Styles
il y a 1 mois
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De Tiktok à Reddit, les backrooms fascinent autant qu’elles suscitent l’effroi. Apparues sur les forums en ligne en 2019, ces creepypastas – légendes urbaines conçues pour effrayer – dépeignent des lieux oppressants, de vastes dédales sans issue où l’on se sent constamment épié.
Open-spaces inoccupés, centres commerciaux abandonnés, piscines désertées… Ces décors semblent familiers mais sont dépourvus de leur contexte habituel et provoquent alors une sensation de malaise et d’angoisse. Une esthétique théorisée sous le nom d‘espace « liminaire ».
Si la légende urbaine des backrooms a été largement exploitée dans le gaming, puis sur petit écran (la série Severance s’inspire largement de cet univers perturbant) elle se cultive également dans la réalité, explorée sous plusieurs médiums par les créatifs. Visite des backrooms, niveau par niveau.
Berceau
Internet
Esthétique
Liminale
Sensation
Malaise
Objectif
S'échapper
The Lobby est considéré comme le point d’entrée des backrooms. L’image à l’origine du phénomène, des locaux abandonnés recouverts d’un papier peint délavé et d’une moquette jaunâtre des années 70, apparaît pour la première fois en 2019 sur le forum 4Chan, postée par un utilisateur anonyme. The Lobby est décrite comme une représentation de l’ennui, de la solitude et de l’anxiété. Sa monotonie cache une horreur plus profonde : l’idée d’être piégé dans une boucle infinie, sans échappatoire.
Après être peu à peu tombées dans l’oubli, les backrooms sont à nouveau propulsées dans l’imaginaire collectif en 2024. En mai, l’origine de la photographie est enfin dévoilée : elle aurait été capturée en 2002 dans un ancien magasin de meubles américain endommagé par des infiltrations d’eau. Cette même année est marquée par la diffusion d’un premier jeu vidéo dédié à l’univers des backrooms et d’une adaptation cinématographique des courts métrages du Youtubeur Kane Parsons. De quoi ré-alimenter le fantasme autour de la légende numérique.
The Lobby est le premier niveau d’une suite de backrooms créée par les jeux vidéos : des univers étendus par des atmosphères distinctes, chacune répartie sur différents étages. Chaque étage correspond à un niveau, avec un objectif : s’échapper des backrooms. Un leurre car toute tentative d’évasion mène simplement à un autre niveau.
Le niveau, tel que présenté dans le jeu Escape the Backroom, plonge dans une ambiance brutale : les murs sont nus, faits de béton fissuré ou de métal rouillé, éclairés par des néons vacillants. L’air est lourd, chargé d’humidité et de cette odeur métallique qui semble trahir une présence latente. Chaque pièce est dépouillée à l’extrême, mais des traces d’occupations passées — graffitis, outils abandonnés, empreintes floues — laissent deviner que d’autres avant ont essayé de survivre.
The Abandoned Office se déploie comme un vaste labyrinthe d’open-spaces des années 90 désertés, comme impulsivement abandonnés. Les murs sont ternis par le temps, les piles de dossiers et ordinateurs sont couverts de poussière, le sol est habillé d’une moquette usée, parfois humide, et dégage une odeur de renfermé.
Ce niveau se niche dans un hôtel aux allures des années 1930, s’étendant à l’infini. Les couloirs sont ornés de tapisseries et de moquettes épaisses qui étouffent les pas. Des chuchotements indistincts et des bruits de fête lointains se font parfois entendre depuis les salles de bain, bien que l’origine de ces sons reste un mystère…
The Ordinary Suburban se présente comme une banlieue moderne s’étendant à l’horizon et caractérisée par des maisons colorées presque toutes identiques. À l’intérieur règne une atmosphère candide inspirée des années 80. Bien que ce niveau soit généralement considéré comme sûr et dépourvu de vie humaine, une entité hostile, connue sous le nom de « Neighbourhood Watch », rôde dans les rues désertes pendant la nuit, à la recherche de vagabonds…
The Field of Wheat se déploie comme une grande étendue de champs de blé et d’orge dans toutes les directions. Des structures telles que des granges, des étables et de petits hangars en bois parsèment le paysage. Des chemins de terre, marqués par des traces de pneus, traversent également le niveau, suggérant une utilisation fréquente par des véhicules, bien que ces derniers n’aient jamais été observés. Le temps y est constamment couvert. Cette atmosphère morne, combinée à une luminosité constante, rend difficile l’estimation du temps qui passe.
Le Level Fun se présente initialement comme un espace festif et accueillant, rappelant une fête d’anniversaire pour enfants. Une apparence joyeuse trompeuse, car le niveau est contrôlé par des entités hostiles, les « Partygoers ». Ces créatures, reconnaissables à leur sourire figé et à leur comportement enjoué, attirent les explorateurs en leur proposant de participer à des jeux qui se révèlent mortels.
The Poolroom est un complexe de pièces et de corridors interconnectés, partiellement submergés par une eau tiède et ondulante. Les murs, plafonds et sols sont recouverts de carreaux de céramique blanche. L’architecture varie considérablement, allant de piscines uniformes à des piliers émergeant de l’eau et des escaliers descendant directement dans des bassins profonds.