Héritage
il y a 1 semaine
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Figure tutélaire du minimalisme, Donald Judd a érigé l’art et le mobilier en manifeste de rigueur et de vérité formelle dès les années 60. Le plasticien américain, d’abord peintre expressionniste abstrait, puis designer et architecte, était aussi un véritable théoricien de l’art. Héritier du modernisme, il défend une esthétique radicale, libérée de toute illusion. Dès les années 60, il passe de la toile aux œuvres en trois dimensions. C’est par nécessité qu’il commence à concevoir du mobilier, comme des lavabos pour sa galerie du 101 Spring Street à New York, puis des meubles pour ses ranchs et les bâtiments de La Mansana de Chinati/The Block qu’il rénove à Marfa (Texas) notamment un lit, des assises et des étagères pour sa bibliothèque.
Donald Judd a toujours travaillé avec des ateliers locaux et des artisans indépendants. Il privilégie le bois et le métal, fabriqués localement avec soin. Son approche est presque anthropologique : il valorise le geste, la matière, et refuse toute logique décorative. Une rigueur conceptuelle que perpétue aujourd’hui Donald Judd Furniture, en réinterprétant son mobilier aux côtés d’Anthony Vaccarello pour la boutique Saint Laurent Rive Droite. Sa quête de clarté est également revisitée par de grands architectes et designers contemporains comme Marion Mailaender, Pietro Franceschini, Dimorestudio, Joris Poggioli, Vincent Van Duysen ou encore Studio Haos. Démonstration.
Dates
1928-1994
Profession
Artiste-plasticien
Courant
Minimalisme
Interdit
Ornement
Bannir l’ornement, rechercher l’essentiel, rendre visible la structure. Les objets de Judd servent à mettre en lumière l’élément dans lequel tout est inévitablement immergé : l’espace. Son esthétique se débarasse de l’illusion, ses œuvres sont claires, fortes et définies. Les lignes sont honnêtes et souvent soulignées par des liserés fins sur les tranches.
La résidence vue mer de Marion Mailaender pour la Design Parade Hyères 2024
Restaurant Origami Sushi par VSHD Design © Oculis Project
Les meubles de Judd sont constitués de volumes simples (cubes, parallélépipèdes) qui s’emboîtent selon des règles précises. Ses assises, composées de plans verticaux et horizontaux se croisent en angle droit et s’encastrent sous les plateaux de table ou dans les flancs d’un bureau. Un encastrement toujours loin du décoratif, plutôt structurel pour que chaque élément trouve sa juste place au sein de l’ensemble.
Side Shelf Chair 84, Noyer Noir, 1982, Donald Judd
Dans ses sculptures en série, notamment les fameuses Stacks (des modules en métal suspendus au mur), chaque volume est espacé de manière égale, chaque élément est identique ou varie selon un système clair, presque mathématique. L’objet devient une unité visible. Tout est à sa place, rien n’est superflu.
Appartement de Joris Poggioli, Rue Paradis, Paris © Alice Mesguich
À une époque où l’art de la table reste très attaché à l’ornement, Donald Judd lui, propose des formes épurées à l’extrême. Dans sa résidence de Marfa, l’art de la table est omniprésent, avec des assiettes, des tasses, des couverts conçus comme ses sculptures. La maison d’orfèvrerie Puiforcat a joué un rôle dans la préservation et l’édition de certaines pièces de table, reproduisant des lignes simples, géométriques, avec la même volonté de clarté et dans la lignée de sa pensée : fonctionnalité pure, formes essentielles.
Appartement Joris Poggioli, Rue Paradis, Paris © Alice Mesguich
Chez Donald Judd, la couleur est une composante structurelle de l’œuvre, aussi fondamentale que la forme ou le matériau. Elle est là pour renforcer la géométrie, souligner un volume, équilibrer une proportion. Bleu cobalt, rouge primaire, vert acide, noir profond… Il choisit souvent des couleurs industrielles, franches pour que ses œuvres aient une présence autonome, sans référence extérieure.
Vingt-sept œuvres installées à La Mansana de Chinati/The Block, Marfa, Texas