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Les déclinaisons singulières du lin Européen à Toulon
Le lin Européen s’invite dans tout l’art de vivre avec singularité ! La nouvelle garde de créatifs, particulièrement les finalistes et participants de la Design Parade Toulon 2023, explorent plus que jamais la versatilité et les possibilités esthétiques de la fibre textile dans la décoration, l’architecture et le design grâce au soutien de l’Alliance du Lin et du Chanvre Européens.
Pour preuve, dans l’installation « Les heures chaudes » de Théophile Chatelais & Hadrien Krief (Prix du Public de la ville de Toulon), la toile de lin se constitue en œuvre mobile fonctionnelle, tantôt utilisée comme climatisation naturelle, tantôt comme élément structurel. Paul Bonlarron, talent confirmé et prix du Mobilier National à la Design Parade de Toulon en 2022, galvanise lui aussi le lin Européen à travers des bouquets tissés et des étoffes aux subtils imprimés avec « Le Jardin Secret de Bleu Chardon ».
Accompagnés par l’Alliance du Lin et du Chanvre Européens pour le sourcing en lin auprès de leurs adhérents, ils cassent les codes du lin et le transcendent à travers des projets engagés qui racontent la Méditerranée. Retour sur leurs scénographies présentées à l’ancien évêché de Toulon.
Projet « Les heures chaudes »
Quels seront les nouveaux rituels à adopter à l’intérieur lorsque la température sera trop élevée ? Faudra-t-il mouiller un rideau comme un linge tout juste lavé, ou réguler la température du corps en partageant un thé ? Ce sont les questions posées par le projet « Les heures chaudes » de Théophile Chatelais & Hadrien Krief. Pensée comme une « pièce à vivre » protégée de la chaleur, leur scénographie s'orchestre autour d'un véritable « rituel de rafraîchissement ».
Le grès, matériau qui garde en mémoire la fraîcheur, se décline dans toute la pièce : il habille notamment les murs, la fontaine et le bassin, compose les céramiques tournées à la main émaillées avec des cendres naturelles… Il se partage la scène avec une matérialité riche et sensible qui rend hommage au territoire local : cylindres de pierres (onyx, marbre, travertin) méditerranéens ; murs enduits à la chaux ; thermomètre en verre soufflé ; mobilier en pierre de Cassis.
Une grande toile de lin blanc fournie par la Maison Pierre Frey vient apporter un supplément de fraîcheur à la pièce, utilisé comme climatisation naturelle. Ce pan suspendu au plafond a été brodé et teinté avec des pigments naturels selon des formes abstraites représentant l’aurore. À la façon des Muralnomad du Corbusier (tapisseries murales qui pouvaient « se décrocher du mur, se rouler, se prendre sous le bras à volonté, aller s’accrocher ailleurs »), cet élément vertical guidé par un rail se constitue en œuvre mobile, définissant différents espaces selon son positionnement. Lorsque la température est trop élevée, le drap se pose dans la fontaine, faisant remonter l’eau grâce à la capillarité du lin pour abreuver l’espace d'une brise fraîche au gré des courants d’air.
Instagram : @theophilechatelais / @hadrienkrief
Projet « Le Jardin Secret de Bleu Chardon »
L’année dernière, Paul Bonlarron avait attiré l'attention avec son installation iodée « Toilette aux coquillages ». Récompensé par le prix du Mobilier National à la Design Parade de Toulon l’an passé, il a pu bénéficier cette année d’une résidence de création de neuf mois au sein du Mobilier national où il a développé sa dernière pièce surprenante : un « cabinet aux mirages ». Réalisé par l’ARC (Atelier de Recherche et de Création interne au Mobilier national), il s’inspire des chambres des merveilles de la Renaissance qui servaient à exposer les trouvailles glanées par les collectionneurs au gré de leurs voyages.
C’est autour de ce cabinet que s’articule sa nouvelle scénographie « Le Jardin Secret de Bleu Chardon », une immersion singulière dans le meuble. Pour ce faire, plusieurs créateurs ont été invités à se saisir de la question du glanage. Émaux en cendre de lavandes, fleurs en bronze moulé, marqueterie et tressage de paille… Guidée par le végétal et la fleur sauvage, l’installation invite le visiteur à une ballade pastorale autour d’objets récoltés et cueillis.
La fibre de lin se révèle avec finesse et sensibilité tout au long de ce voyage bucolique. Un voilage en lin fourni par le tisseur italien Cotonificio Albini, sublimé par des teintures naturelles réalisées par le studio Dé-teinte et des imprimés en étuve (procédé artisanal de transfert direct de plantes et fleurs), re-twiste les fenêtres médiévales jadis en peau tendue. La fibre végétale est également réinventée en version bouquet tissé avec du fil de lin du filateur Linificio & Canapificio Nazionale. Inspiré des bouquets de moisson et réalisé par l’artiste tisserande Marie Baffard en mariant les fibres aux fleurs séchées, le bouquet devient un objet mobile et manipulable qui joue avec l'espace. Le lin comme on ne l’a jamais vu !