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La true story de

STEFANIA DI PETRILLO

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20 May 2021

Stefania di Petrillo cultive une joyeuse légèreté dans ses créations. Adepte des détournements, la designer italienne s’amuse avec la vaisselle émaillée et colorée, les créations en tout genre pour Petit h et les variations du cristal pour Saint-Louis. Dans la lignée des lampes Apollo, imaginées avec son mari Godefroy de Virieu, pour la Cristallerie, elle ne cesse de repenser, recycler, détourner. Stefania interroge les usages, joue avec la matière, dessine un nouveau luxe : celui de s’affranchir des codes en toute légèreté et d’inventer des pièces qui passeront l’épreuve du temps en se transformant. Une liberté d’appropriation totale des objets qui fait fi des conventions.

 

Sa dernière réalisation ? Une guirlande lumineuse pour Saint-Louis, ornée de paraisons de verres à pied colorées, qui détournées, s’habillent de lumière en parant les ampoules. Une création inspirée par l’énergie joyeuse des guinguettes, ces festivités populaires symboles de l’art de vivre à la française. Un esprit de fête qu’elle insuffle à la dernière scénographie de la boutique de Saint-Louis au 13 Rue Royale à Paris. Là-bas, elle a improvisé un déjeuner champêtre, où parmi cagettes et verdure, les pièces de cristal donnent le ton, résolument festif. Une ode printanière à la fête et à l’envie irrépressible de se retrouver.

Stefania Di Petrillo

Godefroy de Virieu et Stefania Di Petrillo, © Nicolas Millet

Comment votre collaboration a-t-elle débuté  ?

 

 

« J’ai eu la chance avec Godefroy d’être parmi les premiers artistes choisis par Pascale Mussard pour démarrer le projet Petit h – qui détourne les matières dont les autres métiers Hermès n’ont pas l’usage. On a pris plus d’un mois pour visiter tous les sites d’Hermès et parmi eux il y avait la Manufacture de Saint-Louis. Quand on a vu les verres Apollo, on les a retournés et on s’est tout de suite dit qu’on pouvait faire une lampe avec. »

La genèse de la collection Apollo ? 

 

 

« Anne Lhomme, la directrice de la création de Saint-Louis, a vu cette lampe à peine aboutie. Elle a adoré. On a alors commencé un vrai dessin de collection pour Saint-Louis qui va du lustre jusqu’à la petite luciole.

 

On s’est imprégné de l’univers de cette maison, au fur et à mesure des visites on a remarqué des choses, on a visité des endroits de La Manufacture jamais vus auparavant. »

Lampe à poser et luciole de la collection Apollo ©Saint-Louis

Comment est venue l’idée de la guirlande ?

 

 

« Depuis, je suis toujours en très bonne relation avec Anne, je l’ai appelée quand elle rentrait d’un voyage aux Etats-Unis. Elle se posait beaucoup de questions par rapport aux envies du marché là-bas, les américains veulent des pièces beaucoup plus légères, beaucoup plus aériennes, avec une installation plus facile. »

La Guinguette et la guirlande Saint-Louis avec Stefania di Petrillo ©Saint-Louis

« Je me souviens très bien de cette conversation et après notre appel j’ai eu deux idées : d’une part le projet qui va arriver prochainement qui est lié à la récupération de parties de lustres – affaire à suivre –  et d’autre part la guirlande. J’ai envoyé les dossiers à Anne. Il y a eu un vrai enthousiasme, peut-être qu’elle a aimé la légèreté, l’idée de la récupération de toutes sortes de verres, de détournements. »

Comment la guirlande a-t-elle été fabriquée ?

 

 

« Les artisans ont pris des verres qui restaient dans les rebuts et ils ont pu les percer de façon à ce que la douille soit encastrée dedans. C’est merveilleux pour un designer qui adore les détournements d’objets de pouvoir travailler le cristal à froid et de ne pas devoir repartir de zéro en créant un nouveau moule. »

 

Meules à l’atelier du froid de la manufacture Saint-Louis, © François Halard

Le concept derrière cette guirlande ?

 

 

« L’upcycling évidemment. Chez Saint-Louis, la plupart des matières qui sont considérées comme des rebuts peuvent être refondues, rien ne se perd. L’idée de recyclage est présente depuis le début de la Manufacture, on ne se posait même pas la question de jeter du cristal déjà cuit.

 

C’est aussi très propre à Saint-Louis de se réinventer en rendant autonomes des parties d’une même pièce, comme la bobèche d’un lustre qui se transforme en coupelle ou en couvercle de boîte. C’est dans l’ADN de la maison. Et c’est aussi le travail de designers comme Godefroy et moi d’apporter un regard neuf sur le cristal. »

 

Stefania Di Petrillo, © Saint-Louis

Ce qui vous amuse dans cette collaboration ?

 

« Le détournement d’usage ! On passe du verre à boire à la lumière. J’aime l’idée de rentrer chez Saint-Louis avec une guirlande, on la met à côté d’un lustre sublime, on est sur un jeu d’élagage qui est assez actuel. On désacralise la matière pour la rendre plus accessible, plus installable. »

Saint-Louis © Goodmoods & @Momomexicostudio

© Saint-Louis

Comment les usages changent-ils avec le temps ?

