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Le mood de

Christophe Delcourt

Un premier coup de crayon. Un trait délié. Une ligne ininterrompue qui crée un lien entre le geste du designer et celui de l’artisan. Pour Christophe Delcourt – décorateur, architecte d’intérieur, designer et éditeur – tout part de là.

 

 

Depuis plus de 25 ans, cet autodidacte apporte la même attention particulière au faire. Si sa philosophie n’a pas changé, son trait s’est libéré : d’abord épuré, il a gagné en expression, osant davantage l’éclectisme, puisant son inspiration dans un élément architectural, une sculpture ou une matière. Une créativité qui se reflète dans les pièces de sa maison d’édition Delcourt Collection comme dans ses multiples collaborations. Il a dernièrement révélé chez Silvera des pièces modulables pour Baxter. Des créations qui rappellent que le mobilier est d’abord un élément de valorisation de l’intérieur, une expression du confort et le témoignage d’une époque.

Comment êtes-vous devenu designer ? 

 

« J’ai appris le métier dans les ateliers, je n’ai pas fait d’école, j’ai juste toujours dessiné. J’ai su comment on construisait une table avec des artisans, des ébénistes, les canapés avec des tapissiers etc. Je suis parti de la construction pour apprendre à dessiner du mobilier. »

Christophe Delcourt pour Minotti

Quelle est la genèse de votre collection pour Baxter ?

Christophe Delcourt – Baxter

« Il y a dix ans, j’ai travaillé une collection avec du bois qui est ma matière de prédilection. Je connaissais la maison Baxter et régulièrement le CEO Paolo Bestetti venait voir mes présentations. Il a été sensible à cette approche fluide et organique utilisée pour mes sièges ces dernières années. Il a rebondi là-dessus et m’a demandé de réfléchir à une collection plus féminine, quelque chose de plus fluide et dans la rondeur. »

Table Fany – Christophe Delcourt – Baxter

Un mot pour décrire cette collection ? 

 

« La courbe. Elle est partout. Elle est à l’intérieur, sur le dessus, dans le dos. »

Assises Beki – Christophe Delcourt – Baxter

Où imaginez-vous le canapé Clara ?

Canapé Clara – Christophe Delcourt – Baxter

« Il faut qu’il puisse aller partout. Qu’il soit transversal à toutes les cultures et à tous les types d’architectures. Je trouve ça réducteur de se dire que je travaille pour un type d’intérieur, un type de clientèle particulière. On fait du mobilier et on doit répondre à des besoins, il faut que ce soit ouvert. Le mobilier c’est un élément de séduction, il faut surtout qu’on ait des émotions au niveau d’une forme, d’une matière, d’une couleur. » 

Quelle est la palette de cette collection ? 

 

« C’est une collection très végétale, organique. Il y a des bruns, des verts, des orangés, c’est très automnal. »

Assise Keren – Christophe Delcourt – Baxter

Assise Keren – Christophe Delcourt – Baxter

Quelles pièces aimez-vous travailler ?

 

« Pour moi, il y a deux pièces qui sont essentielles et sur lesquelles je m’exprime bien. C’est la table et la chaise. De plus en plus, je me décomplexe des formes imposantes qui les composent en les travaillant de façon plus sculpturale, plus expressive. Et c’est ce que voulait aussi Paolo Bestetti.

Table Fany – Christophe Delcourt – Baxter

Sofas Clara – Christophe Delcourt – Baxter

Chez Baxter il y a des pièces fortes. Le canapé est l’une d’entre elles car c’est un essentiel de la maison. J’ai voulu travailler sur un composable, avec des éléments qu’on puisse assembler pour avoir une forme qui évolue au fur et à mesure des besoins. L’idée est de  répondre à des fonctions différentes dans la journée : s’y détendre, manger, etc. »

Jouer avec les fonctions, les moduler c’est au cœur de votre travail ?

Minotti Canapé Daniels et tables basses Amber – Christophe Delcourt – Minotti

Composition canapé Daniels – Minotti

« Oui, j’ai travaillé avec la Maison Minotti qui a toujours partagé cette vision-là. Depuis le début, ils ont compris que l’intérieur c’est vraiment la centralité. C’est-à-dire qu’on essaye de créer un seul et même espace dans lequel on va travailler la fonction, la forme, avec des hauteurs et des attitudes différentes. Aujourd’hui, les appartements et les maisons sont décloisonnés, tout est beaucoup plus ouvert. Au lieu de passer de pièce en pièce, on doit avoir toutes les réponses fonctionnelles au sein du même endroit car on veut avoir cette sensation de grand volume. »

Croquis canapé Daniels – Christophe Delcourt

Est-ce que vous pensez à quelqu’un en particulier quand vous dessinez un meuble ?

