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Du style napoléonien dit « Retour d’Égypte » à l’ésotérisme néo-égyptien de la franc-maçonnerie, jusqu’aux lignes géométriques de l’Art déco, l’Égypte n’a jamais cessé de nourrir l’imaginaire occidental.
C’est en 1922 que cette égyptomanie atteint son apogée, lorsque la tombe de Toutânkhamon est découverte, débordant de bijoux, d’or, de mobilier, de jeux et d’objets du quotidien, et révélant l’extraordinaire raffinement de la vie pharaonique. Un renouveau littéraire, cinématographique, décoratif et architectural voit le jour. Le style Art déco, en pleine effervescence, puise largement dans cette iconographie. À Paris, le cinéma Le Louxor incarne ce rêve égyptien géométrique : colonnes palmiformes, frises de lotus, hiéroglyphes dorés, plafonds étoilés et fresques de dieux ailés… Un décor d’Égypte fantasmée total qui se mêle finement aux codes des Années folles.
Un siècle plus tard, l’Égypte refait surface avec un nouvel éclat. L’Exposition internationale des Arts décoratifs fête ses 100 ans, le Grand Egyptian Museum s’apprête à ouvrir ses portes au Caire (juillet 2025), et Cléopâtre revient sur le devant de la scène avec une exposition dédiée à la reine d’Égypte à l’Institut du Monde Arabe et un film en préparation par Denis Villeneuve… Même Wes Anderson, dans The Phoenician Scheme, rejoue les motifs de l’égyptomanie des années 1920 à travers une esthétique stylisée. Moodboard égyptophile.
Apogée
Années 20
Prescripteur
Toutânkhamon
Ornementation
Hiéroglyphe
Déesse
Isis
Théâtre Wiltern, Los Angeles, intérieur par G. Albert Lansburgh
En 1922, c’est le centenaire de la découverte des trésors de Toutankhamon et le bicentenaire du déchiffrage des hiéroglyphes par Champollion. Ce double anniversaire alimente la curiosité déjà insatiable des créatifs pour l’Égypte antique. Terreau fertile pour les artistes Art déco qui trouvèrent particulièrement dans ses lignes et ses motifs — œil oudjat, scarabées, palmiers, faucons, croix ânkh, pyramides, obélisques — l’inspiration, celle-ci se répand sur toutes les façades, des cinémas aux hôtels, mais aussi dans les intérieurs de stations de métro, les halls des gares…
Cinéma Le Louxor, Paris (1921) © Archives d’architecture moderne / Luc Boegly
Inspiré par plus de 5 000 ans d’histoire du Nil, le voilier égyptien Yalla Nile est un bateau fluvial à deux mâts conçu sur mesure par Tarek Shamma. Fabriqué à la main à partir de matériaux locaux — marbre de Brescia Fawakhir, papyrus, albâtre et parchemin — il incarne l’héritage artisanal égyptien. À bord, les savoir-faire traditionnels sont magnifiés : tissage Kilim, tapisserie Khayameya, treillis Mashrabiya… Naviguant entre Louxor et Assouan, l’embarcation allie la majesté des anciens sultanats et royaumes à l’élégance d’un confort contemporain.
Installation de Stephan Breuer à la 3éme édition de L’Art d’Égypte
Dans l’Égypte ancienne, l’or est considéré comme la chair des dieux — inaltérable, éternel, rayonnant comme le soleil. La dorure enveloppe les corps royaux pour assurer leur renaissance éternelle. Le masque de Toutânkhamon est même réalisé en or massif incrusté de pierres semi-précieuses. Plus qu’une distinction du luxe, le doré inspire aujourd’hui les créateurs contemporains (bijoutiers, designers, stylistes) comme un langage sacré, presque mystique.
Le vert clair légèrement bleuté quant à lui, souvent associé à Isis, déesse égyptienne de la magie, de la vie et de la résurrection, renvoie aussi aux pigments naturels utilisés dans les fresques et bijoux pharaoniques, notamment la malachite broyée, pierre semi-précieuse abondamment utilisée dans les fards et ornements. Il incarne dans les décors contemporains, un retour au raffinement ésotérique, à une élégance teintée de mystère, souvent associé à des intérieurs sophistiqués, feutrés, et profondément sensoriels.