Héritage
12 décembre 2023
Héritage
12 décembre 2023
Reine de la mise en scène, la cinéaste américaine Sofia Coppola jongle avec les genres, traverse les époques et capture l’intime avec une sensibilité artistique bien à elle. De « Marie-Antoinette » à « Lost in Translation » en passant par « Virgin Suicides », l’œuvre cinématographie de Coppola explore la fragilité du féminin et la superficialité de l’opulence avec des codes à la fois épurés et sophistiqués.
Méticuleux et cotonneux, le cinéma de Coppola est loin d’être mielleux. Si sa mise en scène est délicate et onirique, son scénario révèle à chaque fois une réalité plus terne et mélancolique. Dernier exemple ? Son film « Priscilla », un biopic sur Priscilla Presley qui dresse un portrait peu élogieux d’Elvis.
Cet automne, le style Coppola fait particulièrement son cinéma. Quelques semaines avant la sortie de son dernier film, la Cinémathèque dédie une rétrospective à la filmographie de l’Américaine. Cerise sur le gâteau : son premier ouvrage, Archive vient d’être publié aux éditions MACK. L’occasion de revenir sur les esthétiques qui ont fait sa notoriété, mises en parallèle avec la création contemporaine.
Thème
FÉMINITÉ
Signature
ANACHRONISME
Palette
POUDRÉE
Accessoire
NŒUD
Premiers croquis, scripts annotés, photographies de coulisses, éphémères de tournage… Comme dans nombreux de ses décors, Sofia Coppola rassemble au sein de son livre Archive, un collage de ses souvenirs cinématographiques. Un livre-scrapbooking de 488 pages qui raconte sa carrière de 1999 à aujourd’hui avec intimité et singularité.
Des Converse portées par Marie-Antoinette aux musiques rétro de « Virgin Suicide », les anachronismes (attribution à une époque de ce qui appartient à une autre) sont très présents dans les films de Coppola, autant dans la bande-son que les costumes. Une émancipation des barrières temporelles que l’on retrouve dans le lexique des créateurs qui se plaisent à faire dialoguer les époques et les styles.
Chez Sofia Coppola, les nuances pastel dominent. Elles symbolisent à la fois la fragilité, la délicatesse et la mélancolie. Dans « Marie-Antoinette », le vert d’eau et le rose poudré reflètent l’opulence de la cour tout en évoquant une féminité vulnérable. Dans « Virgin Suicides », ils renforcent la symbolique des filles comme des figures éphémères et précieuses, et dans « Lost in Translation », ils créent un Tokyo feutré tout en évoquant la connection intime entre les personnages de Scarlett Johansson et Bill Murray.
Coppola cultive également volontairement la superficialité de la culture hollywoodienne. Particulièrement dans « Somewhere » qui narre la vie d’une star de ciné vivant dans le célèbre Chateau Marmont, à West Hollywood. Le décor réincarne le style « Chateauesque » apparu dans les années 20 en Californie, notamment avec des références néogothiques aux châteaux de la Loire.