Styles
28 mars 2023
Styles
28 mars 2023
Les divinités ne cessent de fasciner. Les artistes et designers ne diront pas le contraire. Ils portent un regard nouveau sur la figure humaine et sur les idoles, sans cesse questionnées au fil de l’histoire. Statuettes cycladiques et anatoliennes réinterprétées, masques africains réinventés, visages réincarnés… Les créatifs s’inspirent des sculptures anthropomorphes millénaires et entretiennent le mystère autour de leurs significations à travers une multitude de symboles, quitte à surprendre.
Leurs noms ? Lucie Coudurier, Anna-Alexandra, Stéven Coëffic, Fango Studio, Caroline Perrin, Lilian Daubisse… Entre fascination, humour et dérision, leurs œuvres poursuivent la quête d’émotion entamée dans les années 80 par les designers du courant Radical comme Gaetano Pesce et Alessandro Mendini (qui fait l’objet d’une rétrospective à la Galerie kreo) via des pièces en tous genres. Démonstration.
Forme
HUMANOÏDE
Accessoire
MASQUE
Émoticone
SMILEY
Face
TO FACE
Les figurines cycladiques et anatoliennes inspirent curieusement l’art moderne, ses formes incarnées et épurées. Souvent réalisées en or, en argent, en cuivre, en obsidienne et en marbre, ces sculptures ont connu une immense prospérité. De quoi nourrir l’imaginaire contemporain. C’est d’ailleurs cette réflexion qui a été menée par le Louvre en 2021 avec l’exposition « Idoles. L’art des Cyclades et de l’Anatolie à l’Âge du bronze », une approche croisée inédite sur la représentation de la figure humaine et ses multiples expressions des sociétés dans les Cyclades et en Anatolie, de la préhistoire à aujourd’hui.
En 2018, les divinités cycladiques de l’île de Mykonos inspiraient le triptyque Diavoletti d’Alessandro Mendini et Daniel Eltner. Cette famille de trois vases en céramique réinterprète un talisman mystique servant à exorciser les difficultés de la vie quotidienne. Des pièces anthropomorphes qui rappellent l’art de Brancusi, de Giacometti et Zadkine qui s’attachaient au début du 20e siècle à rompre avec les conventions en redécouvrant ces artefacts.
Scénographie Anatolian Idols par Lucie Coudurier
Une approche que rejoint l’artiste Lucie Coudurier avec ses Idoles monumentales créées à l’échelle de menhirs. Animée par la Figure anatolienne, statuette aux yeux stylisés du IIIème millénaire avant J-C, elle confronte les interprétations autour de cet objet de culte et dénonce les dérives de la société, comparant notamment les yeux schématiques de ces totems aux Big Brothers qui nous regardent.
La représentation du visage et du regard est largement reprise par les artistes et designers qui s’amusent à réinventer avec modernité, parfois même absurdité les masques africains traditionnels pour créer des objets purement décoratifs. Fango Studio, CO/RIZOM, Caroline Perrin, Lilian Daubisse, Anna-Alexandra, moncolonel&spit, threadstories… Chacun décline son médium de prédilection (céramique, coquillages, fibres naturelles, carton) avec des formes anthropomorphes et primitives qui donnent à voir des masques étranges, parfois attachants, souvent effrayants ou dérangeants.
Les visages et smileys s’incrustent aussi sur le mobilier, plus que jamais personnifié. Via des formes explicites et des matériaux insolites, les designers transforment les pièces du quotidien (chaise, miroir, fauteuil, panier) en compagnons de vie. Un courant fantasque introduit au début des années 80 par Gaetano Pesce et sa chaise Pratt emblématique de sa pensée radicale (qui fait aujourd’hui l’objet d’une exposition chez The Future Perfect).