Styles
1 December 2021
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1 December 2021
Inventés il y a des millénaires, les pictogrammes, hiéroglyphes, idéogrammes, tout comme l’alphabet latin investissent aujourd’hui les collections de créatifs. Les designers et artistes – Garance Vallée, Studiopepe, Pani Jurek, Matty Klenell – font danser les symboles, consonnes et voyelles à la façon d’hommes de lettres. De leurs côtés, les grandes maisons de mode – Fendi, Balmain, Louis Vuitton – utilisent le monogramme avec excès pour se rendre identifiables. Des caractères qui permettent de se singulariser en apposant ses initiales, un nom de code, ou symbole énigmatique sur ses effets personnels. Un éloge de la pièce unique et un manifeste graphique impulsés par la maison d’orfèvrerie Puiforcat qui fait des lettres dessinées par Jean Puiforcat l’ornement principal de sa nouvelle collection de porcelaine.
Sur de la vaisselle, du mobilier, ou les derniers défilés, les créatifs contemporains surjouent le champ lexical du symbole pour créer des partitions singulières. Décryptage de A à Z.
Prescripteur
Jean Puiforcat
Expression
Au pied de la lettre
Livre
Abécédaire
Gamme
de A à Z
Depuis toujours, l’écriture figurative, les hiéroglyphes et leurs significations mystiques intriguent et inspirent les créatifs. Comme les égyptiens à l’époque, les artistes Klas Ernflo et Garance Vallée injectent un souffle mystérieux et occulte à leurs créations à grand renfort de symboles. Leurs tapisseries et tableaux s’exposent dans les intérieurs comme des artefacts des temps modernes.
Les décors digitaux font aussi preuve de mysticisme. Comme à leur habitude, Arianna Lelli Mami et Chiara Di Pinto, les deux designers derrière Studiopepe, teintent leur travail d’ésotérisme à coups de symboles et de caractères ésotériques. Elles présentaient l’année dernière un univers imaginaire reliant tous leurs projets de 2020 à travers une constellation de pictogrammes dont la puissance est approfondie par un jeu de néons en orbite.
CE, AO, OG, OS, OT… Sur les petites cartes de 10 centimètres sur 15 de Jean Puiforcat, les lettres s’entrelacent pour former un jeu graphique, parfois indéchiffrable. Des dessins qui incitent à chercher les allusions cachées ou les significations secrètes que contiendraient ces monogrammes. Mais Jean Puiforcat accolait, encastrait, entrelaçait les lettres pour leurs propriétés graphiques en premier lieu.
La maison d’orfèvrerie Puiforcat a voulu apporter un nouvel éclairage sur ce talent de graphiste de Jean Puiforcat. Plus précisément sur les initiales qu’il dessinait aléatoirement à l’encre et à l’aquarelle dans les années 1920. Des duos de lettres facétieuses qui s’adonnent à des parties de cache-cache et à des pas de danse.
Ces ensembles de lettres, aux géométries hyper stylisées, à deux doigts de l’abstraction parfois, s’invitent aujourd’hui dans une collection de pièces de porcelaine intitulée Monogramme. Personnalisable, elle invite à créer ses propres décors de caractère en piochant parmi les trois couleurs de la maison et les 676 dessins conservés dans les archives. Variété des pièces, motifs d’initiales en abondance, couleurs et décors combinables à loisir : la collection Monogrammes joue la carte de la singularité.
Hermès joue aussi avec son initial. Durant la Milan Design Week 2021, la maison française dévoile son grand H dans une série de centres de table aux textures étonnantes qui révèlent subtilement l’initiale écrite en capital.
Les carreaux sont les nouveaux supports de ce vocabulaire symbolique. L’année dernière, la créatrice Margherita Rui dévoilait pour Ninefifty une série de carreaux peints à la main à l’expression synthétique et figurative, comme un nouvel alphabet façonné pour écrire de nouvelles histoires.
Un langage que l’on retrouve sur l’ « alphabet en carreaux de ciment » tout juste dessiné par l’artiste parisienne Coralie Prévert pour la Maison Bahya. Deux abécédaires d’un nouveau genre.
Plutôt que d’apposer des lettres sur ses créations, Magda Jurek (studio Pani Jurek), elle, fait des lettres avec ses créations. Sa collection emblématique TRN est un hommage à l’art calligraphique du peintre polonais Jan Tarasin.
Elle incarne matériellement ses idéogrammes et symboles picturaux à travers des tables d’appoints, des miroirs et des suspensions graphiques et colorés. Une sorte d’alphabet en trois dimensions composé de lettres inconnues, flottant et dialoguant entre elles pour suggérer une suite de mots énigmatique.
Le designer Jean-Baptiste Sibertin-Blanc présente jusqu’au 9 janvier 2022 au Musverre une exposition qui conjugue design, art, architecture et écriture. Intitulée « Lettres de verre – Une éclipse de l’objet », elle fait l’éloge d’un médium : le verre, et traite de manière poétique la problématique de l’illettrisme.
En filigrane, les créations sculptées du designer illustrent à la lettre les quatre techniques de travail de son matériau prédilection : le soufflage, le bombage, le verre à la flamme et la pâte de verre. Des créations, lumineuses et fragiles mais fortes de sens.
Côté mode, les initiales et lettres restent des marqueurs d’opulence et de puissance. Le labyrinthe de Balmain, le double G de Gucci, le LV ou la fleur de Louis Vuitton, la lune de Marine Serre… Les grandes maisons de luxe surjouent le monogramme à coups de sigles évidents apposés avec excès dans les dernières collections.
Dans le prolongement de cette tendance, les abécédaires reviennent tout naturellement sur le devant de la scène créative. Stella McCartney a imaginé le sien avec vingt-six artistes. Chaque lettre reprend une valeur chère à la marque et présente une tenue de la collection Ressort 201 qui incarne le mot choisi. Puiforcat, s’est aussi prêté à l’exercice en s’appuyant sur les lettres évidemment dessinées par Jean Puiforcat.
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Ed Ruscha
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Fendi
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Amelie Pichard
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Kenzo
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Yaitte
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