus, jouer autrement des formes et des courbes. »
Une gamme de couleur qui vous suit depuis toujours ?
« Vermeil et argent. »
Le livre que vous adorez feuilleter ?
« Je relis rarement deux fois la même chose, mais souvent j’aime lire le même auteur. Annick Cojean en ce moment. »
Vos 3 derniers coups de cœur artistiques >> un défilé ? une exposition ? un film ?
« Le ballet “PLAY”du chorégraphe suédois Alexander Ekman, le film “The Brutalist”réalisé par Brady Corbet, la Fondation Dubuffet à Périgny. »
Le dernier créateur que vous avez repéré ?
« Le néerlandais Duran Lantink.»
3 comptes Instagram inspirants ?
« Amuse-Bouche pour ses adresses délicieuses à Paris et ailleurs, Vntg.design une plateforme qui te met en relation avec 300 antiquaires en Europe. Ruba, mon amie, tout ce qu’elle poste que ce soit engagé ou plus lié à son métier de créatif, je le trouve toujours très intéressant. »
L’architecte qui construirait la maison de vos rêves ?
« Robert Mallet-Stevens.»