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Le mood de

Arthur Teboul

En parallèle de leurs études, les cinq larrons de Feu! Chatterton affinent leur style hybride, entre rock british endiablé et chanson française aux textes léchés. Diplôme en poche, Arthur Teboul, Clément Doumic, Sébastien Wolf, Antoine Wilson et Raphaël de Pressigny décident de faire de leur passion leur métier. Ils enchaînent concerts et festivals et sortent trois albums chez Barclay : « Ici le Jour (a tout enseveli) » en 2015, « L’Oiseleur » en 2018 et « Palais d’argile » en 2021, disque d’or, leur plus grand succès.

 

Ces bourreaux de travail bourrés de talent signent par ailleurs des musiques de films et autres projets, dont l’écriture de l’intégralité des morceaux de la comédie musicale « La Grande magie » de Noémie Lvovsky, en salles le 8 février. Quant au double album live qui vient ponctuer une tournée mémorable, il fera patienter les fans en attendant de retrouver ces bêtes sur scène (les dates de l’Olympia des 16, 17 et 18 janvier affichent déjà complet). Arthur Teboul, chanteur et parolier du groupe français, se livre sur son amour de Charles Trenet et son passé de slameur.

Arthur Teboul, intérieur designer par Megane Servadio © Jean Picon

Enfant, quelle était votre relation à la musique ?

 

« Mon père est un grand mélomane, j’ai grandi avec beaucoup de musique autour de moi. Dans la voiture, nous écoutions Charles Trenet, Georges Brassens ou encore Barbara. De la musique anglo-saxonne comme de la chanson française. Je me mettais debout entre les sièges à sautiller et à chanter.

 

Aussi, la scène m’a toujours attiré : à 10 ans, à l’école – une primaire publique expérimentale – nous avons mis en scène une pièce de théâtre où je tenais le rôle principal. Depuis, j’ai toujours adoré être sur scène. »

Georges Brassens

Charles Trenet

Comment s’est passée votre rencontre avec les autres membres du groupe, Clément Doumic, Sébastien Wolf, Antoine Wilson et Raphaël de Pressigny ?

Feu! Chatterton © Antoine Henault

« Le premier jour de mon année de 1ère, au lycée Louis le Grand, à Paris, je me suis retrouvé assis à côté de Sébastien. Le courant est passé de suite. Clément et lui avaient déjà un groupe de rock, inspiré des «bands» anglo-saxons qui chantent en anglais d’une voix aiguë. Quand je les voyais jouer ensemble, parler cette langue magique à laquelle je ne comprenais rien, quand je sentais cette magie dans l’air, si palpable, je voulais en être. 

Feu! Chatterton © Antoine Henault

En terminale, ils sont arrivés en finale du concours Emergenza et allaient jouer à l’Elysée Montmartre. J’ai essayé de me placer ! Je suis donc venu en répèt’ avec mes textes. Ils m’ont expliqué à quel moment poser ma voix – par exemple : «troisième accord de la deuxième mesure» – , sauf que ça ne voulait rien dire pour moi ! Et à chaque fois que nous reprenions le morceau, je faisais quelque chose de différent. Ils se sont défaussés sur le chanteur qui n’était pas présent à ce moment-là, en prétextant qu’il n’était pas ouvert à me laisser monter sur scène avec eux. Mais en réalité, je n’étais pas au niveau. »

La musique n’était donc pas une vocation pour vous ?

 

« Sur le papier, peu de choses me destinaient à devenir chanteur : je n’ai jamais pratiqué la musique ni étudié le solfège et je ne joue d’aucun instrument. Je chantais sous la douche, mais ça s’arrêtait là. Le texte m’a conduit à la musique, grâce à tous ces grands paroliers que nous écoutions, comme Georges Brassens, Barbara, Jacques Brel. Puis, à l’adolescence j’ai découvert Serge Gainsbourg et Alain Bashung. La manière d’allier une grande poésie dans les mots, une grande recherche dans le texte à une musicalité, des arrangements et des mélodies très puissants m’a beaucoup bouleversé. »

Serge Gainsbourg

La Javanaise

Au milieu des années 2000, il y avait toute une scène rock, très jeune, qui émergeait à Paris. Vous avez pourtant choisi de poursuivre de longues études au lieu de suivre le mouvement. Pourquoi ?

Feu! Chatterton © Antoine Henault

« Au plus profond de moi, je me rêvais chanteur. Mais il est difficile d’assumer ses rêves. Et comme je le disais, je n’étais pas au niveau, au lycée, pour me lancer à corps perdu dans la chanson. Aussi, nous aimions beaucoup étudier. Nous sommes allés dans des prépas différentes, et nous nous sommes perdus de vue pendant ces quelques années.

