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Le cuir fait peau neuve
La Matériauthèque • Tous les mois, Goodmoods enquête sur une matière dans l’air du temps, avec Plendi by Vinci Construction, qui jongle avec les matériaux rares et savoir-faire singuliers pour ses réalisations d’exception.
En perpétuelle évolution et quête d’innovation, l’industrie textile cherche aujourd’hui à extraire de la nature les matériaux précieux de demain. Depuis quelques années, c’est le cuir qui s’offre une nouvelle jeunesse, réinventé par les tanneurs contemporains qui redoublent d’inventivité pour trouver des alternatives au cuir animalier.
On connaissait déjà le cuir de champignon, mais une flopée d’autres cuirs alternatifs issus de ressources organiques, véganes et éco-responsables, ré-enchantent l’industrie. Issus de carcasses de poissons, de pulpes de bois, ou de déchets de cidrerie, les cuirs nouvelle génération donnent le change.
Le cuir marin fait surface
Revaloriser un produit destiné à être jeté… Voilà l’idée des tanneurs contemporains qui puisent dans les déchets alimentaires issus de la mer pour produire leur cuir. Initialement, cette technique de tannage marin existait sous le nom de Galuchat, sur des peaux de requins ou de raies. Aujourd’hui, face à la préservation des animaux, ce sont seulement les peaux de poissons comestibles qui sont utilisées.
En tête de file ? TômTex, un matériau 100% biosourcé est créé à partir de déchets de fruits de mer Shell et de marc de café gaspillé.
Dans son projet de fin d’études en partenariat avec la marque Ictyos intitulé « seconde peau », l’étudiant à l’ENSCI Les Ateliers Baptiste Cotten présente également des solutions d’assemblages pour confectionner des pièces de grande taille à partir de peaux de poisson de petite taille. Une démarche expliquée dans le dernier épisode du podcast Où est le beau ?.
Le cuir fongique germe dans la mode
Du cuir sans cuir ? C’est l’alternative proposée par Mylo Unleather label fondé par les ingénieurs de Bolt Threads et le consortium formé par adidas, lululemon, Stella McCartney et KERING. Fabriqué à partir de mycélium, le cuir Mylo™ est doux, souple et durable et peut être utilisé de la même façon que le cuir animalier ou synthétique, dans n'importe quelle couleur, gaufrage ou texture.
Autre exemple : le matériau biotechnologique Sylvania d’Hermès et MycoWorks,. Ce cuir réalisé avec la technologie brevetée Fine Mycelium™ qui valorise le composant fongique, est produit dans l'usine MycoWorks en Californie, puis tanné et façonné par les artisans de l’atelier Hermès en France.
La dernière pousse : le cuir végétal
Outre les champignons, de nombreux végétaux sont utilisés dans la confection de cuirs bio. C’est le cas du fabricant de tissus performants Ultrafabrics qui a lancé son cuir à base de matières végétales avec de la pulpe de bois et du maïs.
Le monde entier est un cactus avec la marque Mexicaine Desserto. Le principal atout du cuir de cactus ? La plante pousse en abondance aux quatre coins du Mexique et ne nécessite pas d’eau. Ce cuir a déjà séduit de grands noms comme Karl Lagarfled, Mercedes, BMW, Fossil ou encore Adidas…
Le cuir Tutti Frutti porte aussi ses fruits
Dans le secteur alimentaire, les peaux de fruits comme l’ananas, la noix de coco, la pomme, la mangue, ou encore le raisin se récupèrent…. Le Piñatex, un cuir clair fabriqué à partir de fibres de feuilles d’ananas, a déjà séduit près de 400 marques parmi lesquelles Lancel et Hugo Boss. Sous forme de rouleau, il évite le gaspillage causé par les peaux de cuir de formes irrégulières.
La pomme est quant a elle utilisée par Beyond Leather Materials pour leur cuir Leap TM. La marque basée a Copenhague travaille en partenariat avec des cidreries pour récupérer leur déchets. Le produit est combiné à du caoutchouc naturel.
Parmis les précurseurs, on retrouve aussi la start-up néerlandaise Fruitleather Rotterdam créée par Koen Meerkerk et Hugo de Boon. Cette innovation n’a pas échappé au designer Philippe Starck qui propose une gamme de canapés en cuir de pommes pour l’éditeur Cassina.