Base primaire

Il y a 104 ans, les artistes hollandais Piet Mondrian et Théo Van Doesburg asseyaient leur domination créative avec le courant artistique De Stijl qui ne quittera jamais la création, que ce soit la mode, l’art, l’architecture ou le design. Exclusivement dictée par des lignes droites et des couleurs « pures », l’esthétique néoplasticienne se veut rigoureuse et académique.

Malgré la rigidité du mouvement, les jeux de couleurs et de lignes donnent à voir des compositions ludiques et candides qui font résonner les bruissements de la cour de récréation, ou transportent sur les bancs de l’ancien presbytère transformé en école primaire à Vřesovice.

Inspirée de cette époque moderniste, notre collection de bouteilles La Consigne tient son panache des préceptes optimistes instaurés par ces maîtres de la couleur. Un double hommage décalé, à la fois au courant, et aux consignes traditionnelles retwistées avec des couleurs brillantes.

Si les prescripteurs sont Mondrian et Van Doesburg, suivis pas l’école du Bauhaus dans les années 20, deux noms français se démarquent dans cette quête utopique de la couleur : Charlotte Perriand et Le Corbusier (fondateurs de l’Union des artistes modernes). Régulièrement missionnés de rendre les espaces fonctionnels et adaptés à la vie moderne, ils utilisent la polychromie primaire pour compartimenter et égayer.

La décennie est également marquée par l’avènement du design tubulaire, encore et toujours en réinvention sous les mains des nouveaux designers. Débutée par Marcel Breuer dans les années 30 dans le cadre de ses recherches au Bauhaus, la révolution de l’acier tubulaire continue de gagner du terrain, fidèle au langage coloré et primaire de l’école allemande.

Du côté de la mode, c’est Benetton qui annonce la couleur. Pour donner un nouveau souffle à la maison, Luciano Benetton et son nouveau directeur artistique Jean-Charles de Castelbajac – surnommés les « machines à arc-en-ciel » – distillent leur ADN industrielle sur les défilés milanais, sans demi-mesure, avec des couleurs primaires qui tranchent.

Une démarche colorée qui se répète chez Prada. Pour la collection homme automne-hiver 2021, Miuccia Prada et Raf Simons ont co-conçu un show expérimental fondé sur la tactilité, avec pour délimitation spatiale un langage technicolore.

L’héritage percutant du modernisme est plus que jamais célébré par les jeunes designers, en particulier ceux venus de l’est influencés par le Suprématisme russe. L’Ukrainienne Daria Zinovatnaya comme la Polonaise Pani Jurek fragmentent les espaces comme personne, transformant la couleur en un vecteur de dynamisation des espaces.

Les bibliothèques jouent avec les couleurs primaires, l’abstraction, l’horizontalité et l’équilibre, et s’inspirent de l’art radical et géométrique de Miró, Mondrian, ou de Charlotte Perriand pour devenir de réelles toiles vivantes, faisant entrer l’art dans les maisons.

Une esthétique également adoptée dans les cuisines modernes des designers Dries Otten, Hybschmann ou Muller Van Severen qui démocratisent une nouvelle façon de délimiter les espaces via des expérimentations chromatiques.