Arthur Teboul au festival La Bonne Aventure © Sébastien Latour

J’ai commencé à beaucoup écrire et tous les mardis soir je me rendais, seul, à la soirée slam du Culture Rapide, un bar situé à Belleville. Monter sur scène en solo, lire mes poèmes a cappella, était pour moi l’occasion d’affiner mes textes et de retrouver le frisson de la scène. »

Qu’est-ce qui vous a finalement poussé à poursuivre dans la musique ?

Feu! Chatterton – Palais d’argile

« Clément a trouvé incroyable la rythmique que j’avais acquise et qui me manquait au lycée. L’idée de faire quelque chose ensemble a surgi, et surtout, ils tenaient à mettre mes textes en musique. On ne parlait même pas de chant – je ne faisais que crier. Ils m’ont toujours encouragé, en faisant preuve de beaucoup de patience car nous ne parlions pas encore la même langue. J’ai aiguisé mon oreille, tenté de comprendre tout ce qui parait si simple à un musicien, comme la durée d’une mesure ou encore la précision rythmique. J’ai progressé techniquement et, avec le temps, nous nous sommes créé une langue commune. 

Live à Paris 2022

Feu! chatterton

Feu! Chatterton © Antoine Henault

Lors de notre dernière année d’études, c’est venu assez naturellement. Nous savions que nous allions le regretter si nous ne tentions pas notre chance. Nous nous sommes refusés à chercher du travail, ce qui a débloqué beaucoup de choses. Et quand nous avons obtenu nos diplômes, nous avions déjà des projets d’EP et de tournées. J’ai fait une école de commerce dans l’idée de fonder un label, de développer des groupes et si je n’avais pas rencontré mes amis au lycée je n’aurais jamais fait de la musique mon métier. »

Feu! Chatterton © Antoine Henault

Pourquoi avoir choisi d’honorer Thomas Chatterton (1752 – 1770) ?

Tableau «La mort de Chatterton» du peintre Henry Wallis

« Thomas Chatterton était un adolescent suicidaire, extrêmement orgueilleux, un petit génie à l’histoire rocambolesque, qui faisait passer ses écrits pour des manuscrits du XVe siècle. Je suis tombé, par hasard, lors d’une exposition au Grand-Palais sur la mélancolie, sur le tableau «La mort de Chatterton» du peintre Henry Wallis (1856). On y voit un jeune homme sur un lit – ce décor me rappelait nos petits appartements d’étudiants -, les cheveux rouges, le visage pâle, androgyne. J’étais aimanté par ce personnage qui semblait dormir. 

Portrait d’Oscar Wilde

Nous  étions très jeunes au moment où nous nous sommes baptisés, dans la vingtaine. J’étais très emprunt de romantisme, de mélancolie, de dandysme littéraire. Oscar Wilde et Baudelaire étaient mes figures tutélaires et au lycée, nous aimions faire des rituels littéraires un peu poétiques. L’insolence et la flamme que nous trouvions dans les mots nous animaient. Certains pensent que la poésie est snob et élitiste mais pour moi elle est une arme brûlante, émancipatrice.

Portrait de Charles Baudelaire

Notre nom est un jeu de mots plein d’ironie qui représente bien notre identité. Le «feu», celui qui est mort, et le point d’exclamation plus cartoonesque, comme pour dire «feu top départ !». Chatterton est mort mais il revit. Aujourd’hui d’ailleurs, nous nous sentons plus «Feu!» que «Chatterton».»

 

 

Festival des Vieilles Charrues

Zenith de Toulouse

Le Radiant-Bellevue

Festival des Vieilles Charrues

Le Radiant-Bellevue

Zenith de Toulouse

Quel est votre meilleur souvenir sur scène ?

« Il y en a énormément : nous faisons plus d’une centaine de concerts par an ! Mais cet été, au festival des Vieilles Charrues, nous avons joué devant 40 000 personnes, à 17h, en pleine canicule, sous une chaleur tropicale qui a mis tout le monde dans une sorte de transe. C’était la première fois que nous réussissions à nous connecter avec autant de monde. Trouver cette intimité était très puissant. »

Monde Nouveau

Feu! Chatterton

Et pour la suite ?

 

« Là, je suis au Luxembourg, dans ma loge : j’attends de pouvoir faire les balances de notre dernière date avant les vacances. Après deux ans, la tournée s’achève et nous allons nous remettre à écrire, ce qui est toujours un moment effrayant où l’on s’enfonce dans l’inconnu. J’écris des bribes de textes dans mon coin qui seront ensuite nourris par la musique. La plupart du temps, mes écrits résonnent avec ce que nous sommes tous les cinq en train de vivre. Je viens d’être papa, peut-être que cela ressortira dans les paroles de notre prochain album ? »

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