 

 

 

« Quand j’ai lancé un service de vaisselle émaillée et colorée, diffusé sous la marque Variopinte, ça n’intéressait que des magasins de niche. Dix ans après, le style de vie, de restauration a totalement changé.

Je pense qu’on peut faire un parallèle avec cette guirlande, c’est dans l’air du temps cette réappropriation de la matière pour en faire quelque chose de décomplexé et qui s’inscrive dans une façon de vivre un peu plus légère, plus colorée. »

Quel est pour vous le vrai luxe ?

 

 

« Aujourd’hui on essaye d’avoir des choses qui durent, c’est le plus important. Et c’est cette temporalité qui définit le luxe dans le sens profond du terme.

 

Le cristal est une matière très pérenne : elle ne vieillit pas, elle ne perd pas de son éclat, elle s’anoblit avec le temps. Il y a l’idée de transmission, d’un objet qui passe de génération en génération mais qui est réinventé par chacune d’entre elles. Une chope peut devenir un soliflore. »

Saint-Louis © Goodmoods & @Momomexicostudio

Quelle attention portez-vous à la matière ?

 

« Je suis très attentive à la noblesse de la matière. On sait qu’un objet va durer car il est bien fait. Ça rejoint la série éditoriale Objets trouvés dans M le Monde, imaginée avec Godefroy. J’adore cette rubrique où l’on présente des pièces qui nous intriguent. Il s’agit de trouver un objet qui parle de lui-même, intelligent par l’histoire qu’il raconte ou par l’usage auquel il invite. »

Les objets trouvés pour M le monde, © Jonathan Frantini – La chantepleure, l’arrosoir médiéval

Les objets trouvés pour M le monde, © Jonathan Frantini – Le coussin de corrida

« On s’est aperçu avec le temps qu’il s’agit souvent de belles matières avec derrière des artisans, des petites PME,  jamais une grande industrie ; un peu comme La Manufacture Saint-Louis qui est restée ancrée dans son territoire. »

© Saint-Louis

Qu’est ce qui vous plaît avec le cristal ?

 

 

« Ce qui est sublime chez Saint-Louis c’est cette maîtrise de la forme taillée qui fait que le verre devient une matière à diffraction de la lumière. L’éventail des tailles et des côtes vénitiennes subliment ce halo. »

Votre rapport à la couleur ?

 

« Tout débute avec la couleur ! Il y a un vrai travail de coloriste à La Manufacture : c’est un métier d’alchimiste. Quand vous posez de la couleur sur un verre en cristal, il y a tout un procédé derrière. C’est la couleur qui à la fusion, lors de la cuisson, crée une réaction. Tout est une question de maitrise car les paliers de températures définissent les différentes nuances. »

© Saint-Louis

Comment associez-vous les couleurs ?

 

 

« Chez Saint-Louis, les couleurs sont si bien choisies que finalement elles vont toutes bien ensemble. La couleur c’est vraiment un domaine infini, on ne peut jamais s’arrêter d’en créer, c’est interminable. »

Votre couleur du moment ?

 

 

« Le bleu clair, ce n’est par une couleur qu’on a l’habitude de voir beaucoup. J’étais très contente de l’avoir sur la guirlande. »

© Saint-Louis

© Saint-Louis

Le style insufflé à la vitrine imaginée pour Saint-Louis ?

 

 

« L’esprit guinguette ! J’aime cette esthétique, cette légèreté, notre maison en Bourgogne est pensée dans ce style là.

 

Et l’idée de la guinguette c’est l’idée de la fête, de la danse, de l’insouciance, qui je pense est une philosophie de vie qu’on devrait essayer de maintenir. Que ce soit dans une période sombre comme celle-ci ou en général. »

Un tableau qui incarne cet esprit ?

 

 

« Les œuvres de Renoir en général. Je me dis que quand il a peint son tableau Le Déjeuner des canotiers, ça devait être une époque assez insouciante… »

 

Croquis de Stefania Di Petrillo pour Saint-Louis

Cette vitrine, c’est une nouvelle interprétation de la ruralité ?

 

 

« La ruralité n’est pas forcément synonyme de matière brute, d’austérité, il peut y avoir une certaine virtuosité, un génie, une élégance aussi.

 

C’est un sujet dans l’air du temps. Il y a une vraie ré-intellectualisation de l’agriculture, de la ruralité. »

Saint-Louis © Goodmoods & @Momomexicostudio

Le film qui vous a inspiré ?

 

 

« Le réalisateur Jonathan Nossiter s’est penché sur le sujet avec son film Résistance naturelle : et si l’agriculture était d’abord une question de cultureIl interroge des gens qui s’engagent à bien faire les choses, des personnes qui ont une vraie culture de ce qu’ils font et de ce qu’ils vont laisser à la planète. »

Résistance naturelle

La Manufacture, Saint-Louis-lès-Bitche, Frantz Loan, © Delphine Chanet

Comment ce thème résonne-t-il avec La Manufacture ? 

 

 

« Ce thème est aussi fidèle aux racines de Saint-Louis, à son implémentation, à son savoir-faire. La Manufacture est à Saint-Louis-lès-Bitche, en Moselle. Je pense que quand les artisans découvriront les photos de cette vitrine ça leur parlera. »

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