jeudi
matin
8h30
« Jeudi matin, 8h30 ! Nous prenons habituellement notre petit déjeuner et nous nous préparons à aller travailler. »
Derrière l’esthétique singulière du studio Casa Josephine, se cachent deux designers et décorateurs madrilènes hauts en couleur : Iñigo Aragón et Pablo López Navarro. Ensemble, ils insufflent une touche excentricité à des lieux d’exception, petits ou grands, résidentiels ou commerciales, en plein cœur de Madrid ou nichés dans les vallées de La Rioja.
Il y a quelques années, Íñigo et Pablo ont fait leurs valises et acheté un domaine à Sorzano, petit village espagnol de 200 habitants. Un nouveau répertoire rural pour laisser s’exprimer leur créativité ! Pour autant, ils ne délaissent pas la capitale où ils exposent leurs trouvailles vintage dans leur studio / boutique coloré. Une effusion de styles, d’inspirations et d’envies, qu’ils nous racontent juste ici !
« Jeudi matin, 8h30 ! Nous prenons habituellement notre petit déjeuner et nous nous préparons à aller travailler. »
Vos envies créatives du moment ?
« L’esthétique et la vision très intellectuelle de la décoration en Italie dans les années 1970 et 1980 : Gae Aulenti, les musées, les galeries d’art, les restaurations de bâtiments anciens, les maisons d’architectes… La profusion créative de cette période ! En tant que spectateurs, nous cherchons à retrouver ce sentiment de calme, de beauté.»
Votre humeur du jour en un mot ?
« En attente… Tout est à venir. »
Votre madeleine de Proust ?
« Pablo : Tailler un crayon : les sons, le toucher et l’odorat.
Iñigo : L’odeur de la lotion solaire à l’huile de coco. »
Le projet qui vous occupe le plus en ce moment ?
« Nous sommes en train d’imaginer une maison de campagne à une heure de Madrid. C’est un défi car nous voulons qu’elle reflète son environnement mais nous ne voulons pas qu’elle ait l’air rustique ou vernaculaire, donc nous essayons de trouver un nouveau langage… Pour nous, l’environnement est une partie essentielle de nos projets de décoration. Nous ne croyons pas en la décoration d’intérieur comme un déguisement ou une parodie, ou comme une couche superficielle de décoration qui peut être collée sur n’importe quel espace. La recherche de la bonne façon d’intégrer l’environnement dans nos projets est une partie fondamentale du processus. »
Une gamme de couleurs qui vous a toujours suivi ?
Iñigo :« Le violet, le vert et le jaune ensemble. Une palette que l’on retrouve dans l’ iris. Cette fleur, c’est la première chose que j’ai prise en photo enfant et depuis j’ai l’impression d’en voir souvent. »
La forme, la fonction ou la fantaisie ?
« Une combinaison de forme et de fantaisie. Lorsqu’il s’agit de façonner son goût, les créations les plus expérimentales et extrêmes ont un plus grand pouvoir d’influence. »
Votre colormatch du moment ?
« Nous envisageons des combinaisons d’argile rougeâtre, de rose pâle et de cuivre. »
La prochaine pièce que vous souhaitez acheter ?
« La bocca della verità, cadre de lit de Mario Ceroli. »
« Carlo Bugatti. »
Des artistes, des personnalités avec qui vous aimeriez dîner ?
« Pour que ce soit divertissant, il faudrait que ce soit un dîner avec des écrivains qui ont un don suprême pour raconter des histoires : Benvenuto Cellini, Giacomo Casanova, Muriel Spark et Isak Dinesen formeraient une excellente équipe. »
« Luis Barragán, Gae Aulenti, Carlo Scarpa. »
Le livre qui est traine sur votre table basse ?
« La casa de Luis Barragán : un valor universal. Il est toujours avec nous. »
« Notre voyage dans le Latium l’été dernier pour visiter les jardins et villas a été une révélation totale. Nous avons été fascinés par la Villa Lante à Bagnaia, le Castello Ruspoli à Vignanello et le Palazzo Farnese à Caprarola, mais nous avons trouvé une beauté profonde et sans prétention (et très émouvante) dans les chambres où Pasolini se retirait à Torre di Chia, près de Viterbe. »
Le lieu culturel où vous pourriez retourner chaque semaine ?
« La Fondation Rodríguez Acosta, à Grenade. Un bijou et un rêve. »
L’architecte qui construirait la maison de vos rêves ?
« Si c’était en Europe, Gae Aulenti ou Josep Lluis Sert. Au Mexique, Luis Barragán. »
Les décors qui vous ont marqué ?
« La maison de Curzio Malaparte à Capri, filmée par Godard dans Le Mépris, la villa de Carlo Ponti à Amalfi filmée par Polanski dans le film Quoi ?. Et pour la direction artistique d’un film en général, Gigolo de Paul Schrader, sans aucun doute. »
Un mouvement artistique favori ?
« Le romantisme et sa prolongation dans le surréalisme. Nous apprécions l’influence de ces deux mouvements dans la manière dont nous voyons aujourd’hui la création, la liberté et la subjectivité. Grâce à ces mouvements, nous vivons dans un monde où les artistes sont libres de remettre en question et de redéfinir la beauté, l’intention et la forme à tout moment. C’est un point de départ très libérateur. »