TEO console – Christophe Delcourt

« Non. Par contre, quand je crée un prototype, j’attends de voir comment les personnes se l’approprient avant de l’essayer moi-même. Sur l’expression du visage, on voit tout de suite si ça va convenir ou pas, c’est radical. Ce n’est pas comme un vêtement où on se regarde, ce sont les sensations qui comptent. Je pense aussi à la vision qu’on peut avoir d’une pièce et à l’importance de pouvoir tourner autour visuellement. Elle doit être intéressante quelque soit l’angle duquel on la regarde. »

ICY console – Christophe Delcourt

YBU table – Christophe Delcourt

 

L’avant / après Covid pour le design ?

 

« Les demandes des gens ont évolué. Si quelqu’un vient me voir pour son bureau, on va lui demander comment il travaille, s’il utilise un ordinateur fixe ou portable, etc. En fonction de tout cela, la taille de son bureau n’aura pas la même hauteur, les mêmes dimensions. Avec la covid, les ventes de mobilier domestique ont grimpé, les gens ont besoin d’éléments qui ne sont plus les mêmes et de beaucoup de confort. »

Delcourt Collection

Vos matières de prédilection ? 

 

« Le bois. C’est une matière première qui permet de bâtir et donc d’exister. Elle est partout et nous aide dans notre quotidien. »

Table d’appoint LEO – Christophe Delcourt

Vos actualités pour cet hiver ?

Canapé OZE – Christophe Delcourt

Collection Virgule – Pierre Frey – Delcourt

« Je prépare le lancement de la collection Virgule chez Pierre Frey avec un canapé et un ensemble de sièges. Chez Delcourt aussi, on travaille sur un autre canapé, plus déstructuré cette fois, le canapé Oze.  »

Canapé OZE – Christophe Delcourt

Un designer qui vous inspire ?

© Valentin Loellmann

© Valentin Loellmann

© Valentin Loellmann

« J’aime bien le travail des designers-artisans comme Valentin Loellmann qui a quelque chose de très poétique. Il va dans les bois, il ramasse des branches de noisetiers et il crée des tables à partir de ça. »

Un artiste qui vous anime ?

 

« J’aime beaucoup Brancusi pour son travail des formes. Il propose une adéquation entre la forme et la matière qu’on recherche vraiment au sein de l’agence. On part d’une matière très simple, le bois par exemple, et on enlève des choses. Au fur et à mesure de cet avancement, on obtient une forme, une pertinence dans le propos. On ne travaille pas dans l’idée d’avoir un plateau et quatre pieds. On cherche à créer une liaison entre chacune de ces deux parties, une liaison entre la verticalité et l’horizontalité pour construire un seul et même élément. »

Atelier Brancusi

Les pièces à chiner sur leboncoin ?

 

« Une des lampes de Serge Mouille, je ne me souviens pas du numéro. J’adore les luminaires de Sarfatti, le travail de Castiglioni sur les formes comme ses tables et consoles en marbre et aussi le travail de Perriand sur le bois. »

Maison signée Kengo Kuma à Paris © Alexis Armanet

L’architecte qui construirait la maison de vos rêves ?

 

« Ce serait un architecte japonais pour son utilisation du bois. J’imagine quelque chose de léger et sans époque. Les maisons en bois au japon sont détruites et refaites à l’identique, c’est toujours le même système de construction. »

Un musée ou vous pourriez vous rendre chaque semaine ? 

 

« J’aime beaucoup le musée Bourdelle. J’y retourne souvent. C’est un lieu très désuet, sans époque. L’atelier Brancusi à Beaubourg, on peut y aller cinq-cent fois et on ne voit jamais la même chose. Il y a une lumière et une poésie là- bas. »

Musée Bourdelle

Un décor de film qui vous a marqué ? 

« J’aime bien cette question cinématographique de l’architecture… L’architecture, ce sont des plans successifs. Quand on travaille du mobilier et quand on l’installe, on a un premier plan, un deuxième arrière-plan. Alors qu’au cinéma les choses sont très écrasées, donc on a une vision générale, une atmosphère mais on ne voit plus les pièces en particulier. C’est un média ou l’intérieur n’est pas valorisé, seulement le lieu, l’atmosphère, la couleur.

 

Mais pour répondre à la question, j’adore le film Amore de Luca Guadagnino qui se déroule à Milan, il y a quelque chose de particulier avec cette maison bourgeoise immense et très écrasante. Il y a aussi le film The bigger splash du même réalisateur qui est intéressant à ce sujet. » 

Amore de Luca Guadagnino

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